Plusieurs sondages indiquent ainsi que près de deux tiers des Français rejettent le compteur Linky. En parallèle, les recours devant les tribunaux se multiplient. Rien que sur ces trois dernières semaines, pas moins de trois juridictions (Tours, Nanterre et Grenoble) se sont penchées sur des demandes de référés déposées par des opposants au petit boîtier vert, arguant que celui-ci renvoyait des ondes nocives pour la santé.
Pour l’instant, les juges n’ont pas réellement tranché et la plupart des décisions ont été prises en référé. À Tours, le tribunal a donné raison à treize plaignants. Reconnus comme électrohypersensibles (EHS), certificat médical à l’appui, ils pourront faire retirer le nouveau compteur installé chez eux. Mais, les 107 autres demandes, de même que la totalité des 457 évaluées à Nanterre, le 2 août, ont toutes été rejetées.
"La plus grande action collective jamais lancée en France"
Du côté d’Enedis, on se félicite ainsi que "la quasi-totalité des plaignants ont été déboutés", souligne Jean-François Fink, responsable communication du programme Linky. Mais, les "anti" jubilent aussi. "Nous avons maintenant cinq jugements en notre faveur sur le plan sanitaire. Aujourd’hui, une cinquantaine de compteurs vont être retirés ou non-installés chez des plaignants, alors qu’on nous prédisait que c’était impossible", confie Arnaud Durand.
Principal avocat des anti-Linky, ce dernier défend actuellement près de 5 000 clients dans toute la France et a déjà lancé 90 procédures dans 22 tribunaux. Avec la reconnaissance des EHS, il compte désormais passer à la vitesse supérieure. "Le 17 septembre, nous allons ouvrir une procédure qui devrait permettre de regrouper plus de 10 000 personnes. Ce sera la plus grande action collective jamais lancée en France", annonce-t-il. "Et là, nous allons aller sur le fond", promet-il. Une vraie nouveauté par rapport aux procédures en référé, qui jugent uniquement sur l’urgence d’une potentielle menace.
Arnaud Durand ne sera pas seul. D’autres actions seront menées conjointement à la rentrée. Représentant 1 200 plaignants en Rhône-Alpes, son confrère Édouard Raffin va lui aussi "attaquer sur le fond en septembre, dans douze départements". De leur côté, des députés (communistes) espèrent l’ouverture prochaine d’une commission d’enquête parlementaire «neutre» sur le sujet. Le front anti-Linky se met en ordre de bataille. Et fourbit ses arguments, qui vont bien au-delà de la santé: l’utilisation des données collectées, les surfacturations constatées, etc.
Enedis le sait, mais s’y prépare sereinement. "On entend les critiques, dit Jean-François Fink, mais toutes les études indépendantes sont favorables à Linky et nos enquêtes montrent que 85 % de nos usagers sont satisfaits. Quelles que soient les procédures à venir, elles ne remettront pas en cause le déploiement". Qui se poursuit actuellement au rythme de 30 000 compteurs installés par jour.
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Source : https://www.lalsace.fr/actualite/2019/08/22/pourquoi-le-combat-anti-linky-se-durcit