Ça sent la peinture dans le nouveau trois pièces d’Evelyne Rouquié, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. La chargée de recherche en arts plastiques badigeonne murs et plafonds. Première couche : du noir. Un film d’anthracite, rempart contre les ondes wi-fi et antennes voisines qui lui rendent la vie impossible. Electrosensible, la quinqua se prépare une coquille hermétique aux ondes qui picotent et brûlent ses mains et ses bras. Elle enduit murs, plafonds et sol d’une couche isolante de graphite, qu’elle recouvrira de blanc, avant de tendre aux fenêtres des rideaux en coton, cuivre et fil d’argent.
«Vertiges». Elle a découvert son handicap en août 2007, après un mois de vacances. «Au retour, j’ai ressenti des vertiges, des vibrations, de la fatigue, je ne pouvais plus dormir», se souvient la néo-électrosensible. Les médecins ne comprennent pas et diagnostiquent une dépression. M al dans son appartement, elle part vivre chez des amis. Jusqu’à ce qu’elle apprenne que six antennes UMTS ont été installées en face de chez elle pendant son absence. Evelyne Rouquié fait le lien et vend l’appartement. Dans la foulée, elle troque sa carte du parti socialiste («Delanoë installe du wi-fi dans les parcs sans penser aux enfants») et devient la responsable de la communication des Verts dans le XVIIIe.
Hier, Etienne Cendrier, porte-parole des Robin des toits, et André Bonnin, responsable du réseau Electro hypersensibilité, sont venus faire l’état des lieux à la nouvelle adresse d’Evelyne Rouquié. Elle les accueille en tenue de travail, casquette gavroche isolante doublée de feuilles d’argent enfoncée sur le crâne. «Tu sens comme ça bombarde ?», demande-t-elle, dans un bric-à-brac de pinceaux et pots de peinture, à André Bonnin. Electosensible lui aussi, celui-ci n’a pas besoin de son attirail pour percevoir les ondes. Il sent le «hot spot», point de concentration de champs électromagnétiques . «Sûrement un téléphone sans fil ou un réseau wi-fi en dessous, puisque le sol n’est pas encore isolé», estime le musicien de profession. Vérification : il dégaine sa sonde isotropique, boîtier flanqué d’une sorte de micro en mousse jaune, pour mesurer le niveau général des ondes. Puis son analyseur de spectre, longue flèche bleue qui lui permet d’affiner le diagnostic. Verdict : 1,5 volt par mètre maximum dans l’appartement. L’Etat en autorise 40. Les hypersensibles sont gênés à partir de 0,2 volt par mètre.
Baldaquin. Les chiffres explosent quand l’appareil vise l’immeuble d’en face. Derrière l’échafaudage sur lequel travaillent une dizaine d’ouvriers, on aperçoit l’antenne UMTS. «Ils ramassent des quantités d’ondes colossales, mais ils ne savent pas, commente Etienne Cendrier. Et même s’ils savaient, ils ne pourraient pas s’offrir une protection adéquate.» Une veste protectrice se vend 100 euros. Evelyne Rouquié a déboursé près de 1 500 euros pour recouvrir ses murs d’anthracite et payera ses rideaux 30 euros le mètre carré. Si cela ne suffit pas, elle s’offrira un baldaquin pour abriter son lit. A 1 000 euros la moustiquaire, ça faire cher la déco romantique. Le prix du sommeil.
LUCIE LAUTRÉDOU
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Source : http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement1/333534.FR.php
«Vertiges». Elle a découvert son handicap en août 2007, après un mois de vacances. «Au retour, j’ai ressenti des vertiges, des vibrations, de la fatigue, je ne pouvais plus dormir», se souvient la néo-électrosensible. Les médecins ne comprennent pas et diagnostiquent une dépression. M al dans son appartement, elle part vivre chez des amis. Jusqu’à ce qu’elle apprenne que six antennes UMTS ont été installées en face de chez elle pendant son absence. Evelyne Rouquié fait le lien et vend l’appartement. Dans la foulée, elle troque sa carte du parti socialiste («Delanoë installe du wi-fi dans les parcs sans penser aux enfants») et devient la responsable de la communication des Verts dans le XVIIIe.
Hier, Etienne Cendrier, porte-parole des Robin des toits, et André Bonnin, responsable du réseau Electro hypersensibilité, sont venus faire l’état des lieux à la nouvelle adresse d’Evelyne Rouquié. Elle les accueille en tenue de travail, casquette gavroche isolante doublée de feuilles d’argent enfoncée sur le crâne. «Tu sens comme ça bombarde ?», demande-t-elle, dans un bric-à-brac de pinceaux et pots de peinture, à André Bonnin. Electosensible lui aussi, celui-ci n’a pas besoin de son attirail pour percevoir les ondes. Il sent le «hot spot», point de concentration de champs électromagnétiques . «Sûrement un téléphone sans fil ou un réseau wi-fi en dessous, puisque le sol n’est pas encore isolé», estime le musicien de profession. Vérification : il dégaine sa sonde isotropique, boîtier flanqué d’une sorte de micro en mousse jaune, pour mesurer le niveau général des ondes. Puis son analyseur de spectre, longue flèche bleue qui lui permet d’affiner le diagnostic. Verdict : 1,5 volt par mètre maximum dans l’appartement. L’Etat en autorise 40. Les hypersensibles sont gênés à partir de 0,2 volt par mètre.
Baldaquin. Les chiffres explosent quand l’appareil vise l’immeuble d’en face. Derrière l’échafaudage sur lequel travaillent une dizaine d’ouvriers, on aperçoit l’antenne UMTS. «Ils ramassent des quantités d’ondes colossales, mais ils ne savent pas, commente Etienne Cendrier. Et même s’ils savaient, ils ne pourraient pas s’offrir une protection adéquate.» Une veste protectrice se vend 100 euros. Evelyne Rouquié a déboursé près de 1 500 euros pour recouvrir ses murs d’anthracite et payera ses rideaux 30 euros le mètre carré. Si cela ne suffit pas, elle s’offrira un baldaquin pour abriter son lit. A 1 000 euros la moustiquaire, ça faire cher la déco romantique. Le prix du sommeil.
LUCIE LAUTRÉDOU
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Source : http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement1/333534.FR.php