Une antenne-relais de téléphonie mobile. | Elsie esq./Flickr
Chaque été, l’association Une terre pour les électrohypersensibles (EHS) organise un rassemblement international – il aura lieu cette année du 25 août au 1er septembre dans les gorges du Riou-Froid (Hautes-Alpes) – qui, à lui seul, témoigne de la détresse des personnes allergiques aux ondes électromagnétiques. La liste de leurs symptômes est longue : maux de tête, douleurs articulaires et musculaires, insomnies, acouphènes, troubles de la vision, perte de mémoire, nausées, dépression…
Pourtant, cette souffrance est encore mal comprise et très peu prise en charge. Car la médecine, désemparée par ce tableau clinique protéiforme, rechigne à l’imputer aux radiofréquences générées par les technologies sans fil, téléphones mobiles, réseaux Wi-Fi et autres antennes-relais.
L’Organisation mondiale de la santé – qui, en 2011, a classé les champs électromagnétiques comme « cancérigènes possibles » – a certes reconnu, dès 2005, que ces symptômes « ont une réalité certaine et peuvent être de gravité très variable ». Mais, ajoutait-elle, « il n’existe ni critères diagnostiques clairs pour ce problème sanitaire ni base scientifique permettant de relier les symptômes à une exposition aux champs électromagnétiques ».
« PAS DE PREUVE EXPÉRIMENTALE ET REPRODUCTIBLE »
En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a rendu des conclusions similaires. En octobre 2013, elle notait : « Aucun auteur [scientifique] n’a contesté la réalité du vécu des personnes qui attribuent leurs problèmes de santé à une exposition aux radiofréquences. Toutefois, il n’y a pas, à ce jour, de preuve expérimentale et reproductible d’un lien de causalité. »
L’Anses n’en prend pas moins le sujet suffisamment au sérieux pour lui consacrer un rapport spécifique, attendu pour le premier semestre 2015. Au reste, elle « recommande de limiter les expositions de la population aux radiofréquences – en particulier des téléphones mobiles –, notamment pour les enfants et les utilisateurs intensifs ».
Le Conseil de l’Europe, dans une résolution de 2011, a lui-même préconisé de « porter une attention particulière aux personnes atteintes du syndrome d’intolérance aux champs électromagnétiques et de prendre des mesures spéciales pour les protéger, en créant par exemple des “zones blanches” non couvertes par les réseaux sans fil ».
« HANDICAP SÉVÈRE »
Combien sont-ils, ceux dont les radiofréquences font de la vie un enfer quotidien ? Des études datant du début des années 2000 font état de 5 % de la population en Suisse, 1,5 % en Suède, 4 % en Grande-Bretagne, 3,5 % en Autriche… La France se situerait dans cette fourchette, selon les associations « anti-ondes », qui avancent le pourcentage de 3 %, mais aucune évaluation officielle n’a été réalisée. Cela fait, de toute façon, beaucoup de monde. Or l’électrohypersensibilité est reconnue comme un handicap en Suède, de même que dans plusieurs Etats américains (Colorado, Connecticut, Floride). Elle est traitée en tant que maladie en Angleterre ou en Allemagne.
Mais en France les associations réclament toujours qu’elle soit considérée « comme handicap sévère », avec « une prise en charge médicale adaptée, des aides financières pour se loger et acheter des moyens de protection, ainsi qu’une prise en charge totale des frais médicaux et paramédicaux ». Elles souhaitent aussi « que chaque département aménage au moins une zone protégée ».
Fin mai, le ministère de la santé a adressé, à ses agences régionales, une note les sensibilisant à ce problème, que ce soit pour la délivrance de certificats médicaux – laissés à l’appréciation des médecins – ou en cas d’hospitalisation. Un premier pas vers une prise en compte d’un mal mystérieux mais bien réel.
Pierre Le Hir
---
Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/08/12/electrosensibilite-une-souffrance-en-mal-de-reconnaissance_4470381_3244.html
Pourtant, cette souffrance est encore mal comprise et très peu prise en charge. Car la médecine, désemparée par ce tableau clinique protéiforme, rechigne à l’imputer aux radiofréquences générées par les technologies sans fil, téléphones mobiles, réseaux Wi-Fi et autres antennes-relais.
L’Organisation mondiale de la santé – qui, en 2011, a classé les champs électromagnétiques comme « cancérigènes possibles » – a certes reconnu, dès 2005, que ces symptômes « ont une réalité certaine et peuvent être de gravité très variable ». Mais, ajoutait-elle, « il n’existe ni critères diagnostiques clairs pour ce problème sanitaire ni base scientifique permettant de relier les symptômes à une exposition aux champs électromagnétiques ».
« PAS DE PREUVE EXPÉRIMENTALE ET REPRODUCTIBLE »
En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a rendu des conclusions similaires. En octobre 2013, elle notait : « Aucun auteur [scientifique] n’a contesté la réalité du vécu des personnes qui attribuent leurs problèmes de santé à une exposition aux radiofréquences. Toutefois, il n’y a pas, à ce jour, de preuve expérimentale et reproductible d’un lien de causalité. »
L’Anses n’en prend pas moins le sujet suffisamment au sérieux pour lui consacrer un rapport spécifique, attendu pour le premier semestre 2015. Au reste, elle « recommande de limiter les expositions de la population aux radiofréquences – en particulier des téléphones mobiles –, notamment pour les enfants et les utilisateurs intensifs ».
Le Conseil de l’Europe, dans une résolution de 2011, a lui-même préconisé de « porter une attention particulière aux personnes atteintes du syndrome d’intolérance aux champs électromagnétiques et de prendre des mesures spéciales pour les protéger, en créant par exemple des “zones blanches” non couvertes par les réseaux sans fil ».
« HANDICAP SÉVÈRE »
Combien sont-ils, ceux dont les radiofréquences font de la vie un enfer quotidien ? Des études datant du début des années 2000 font état de 5 % de la population en Suisse, 1,5 % en Suède, 4 % en Grande-Bretagne, 3,5 % en Autriche… La France se situerait dans cette fourchette, selon les associations « anti-ondes », qui avancent le pourcentage de 3 %, mais aucune évaluation officielle n’a été réalisée. Cela fait, de toute façon, beaucoup de monde. Or l’électrohypersensibilité est reconnue comme un handicap en Suède, de même que dans plusieurs Etats américains (Colorado, Connecticut, Floride). Elle est traitée en tant que maladie en Angleterre ou en Allemagne.
Mais en France les associations réclament toujours qu’elle soit considérée « comme handicap sévère », avec « une prise en charge médicale adaptée, des aides financières pour se loger et acheter des moyens de protection, ainsi qu’une prise en charge totale des frais médicaux et paramédicaux ». Elles souhaitent aussi « que chaque département aménage au moins une zone protégée ».
Fin mai, le ministère de la santé a adressé, à ses agences régionales, une note les sensibilisant à ce problème, que ce soit pour la délivrance de certificats médicaux – laissés à l’appréciation des médecins – ou en cas d’hospitalisation. Un premier pas vers une prise en compte d’un mal mystérieux mais bien réel.
Pierre Le Hir
---
Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/08/12/electrosensibilite-une-souffrance-en-mal-de-reconnaissance_4470381_3244.html