Six communes ont été retenues. Elles devraient être 17 à terme. Objectif : étudier la propagation des ondes.
Peut-on réduire l'exposition aux ondes émises par les antennes-relais de téléphonie mobile sans nuire à la qualité du réseau? La réponse, très attendue, sera connue d'ici quelques mois. Après des mois de tâtonnements, l'expérimentation d'une baisse des émissions est en effet sur les rails. Ce mercredi, le comité opérationnel chargé de piloter ces travaux a précisé son calendrier: le test grandeur nature est prévu en mars prochain. «Il est temps de passer à l'action sur le terrain, souligne François Brottes, député (PS) et président de ce groupe qui réunit associations de riverains et opérateurs, sous l'égide du ministère de l'Écologie. L'objectif est de trouver un équilibre entre la nécessaire sobriété de puissance d'émission des antennes et la qualité du service proposé.»
Six communes, correspondant à des situations géographiques diverses, ont été retenues. Elles devraient être dix-sept à terme. «L'idée est d'étudier toutes les configurations de propagation des ondes», précise-t-on au ministère. Le quartier d'affaires de Courbevoie, qui abrite les sièges sociaux de grandes entreprises, mais aussi de nombreux logements, a été sélectionné en raison de sa très forte densité. Un centre-ville haussmannien -le XIVe arrondissement de Paris- et un quartier résidentiel moderne, à Grenoble, font aussi partie des sites pilotes. Dans le Puy-de-Dôme, Thiers représentera une ville pavillonnaire de 13.000 habitants au relief accidenté. Le village alsacien de Kruth, situé dans une vallée du massif des Vosges, et Grand-Champ serviront, enfin, de modèles pour le monde rural.
Dans un premier temps, chaque commune a procédé à un état des lieux de l'exposition réelle des habitants sur leurs lieux de vie et de travail, mais aussi dans la rue. Une modélisation par ordinateur a été complétée par des mesures réalisées sur place durant plusieurs jours. La couverture téléphonique proposée par chaque opérateur a aussi été étudiée.
Référence pour l'avenir
Tous les résultats seront présentés à la ministre de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, le 8 février. «Ils sont variables selon les configurations urbaines, mais on se rend compte que l'exposition est très faible pour une immense majorité de la population», indique un expert.
Pour les opérateurs, cette étude aura le mérite de mettre au point des données incontestables qui serviront de référence à l'avenir. Selon François Brottes, l'étude française est d'ailleurs «regardée de près par d'autres pays européens».
Si le calendrier est tenu, l'expérimentation proprement dite pourra alors débuter. «Nous verrons, antenne par antenne, quel est l'impact d'une baisse des émissions sur la couverture téléphonique, SMS et Internet», note-t-on au ministère, précisant que plusieurs niveaux d'exposition, entre 0,1 et 41 volts par mètre (V/m), seront testés. Un décret, actuellement en préparation, dégagera les opérateurs de toute responsabilité pendant la durée de l'expérience (entre 1 et 3 jours selon les villes).
Parallèlement, une reconfiguration du réseau pour compenser la diminution des émissions sera testée par ordinateur: installation de micro-antennes, changement d'orientation ou regroupement d'antennes… «Cela permettra de confirmer que des solutions techniques existent, même si leur coût financier s'avère très élevé pour les opérateurs», assure Étienne Cendrier, de l'association Priartem. Du côté des opérateurs, on souligne que «la pertinence de ces remèdes sera probablement réévaluée». «La multiplication des micro-antennes, installées sur les façades d'immeubles, donc plus proches des gens, n'est pas forcément meilleure en termes d'exposition», pointe l'un d'eux.
Les maires, eux, espèrent que l'étude permettra de dégager un consensus social et de désamorcer les craintes. Certains espèrent même, à l'instar de Michel Chambers, adjoint au maire de Courbevoie, que l'expérimentation «aboutira à une diminution du seuil fixé par la loi».
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NB Robin des Toits : Etienne Cendrier est porte-parole de Robin des Toits et non de Priartèm