Cancérogène ou non, le portable ? L'existence de trois cas de cancer dans une école primaire des Pyrénées-Orientales conduit une association à réclamer le démontage des 25 antennes-relais qui la surplombent.
Les antennes ont été installées il y a une dizaine d'années pour le compte de Bouygues, d'Orange et de SFR au sommet du château d'eau de Villeneuve-de-la-Raho, au milieu des habitations et à 200 mètres de l'école primaire Alfred-Sauvy. Sont-elles responsables d'un taux apparemment hors norme de cancers et de maladies graves dans les parages ? Personne ne va jusque-là, mais la question est posée.
"Il y a une pollution électromagnétique. Provoque-t-elle des cancers ? Nous ne sommes pas en mesure de le prouver", répond Maryse Batlle, présidente de l'association Un mât pour les ondes (UMPLO). Mais dans cette localité d'environ 4 000 habitants, "on a trois cas avérés de cancer à l'école primaire et un nombre anormal, au moins une trentaine, de cas de cancer, d'accidents cardiovasculaires ou de maladies d'Alzheimer dans les environs immédiats".
L'agence régionale de santé pas au courant
Mardi, des experts internationaux, réunis à l'initiative de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ont statué que l'usage des téléphones portables pouvait être cancérogène. Mais, selon Maryse Batlle, il règne à Villeneuve une "omerta épouvantable", car "les enjeux financiers sont énormes". Au nom du principe de précaution, les antennes doivent être démontées et réimplantées à l'extérieur de cette commune proche de Perpignan, qui, en vingt ans, a vu sa population quadrupler, dit l'UMPLO. Ou bien les contrats avec les opérateurs de téléphonie mobile ne doivent pas être renouvelés quand ils expireront dans les semaines à venir.
"On va étudier le pour et le contre, démantèlement ou maintien des antennes, tous les cas de figure sont possibles", dit, au nom de la mairie, le conseiller municipal Yves Renard. Il souligne qu'un des écoliers atteints de cancer était déjà malade quand il a été scolarisé dans la commune. L'inspection académique reconnaît trois cas de cancer chez les 220 écoliers d'Alfred-Sauvy et "un problème au niveau d'une antenne-relais", sans établir de lien de cause à effet. L'agence régionale de santé (ARS) dit, elle, ne pas être au courant.
L'emplacement choisi est "une aberration" (président du Centre de recherche et d'information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques)
L'emplacement choisi pour les 25 antennes est une "aberration" et ne respecte pas la législation de la Direction générale de la santé, dit Pierre Le Ruz, président du Centre de recherche et d'information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem). "Les gens qui sont proches de ces antennes se plaignant de troubles neuro-endocrino-immunitaires, ils présentent les symptômes habituels des hyperfréquences. On voit bien qu'il y a un problème", estime Pierre Le Ruz, également expert en rayonnement au Conseil de l'Europe. "Si j'étais le maire, je ne prendrais pas le risque d'une recrudescence de pathologies cancéreuses. (...) Il ne faut pas attendre qu'on établisse une relation de cause à effet, il faut démonter par précaution", prône-t-il.
Il cite en exemple le démontage en 2003 des antennes-relais installées sur le toit d'une école de Saint-Cyr-L'École (Yvelines) au nom du principe de précaution. "Malheureusement, ce n'est pas une nouveauté. On a relevé un certain nombre de cas où on a référencé un nombre important de cas de leucémie. Seul le ministère de la Santé est en capacité d'établir un lien de cause à effet, mais il refuse de lancer des études. On tourne en rond", regrette le président de l'association Agir pour l'environnement, Stephen Kerchkave.
---
Source : http://www.lepoint.fr/sante/de-mysterieux-cas-de-cancer-dans-une-ecole-pres-d-antennes-relais-01-06-2011-1337541_40.php