Cette souffrance est-elle reconnue comme maladie professionnelle ?
À Évry, la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) a reconnu à un jeune homme habitant l’Essonne la qualification de maladie professionnelle au vu de son électro-hypersensibilité (EHS). Fait nouveau, qui est probablement une première en France, la MDPH a décidé d’« attribuer pour la première fois une aide matérielle », peut-on lire dans la revue Mag de L’Essonne.
Cette décision a été prise à partir de l’avis d’un expert médical. Jonathan, un homme de 32 ans, technicien chimiste, souffre de troubles digestifs, maux de tête, et perte de mémoire du fait des ondes radiofréquence (téléphonie mobile, système sans fil dit Wifi) et des ondes électriques (50 hertz). Il a dû s’installer dans une maison « électromagnétiquement isolée », loin de la ville, dans le sud de l’Essonne. Si la MDPH a reconnu cette maladie professionnelle, ce n’est toutefois pas le cas de son employeur contre qui Jonathan a engagé une procédure judiciaire.
Quels sont les moyens de protéger les personnes électro-hypersensibles ?
Dès qu’il sort de chez lui, le patient est obligé de porter des vêtements spéciaux, constitués d’un tissu ordinaire et d’un maillage de fil d’argent enrobé de polyuréthane, jouant en quelque sorte le rôle d’une cage de Faraday. Il lui reste à aménager son logis avec des papiers muraux anti-ondes et à s’équiper d’un lit à baldaquin d’environ 1 000 €.
En outre, ses appareils électriques domestiques devront être modifiés afin qu’aucune décharge électrique ne le touche.
Enfin, s’il utilise un ordinateur, ce dernier devra être équipé d’un logiciel de reconnaissance vocale, afin que Jonathan puisse s’en servir sans s’en approcher. Au total, la MDPH devrait prendre en charge 75 % du coût des installations de protection.
Qu’en est-il des études menées sur l’électro-hypersensibilité ?
Si cette décision rassure l’association Priartem (Pour une réglementation des implantations d’antennes relais de téléphonie mobile) et le Collectif des électrosensibles de France dont s’occupe Sophie Pelletier, elle-même en arrêt maladie et touchée par ce handicap, cette décision peut tout de même surprendre alors qu’au moins deux études épidémiologiques sur l’électro-hypersensibilité sont en cours en France.
L’une, lancée en 2012 et coordonnée par le neurologue Jean-Pierre Marc-Vergnes (Inserm-Université de Toulouse), doit étudier le fonctionnement sensitif de volontaires au moyen d’IRM et devrait présenter ses résultats à l’été 2014. L’autre, également menée depuis 2012, pilotée par Dominique Choudat (CHU Cochin), doit précisément caractériser les troubles liés à l’EHS et faire part de ses observations en 2015.
DENIS SERGENT
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Source : http://www.la-croix.com/Ethique/Medecine/Pour-la-premiere-fois-un-departement-prend-en-charge-un-electro-hypersensible-2014-04-14-1136157