12 juillet 2001 une antenne de transmission et de relai de téléphone mobile et portable fixée sur le toit d'un immeuble à Paris. /AFP PHOTO JACK GUEZ
Les associations espèrent que cette décision permettra la reconnaissance de ces troubles qui ne sont toujours pas considérés comme une maladie en France
C’est de chez elle, via un téléphone fixe, que Marine Richard raconte son histoire. « Pour installer ma ligne, il a fallu creuser dans la montagne », confie cette femme de 40 qui, depuis trois ans, vit en Ariège dans une bergerie totalement isolée.
« Sans électricité et coupée de la route », précise cet écrivain, ancienne réalisatrice de documentaires, qui pourrait bien devenir la figure de proue des « électrosensibles », ces personnes souffrent de problèmes de santé liés selon elles aux ondes électromagnétiques, émises notamment par le wi-fi et à la téléphonie sans fil.
Reconnaissance d’un handicap
En juillet, Marine Richard a obtenu la reconnaissance de son handicap par le tribunal du contentieux de l’incapacité de Toulouse. Cette instance a estimé que son « syndrome d’hypersensibilité aux ondes électroniques » lui donnait le droit à une allocation d’adulte handicapé (AHH) de 800 € par mois.
Une « première importante » pour Étienne Cendrier, porte-parole de l’association Robin des Toits, qui a rendu publique la décision du tribunal ce mardi. « On espère bien que cela permettra d’aboutir à la reconnaissance en France du syndrome d’electro-hypersensibilité », souligne-t-il.
« Des céphalées, des troubles cardiaques, digestifs et neurologiques »
Les problèmes de santé de Marine Richard ont débuté en 2010. « Lorsque j’ai installé le wi-fi chez moi à Marseille. Rapidement, j’ai été touchée par de gros problèmes de concentration qui ont cessé quand j’ai retiré le wi-fi, raconte-elle. Mais ensuite, j’ai développé des troubles liés au wi-fi de mes voisins ou à des antennes-relais proches de mon domicile. J’ai donc été obligée d’aller vivre ailleurs, dans des endroits sans ondes. Pendant plusieurs mois, j’ai vécu dans ma voiture, dans une roulotte ou dans des bois ».
Aujourd’hui, Marine Richard voit revenir ses symptômes dès qu’elle passe plusieurs heures « exposée à des champs électromagnétiques » en dehors de chez elle. « Je développe alors des céphalées souvent très intenses, des troubles cardiaques, digestifs et surtout neurologiques, avec des pertes de mémoire », détaille-t-elle.
Un premier échec en Ariège
En 2013, Marine Richard s’est adressée à la maison départementale du handicap (MDPH) de l’Ariège pour obtenir une allocation adulte handicapé. « Ces dernières années, plusieurs MDPH en France ont accordé cette allocation à des personnes électrosensibles », explique Manuel Hervouet, fondateur du Collectif des électrosensibles. L’an passé, la MDPH de l’Essonne a aussi octroyé une aide financière à un homme de 22 ans pour qu’il puisse protéger des ondes son logement.
En Ariège, Marine Richard s’est heurtée à un refus de la MDPH, ce qui l’a conduit à saisir le tribunal de Toulouse. Celui-ci a nommé un expert médical, qui a constaté l’existence d’un « syndrome d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques ». « La description des signes cliniques est irréfutable. La symptomatologie disparaît dès que les causes sont éliminées. Mais cette élimination impose un mode de vie qui ne permet pas la moindre suspicion de simulation. En milieu protégé, le handicap est en nul, en milieu hostile, il peut atteindre 100 % », souligne l’expert, cité dans le jugement.
Une première qui engendre de l’espoir
Les associations espèrent que cette décision incitera la médecine à reconnaître ces troubles. Pour l’instant, l’Organisation mondiale de la santé reste prudente. L’hypersensibilité électromagnétique (HSEM) « est caractérisée par divers symptômes non spécifiques qui diffèrent d’un individu à l’autre », estime-t-elle.
« Ces symptômes ont une réalité certaine et peuvent être de gravité très variable. Il n’existe ni critères diagnostiques clairs pour ce problème sanitaire, ni base scientifique permettant de relier les symptômes de la HSEM à une exposition » aux champs électromagnétiques, souligne l’instance internationale dans un avis de 2005. « En outre, la HSEM ne constitue pas un diagnostic médical », ajoute l’OMS.
En France, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement (Asnes) estimait en 2009 qu’« aucune preuve scientifique d’une relation de causalité entre l’exposition aux radiofréquences et l’hypersensibilité électromagnétique n’a [vait] pu être apportée jusqu’à présent ». Cette agence, où aucun expert ne pouvait être joint hier, doit rendre un nouveau rapport sur le sujet début 2016.
Pierre Bienvault
---
Source : http://www.la-croix.com/Actualite/France/Premiere-victoire-judiciaire-pour-les-electrosensibles-2015-08-26-1348645
C’est de chez elle, via un téléphone fixe, que Marine Richard raconte son histoire. « Pour installer ma ligne, il a fallu creuser dans la montagne », confie cette femme de 40 qui, depuis trois ans, vit en Ariège dans une bergerie totalement isolée.
« Sans électricité et coupée de la route », précise cet écrivain, ancienne réalisatrice de documentaires, qui pourrait bien devenir la figure de proue des « électrosensibles », ces personnes souffrent de problèmes de santé liés selon elles aux ondes électromagnétiques, émises notamment par le wi-fi et à la téléphonie sans fil.
Reconnaissance d’un handicap
En juillet, Marine Richard a obtenu la reconnaissance de son handicap par le tribunal du contentieux de l’incapacité de Toulouse. Cette instance a estimé que son « syndrome d’hypersensibilité aux ondes électroniques » lui donnait le droit à une allocation d’adulte handicapé (AHH) de 800 € par mois.
Une « première importante » pour Étienne Cendrier, porte-parole de l’association Robin des Toits, qui a rendu publique la décision du tribunal ce mardi. « On espère bien que cela permettra d’aboutir à la reconnaissance en France du syndrome d’electro-hypersensibilité », souligne-t-il.
« Des céphalées, des troubles cardiaques, digestifs et neurologiques »
Les problèmes de santé de Marine Richard ont débuté en 2010. « Lorsque j’ai installé le wi-fi chez moi à Marseille. Rapidement, j’ai été touchée par de gros problèmes de concentration qui ont cessé quand j’ai retiré le wi-fi, raconte-elle. Mais ensuite, j’ai développé des troubles liés au wi-fi de mes voisins ou à des antennes-relais proches de mon domicile. J’ai donc été obligée d’aller vivre ailleurs, dans des endroits sans ondes. Pendant plusieurs mois, j’ai vécu dans ma voiture, dans une roulotte ou dans des bois ».
Aujourd’hui, Marine Richard voit revenir ses symptômes dès qu’elle passe plusieurs heures « exposée à des champs électromagnétiques » en dehors de chez elle. « Je développe alors des céphalées souvent très intenses, des troubles cardiaques, digestifs et surtout neurologiques, avec des pertes de mémoire », détaille-t-elle.
Un premier échec en Ariège
En 2013, Marine Richard s’est adressée à la maison départementale du handicap (MDPH) de l’Ariège pour obtenir une allocation adulte handicapé. « Ces dernières années, plusieurs MDPH en France ont accordé cette allocation à des personnes électrosensibles », explique Manuel Hervouet, fondateur du Collectif des électrosensibles. L’an passé, la MDPH de l’Essonne a aussi octroyé une aide financière à un homme de 22 ans pour qu’il puisse protéger des ondes son logement.
En Ariège, Marine Richard s’est heurtée à un refus de la MDPH, ce qui l’a conduit à saisir le tribunal de Toulouse. Celui-ci a nommé un expert médical, qui a constaté l’existence d’un « syndrome d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques ». « La description des signes cliniques est irréfutable. La symptomatologie disparaît dès que les causes sont éliminées. Mais cette élimination impose un mode de vie qui ne permet pas la moindre suspicion de simulation. En milieu protégé, le handicap est en nul, en milieu hostile, il peut atteindre 100 % », souligne l’expert, cité dans le jugement.
Une première qui engendre de l’espoir
Les associations espèrent que cette décision incitera la médecine à reconnaître ces troubles. Pour l’instant, l’Organisation mondiale de la santé reste prudente. L’hypersensibilité électromagnétique (HSEM) « est caractérisée par divers symptômes non spécifiques qui diffèrent d’un individu à l’autre », estime-t-elle.
« Ces symptômes ont une réalité certaine et peuvent être de gravité très variable. Il n’existe ni critères diagnostiques clairs pour ce problème sanitaire, ni base scientifique permettant de relier les symptômes de la HSEM à une exposition » aux champs électromagnétiques, souligne l’instance internationale dans un avis de 2005. « En outre, la HSEM ne constitue pas un diagnostic médical », ajoute l’OMS.
En France, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement (Asnes) estimait en 2009 qu’« aucune preuve scientifique d’une relation de causalité entre l’exposition aux radiofréquences et l’hypersensibilité électromagnétique n’a [vait] pu être apportée jusqu’à présent ». Cette agence, où aucun expert ne pouvait être joint hier, doit rendre un nouveau rapport sur le sujet début 2016.
Pierre Bienvault
---
Source : http://www.la-croix.com/Actualite/France/Premiere-victoire-judiciaire-pour-les-electrosensibles-2015-08-26-1348645