Sont-elles dangereuses pour la santé, ces ondes électromagnétiques qui véhiculent nos textos, alimentent nos pages web et les conversations qui rythment désormais nos vies depuis que le téléphone portable est devenu un outil aussi répandu que la voiture ? C'est le cas, à en croire l'association Robin des Toits (http://www.robindestoits.org). Et la polémique rebondit régulièrement. Une chose est sûre. Les antennes-relais, mot-valise aussi moche que l'objet qu'il désigne, ont de beaux jours devant elles.
Pas de refus au nom du principe de précaution.
Installées au sommet des châteaux d'eau, des immeubles d'habitations, des bâtiments publics, etc., ces antennes voient leur nombre croître avec l'apparition de téléphones de nouvelles générations d'une part et de nouveaux opérateurs, Free mobile étant le dernier en date. La dernière antenne-relais en voie d'installation, visible de la rue (certaines antennes sont invisibles comme celle installée au Cadran) est située rue Jean-Bouin, en bordure du stade de football. Une de plus. Qui s'ajoute à la trentaine existantes, sachant que d'autres sont en attente de leur autorisation d'installation. Une de trop ? Le Conseil d'Etat a tranché : les communes ne peuvent pas interdire l'installation d'antennes-relais de téléphonie mobile au nom du principe de précaution, ce pouvoir étant réservé à l'Etat via l'ANFR notamment (lire ci-contre). Ce qui n'empêche pas, comme cela a été fait à Evreux, qu'une commune signe avec les opérateurs de téléphonie une sorte de « charte des bonnes pratiques », voire de mettre en place une commission de concertation communale sur la téléphonie mobile. La charte signée à Evreux en octobre dernier porte sur quatre points clés concernant le déploiement d'antennes-relais : instaurer un dialogue entre le maire et les opérateurs ; informer les populations concernées ; évaluer les niveaux de champs électromagnétiques ; favoriser l'intégration paysagère des antennes-relais. Sur le site Internet de l'Agence nationale des fréquences (ANFR), il est possible de localiser les antennes-relais, ville par ville et rue par rue.
ANFR ?
L'Agence nationale des fréquences (ANFR) est un organisme d'Etat dont la mission est d'assurer la planification, la gestion et le contrôle de l'utilisation, y compris privative, des fréquences radioélectriques. Elle coordonne l'implantation sur le territoire des stations radioélectriques afin d'assurer la meilleure utilisation des sites disponibles et veille au respect des valeurs limites d'exposition du public aux champs électro-magnétiques. Ainsi les implantations ne sont prises qu'avec son accord, après passage en Commission consultative des sites et servitudes.
Antennes. "On finit par ne plus faire attention"
« Je n'avais jamais fait attention à cette antenne », explique Juliette, 33 ans, salariée entre 2008 et 2010 d'une association culturelle qui loge tour Valais, quartier de La Madeleine. Une tour qui supporte une antenne-relais. « C'est vrai qu'entre les antennes en tous genres et les paraboles, on finit par ne plus y faire attention… »
La jeune femme connaît des problèmes de santé depuis 2009. « Des maux de têtes justement et une IRM a révélé un angiome au cerveau. J'attends mon rendez-vous chez le neurologue. Mais je ne peux pas dire qu'il y a un lien entre ces problèmes de santé et la proximité de l'antenne où j'ai travaillé. Ceci dit, je reste persuadée que nous sommes pollués parce que saturés par toutes ces ondes que véhiculent les portables et les ordinateurs. Et malheureusement, il n'y a pas grand-chose à faire. Des antennes, il y en a partout. Mais on peut agir, ne serait-ce qu'en évitant de trop utiliser le téléphone portable par exemple. »
« Il faut rester vigilant »
« Vous me l'apprenez, je ne savais pas qu'il y avait une antenne relais dans ma rue ! explique Lydie, jeune retraite domiciliée boulevard du Jardin-L'Evêque en centre-ville d'Evreux. Mon mari et moi ne ressentons rien de spécial, aucun symptôme... Et je n'ai jamais entendu nos voisins en parler. Mais il faut rester vigilant quand on habite à côté et s'interroger sur les risques éventuels pour la santé. »
Rue de la Solidarité, dans le quartier des Dominicaines, Huguette et Claude habitent près d'un château d'eau situé dans la même rue, à environ 100 m de chez eux : « Il y a des années que les antennes sont là-haut. Quand elles ont été installées, on ne nous a pas demandé notre autorisation ! »
Le couple de retraités ne déclare souffrir d'aucun mal : « Et je n'entends pas les voisins s'en plaindre. » Toutefois, Huguette aimerait bien en savoir plus sur ces antennes : « Comment elles sont installées, quelle puissance elles ont, des choses comme ça... ».
R. M.
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Source : http://www.paris-normandie.fr/article/evreux/evreux-enquete-sur-le-double-effet-des-antennes-relais