Ce document de 103 pages, rendu public le 16 avril, n'apporte que très peu d'informations neuves, et conclut une nouvelle fois qu'il n'y a pas de danger avéré, «en l'état actuel des connaissances», à utiliser un téléphone portable ou à se trouver dans le périmètre d'une antenne relais.
Seule réelle nouveauté, il supprime la notion de "zones sensibles" qu'avait utilisée le directeur scientifique de l'Afsse, le docteur Denis Zmirou, dans le rapport 2001. Le chercheur proposait, dans un travail de référence écrit pour les pouvoirs publics (lire notre article à l'époque), que «les bâtiments sensibles (hôpitaux, crèches et écoles), situés à moins de 100 mètres d'une macrostation de base, ne soient pas atteints directement par le faisceau de l'antenne». Sur la base de ces dires, certains élus locaux ont voulu interdire l'implantation d'antennes relais. Mais aujourd'hui, le chercheur corrige le tir: «Il s'agissait d'éviter les situations pouvant être ressenties comme menaçantes»; la présence d'antennes visibles depuis les cours d'écoles étant susceptibles d'inspirer un sentiment de peur, non justifié sur le plan sanitaire.
L'indépendance des auteurs du rapport mise en cause
Pour le reste ce nouveau rapport n'est que redite du précédent. Ce qui n'a pas empêché sa publication de susciter une véritable polémique. Pour une autre raison. A l'origine, un article du quotidien Le Parisien paru le 17 avril, révèle qu'une partie des auteurs du rapport ont déjà été consultés dans le cadre d'un publi-reportage [publicité "déguisée" en article de presse, Ndlr] commandé par l'opérateur Orange et paru en décembre 2002 dans l'hebdomadaire Impact Médecine (groupe Bertelsmann Springer), publication à destination des professionnels de la médecine.
«C'est une première dans l'histoire des agences de santé françaises (Affsa, Afssaps, INVS) que des experts mandatés collaborent à une pub au moment de se voir confier une mission», écrit le quotidien.
«Je ne savais pas que c'était payé par Orange, je pense que je me suis fait piéger par Impact Médecine», a indiqué au journal Denis Zmirou, dont les dires ont servi au publi-reportage. Ce que dément Claudine du Fontenioux, directrice générale de la revue spécialisée: «Non, ils savaient qu'ils participaient à un document publicitaire et ont relu leur texte avant parution, c'est d'ailleurs Orange qui nous a conseillé de les interroger», explique-t-elle au Parisien.
À la fois juge et partie?
Contacté par ZDNet, l'Afsse n'a pas retourné nos appels. Chez Orange, on estime ne pas avoir à se défendre sur ce sujet. «Ni Orange, ni Impact Médecine n'ont donné un seul euro aux chercheurs», nous assure un porte-parole de l'opérateur. «Il s'agissait d'un partenariat entre nous et cette revue pour un seul numéro, et le publi-reportage était sans ambiguïté avec le logo d'Orange clairement visible en première page.»
Pour les associations Priartem (Pour une réglementation des implantations d'antennes relais de téléphonie mobile) et Agir pour l'environnement, ce mélange des genres est très pernicieux. «Tous ces rapports ont été réalisés par la même équipe d'experts qui ont toujours le même avis et travaillent de près ou de loin pour les opérateurs», déplore Etienne Cendrier, coordinateur de Priartem. «Or, ils ne peuvent être à la fois juge et partie».
Selon nos informations, la quasi-totalité des fonds investis dans ces "études scientifiques" sont d'origine privée, et les mécènes numéro un sont soit les opérateurs, soit les fabricants de téléphone. L'Afsse ne fait, par exemple, que recompiler les résultats d'études déjà publiés; résultats d'études en majorité sponsorisées par les industriels. Un mélange des genres qui frappe en général bon nombre de domaines de la recherche, comme l'agroalimentaire, où les industriels de la grande consommation s'entourent d'experts scientifiques reconnus pour juger de la dangerosité des aliments qu'ils utilisent.
Christophe Guillemin
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Source : http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,2133648,00.htm
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Lire également : 'Un bien curieux rapport officiel' - Le Parisien 17/04/2003
Seule réelle nouveauté, il supprime la notion de "zones sensibles" qu'avait utilisée le directeur scientifique de l'Afsse, le docteur Denis Zmirou, dans le rapport 2001. Le chercheur proposait, dans un travail de référence écrit pour les pouvoirs publics (lire notre article à l'époque), que «les bâtiments sensibles (hôpitaux, crèches et écoles), situés à moins de 100 mètres d'une macrostation de base, ne soient pas atteints directement par le faisceau de l'antenne». Sur la base de ces dires, certains élus locaux ont voulu interdire l'implantation d'antennes relais. Mais aujourd'hui, le chercheur corrige le tir: «Il s'agissait d'éviter les situations pouvant être ressenties comme menaçantes»; la présence d'antennes visibles depuis les cours d'écoles étant susceptibles d'inspirer un sentiment de peur, non justifié sur le plan sanitaire.
L'indépendance des auteurs du rapport mise en cause
Pour le reste ce nouveau rapport n'est que redite du précédent. Ce qui n'a pas empêché sa publication de susciter une véritable polémique. Pour une autre raison. A l'origine, un article du quotidien Le Parisien paru le 17 avril, révèle qu'une partie des auteurs du rapport ont déjà été consultés dans le cadre d'un publi-reportage [publicité "déguisée" en article de presse, Ndlr] commandé par l'opérateur Orange et paru en décembre 2002 dans l'hebdomadaire Impact Médecine (groupe Bertelsmann Springer), publication à destination des professionnels de la médecine.
«C'est une première dans l'histoire des agences de santé françaises (Affsa, Afssaps, INVS) que des experts mandatés collaborent à une pub au moment de se voir confier une mission», écrit le quotidien.
«Je ne savais pas que c'était payé par Orange, je pense que je me suis fait piéger par Impact Médecine», a indiqué au journal Denis Zmirou, dont les dires ont servi au publi-reportage. Ce que dément Claudine du Fontenioux, directrice générale de la revue spécialisée: «Non, ils savaient qu'ils participaient à un document publicitaire et ont relu leur texte avant parution, c'est d'ailleurs Orange qui nous a conseillé de les interroger», explique-t-elle au Parisien.
À la fois juge et partie?
Contacté par ZDNet, l'Afsse n'a pas retourné nos appels. Chez Orange, on estime ne pas avoir à se défendre sur ce sujet. «Ni Orange, ni Impact Médecine n'ont donné un seul euro aux chercheurs», nous assure un porte-parole de l'opérateur. «Il s'agissait d'un partenariat entre nous et cette revue pour un seul numéro, et le publi-reportage était sans ambiguïté avec le logo d'Orange clairement visible en première page.»
Pour les associations Priartem (Pour une réglementation des implantations d'antennes relais de téléphonie mobile) et Agir pour l'environnement, ce mélange des genres est très pernicieux. «Tous ces rapports ont été réalisés par la même équipe d'experts qui ont toujours le même avis et travaillent de près ou de loin pour les opérateurs», déplore Etienne Cendrier, coordinateur de Priartem. «Or, ils ne peuvent être à la fois juge et partie».
Selon nos informations, la quasi-totalité des fonds investis dans ces "études scientifiques" sont d'origine privée, et les mécènes numéro un sont soit les opérateurs, soit les fabricants de téléphone. L'Afsse ne fait, par exemple, que recompiler les résultats d'études déjà publiés; résultats d'études en majorité sponsorisées par les industriels. Un mélange des genres qui frappe en général bon nombre de domaines de la recherche, comme l'agroalimentaire, où les industriels de la grande consommation s'entourent d'experts scientifiques reconnus pour juger de la dangerosité des aliments qu'ils utilisent.
Christophe Guillemin
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Source : http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,2133648,00.htm
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Lire également : 'Un bien curieux rapport officiel' - Le Parisien 17/04/2003