Le Grenelle des ondes, qui reprend, vendredi 16 octobre, le fil de ses débats interrompus en mai, dispose désormais d'un ordre du jour fourni : mettre en musique les recommandations du rapport de l'Agence française de sécurité sanitaire, de l'environnement et du travail (Afsset). Présenté jeudi, ce rapport attendu n'a, d'une certaine manière, déçu personne : il réussit le tour de force de préconiser une "réduction de l'exposition" aux ondes tout en concluant qu'"une majorité d'études n'indique pas d'effet à court terme ni à long terme de l'exposition aux radiofréquences". Des deux termes de la présentation, les opérateurs de téléphonie mobile ont retenu le second, tandis que les associations environnementales ont surtout entendu le premier.
Mi-chèvre mi-chou, ce rapport dessine tout de même les contours d'un principe de précaution qui ne dit pas encore son nom. "En fait, 50 % des études estiment que les ondes n'ont pas d'effets sur la santé et 50 % concluent à leur nocivité. Mais les experts de l'Afsset qui les ont passées au crible n'ont validé que 11 % de ces dernières", explique Jeanine Le Calvez, présidente de Priartem, association qui a occupé un poste d'observateur lors des travaux de l'Afsset. Pour l'association, ce rapport constitue "une avancée significative qui va obliger le gouvernement à agir".
France nature environnement (FNE) en fait la même lecture. "Nous sommes vraiment à un tournant. Pour la première fois en France, nous avons un avis qui prouve qu'il existe des études sérieuses qui donnent des signaux d'alerte", souligne José Cambou, en charge du dossier à FNE.
"La science, ce n'est jamais au poids", a concédé le directeur général de l'Afsset, Martin Guespereau, pour qui ces études font apparaître de vrais "signaux". Comme le résume l'Association santé environnement France (ASET), qui rassemble quelque 2 500 médecins, ce rapport constitue un début et non une fin : "Il initie une vraie réflexion, en aucun cas il ne donne des conclusions", précise son secrétaire général, Patrice Halimi. De fait, une des recommandations majeures de l'Afsset est d'appeler à la réalisation d'autres études, plus détaillées.
Seul ou presque à jouer les trouble-fête, Robin des toits regrette l'avis de l'Afsset, qu'Etienne Cendrier, son président, juge "en retard sur les compagnies d'assurance, qui n'assurent plus les opérateurs de téléphonie mobile sur les risques sanitaires engendrés par les radiofréquences, car elles craignent des procès". Robin des toits n'accorde qu'un bon point à l'Afsset pour avoir reconnu l'existence de troubles liés à l'hyper-électro-sensibilité.
CARTOGRAPHIE DES ONDES
Pour tous, le débat public sur les ondes va maintenant pouvoir débuter. Tant concernant la téléphonie mobile que sur les antennes-relais, la feuille de route fixée par l'Afsset reprend plusieurs mesures déjà envisagées par le Grenelle des ondes au printemps.
Sur la téléphonie mobile, à l'origine des niveaux d'exposition les plus élevés, l'agence suggère l'utilisation de téléphones à faible débit d'absorption spécifique (DAS, qui mesure le niveau de radiofréquences émis) et une meilleure information du public. Celle-ci passe, selon l'Afsset, par "la généralisation de la mise à disposition des utilisateurs des indicateurs d'exposition maximale pour tous les équipements personnels utilisant la technologie des radiofréquences", les portables en premier lieu.
Sur les antennes-relais, "considérant que la question de l'existence de troubles ressentis à proximité des antennes de stations de base de téléphonie mobile reste ouverte", l'Afsset demande un "plan de surveillance", une cartographie des zones présentant les intensités les plus fortes (où se croisent des faisceaux d'ondes), une réduction des niveaux d'exposition dans ces zones, ainsi que la mutualisation des émetteurs entre les opérateurs.
Voilà qui donne une légitimité encore plus grande au comité opérationnel, lancé dans la foulée du Grenelle et présidé par le député socialiste François Brottes, chargé d'organiser une expérimentation portant à la fois sur une baisse du niveau d'émissions et les modalités de concertation entre les élus, les associations et les opérateurs. D'ores et déjà, plus de cent cinquante villes sont candidates, alors que le comité n'en retiendra que vingt.
Avec autant de dossiers sur la table, le Grenelle des ondes – dont l'ambition reste, selon Jean-François Girard, son président, de "surmonter l'opposition entre les scientifiques et les citoyens" – s'installe durablement dans le paysage français.
Brigitte Perucca
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Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/10/16/le-grenelle-des-ondes-va-s-attacher-a-reduire-le-niveau-de-l-exposition-aux-radiofrequences_1254659_3244.html
Mi-chèvre mi-chou, ce rapport dessine tout de même les contours d'un principe de précaution qui ne dit pas encore son nom. "En fait, 50 % des études estiment que les ondes n'ont pas d'effets sur la santé et 50 % concluent à leur nocivité. Mais les experts de l'Afsset qui les ont passées au crible n'ont validé que 11 % de ces dernières", explique Jeanine Le Calvez, présidente de Priartem, association qui a occupé un poste d'observateur lors des travaux de l'Afsset. Pour l'association, ce rapport constitue "une avancée significative qui va obliger le gouvernement à agir".
France nature environnement (FNE) en fait la même lecture. "Nous sommes vraiment à un tournant. Pour la première fois en France, nous avons un avis qui prouve qu'il existe des études sérieuses qui donnent des signaux d'alerte", souligne José Cambou, en charge du dossier à FNE.
"La science, ce n'est jamais au poids", a concédé le directeur général de l'Afsset, Martin Guespereau, pour qui ces études font apparaître de vrais "signaux". Comme le résume l'Association santé environnement France (ASET), qui rassemble quelque 2 500 médecins, ce rapport constitue un début et non une fin : "Il initie une vraie réflexion, en aucun cas il ne donne des conclusions", précise son secrétaire général, Patrice Halimi. De fait, une des recommandations majeures de l'Afsset est d'appeler à la réalisation d'autres études, plus détaillées.
Seul ou presque à jouer les trouble-fête, Robin des toits regrette l'avis de l'Afsset, qu'Etienne Cendrier, son président, juge "en retard sur les compagnies d'assurance, qui n'assurent plus les opérateurs de téléphonie mobile sur les risques sanitaires engendrés par les radiofréquences, car elles craignent des procès". Robin des toits n'accorde qu'un bon point à l'Afsset pour avoir reconnu l'existence de troubles liés à l'hyper-électro-sensibilité.
CARTOGRAPHIE DES ONDES
Pour tous, le débat public sur les ondes va maintenant pouvoir débuter. Tant concernant la téléphonie mobile que sur les antennes-relais, la feuille de route fixée par l'Afsset reprend plusieurs mesures déjà envisagées par le Grenelle des ondes au printemps.
Sur la téléphonie mobile, à l'origine des niveaux d'exposition les plus élevés, l'agence suggère l'utilisation de téléphones à faible débit d'absorption spécifique (DAS, qui mesure le niveau de radiofréquences émis) et une meilleure information du public. Celle-ci passe, selon l'Afsset, par "la généralisation de la mise à disposition des utilisateurs des indicateurs d'exposition maximale pour tous les équipements personnels utilisant la technologie des radiofréquences", les portables en premier lieu.
Sur les antennes-relais, "considérant que la question de l'existence de troubles ressentis à proximité des antennes de stations de base de téléphonie mobile reste ouverte", l'Afsset demande un "plan de surveillance", une cartographie des zones présentant les intensités les plus fortes (où se croisent des faisceaux d'ondes), une réduction des niveaux d'exposition dans ces zones, ainsi que la mutualisation des émetteurs entre les opérateurs.
Voilà qui donne une légitimité encore plus grande au comité opérationnel, lancé dans la foulée du Grenelle et présidé par le député socialiste François Brottes, chargé d'organiser une expérimentation portant à la fois sur une baisse du niveau d'émissions et les modalités de concertation entre les élus, les associations et les opérateurs. D'ores et déjà, plus de cent cinquante villes sont candidates, alors que le comité n'en retiendra que vingt.
Avec autant de dossiers sur la table, le Grenelle des ondes – dont l'ambition reste, selon Jean-François Girard, son président, de "surmonter l'opposition entre les scientifiques et les citoyens" – s'installe durablement dans le paysage français.
Brigitte Perucca
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Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/10/16/le-grenelle-des-ondes-va-s-attacher-a-reduire-le-niveau-de-l-exposition-aux-radiofrequences_1254659_3244.html