L’engagement était fort – « Faire de la France la nation de l’excellence environnementale » – et François Hollande entend le défendre lui-même. Le chef de l’Etat a ouvert ce jeudi matin la troisième conférence environnementale du quinquennat. Mais cette fois, c'est à l’Elysée même qu’il s'exprime. Manière de solenniser son intervention, destinée à faire le bilan à mi-mandat, à tracer la feuille de route et à sonner la mobilisation à un an de la conférence climat de l’ONU, qui se déroulera à Paris en décembre 2015.
Pour le président, l’enjeu est important. C’est à la fois le moyen de redorer son image auprès des Français, alors que les résultats économiques et sociaux se font attendre. Et de multiplier les appels du pied aux écologistes, qui ont quitté le gouvernement au printemps et sont encore sous le coup du récent drame de Sivens.
Pas un discours dans lequel François Hollande n’évoque désormais l’enjeu climatique, lui qui admet qu’il « n’aurait pas parlé comme ça il y a deux ou trois ans ». « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », avait dit Jacques Chirac en 2002. « Je crains qu’elle ne se soit entièrement consumée depuis », lui a répondu la semaine dernière l’actuel locataire de l’Elysée. « Tout ça ne se fait pas en un jour, mais on ne peut pas reprocher au président de ne pas s'impliquer », insiste son entourage. Dans les rangs des ONG environnementales, la profession de foi écologiste du chef de l’Etat laisse encore sceptique. « Le plan com’ de l’Elysée est lancé », raille-t-on au sein de Greenpeace, organisation qui s’est toujours tenue à l’écart de cette grand-messe. « La loi sur la transition énergétique n’a pas permis de tracer de ligne de conduite sur le nucléaire », accuse l’un de ses représentants.
Des blessures à effacer
A quelques jours de la conférence, l’exhumation de l’écotaxe poids lourds, qui pourrait être expérimentée en Alsace-Lorraine, est toutefois tombée à pic pour remotiver les plus impliqués dans le dialogue avec le pouvoir. La Fondation Nicolas Hulot a y aussitôt vu un de ces « bons signaux » attendus par la mouvance écologique. Mais la plaie causée par la reculade de l’exécutif sur ce dossier tarde à cicatriser. France Nature Environnement, Les Amis de la Terre comme le Réseau Action Climat campent sur leur refus de participer à la table ronde « Transports et mobilité durable », l’une des trois tables rondes de ce sommet.
François Hollande doit effacer d’autres blessures, comme la mise en sourdine du comité pour la fiscalité écologique. Cette instance, qui a écrit le scénario de la contribution climat-énergie, va être réactivée. L’exécutif pourrait aussi s’engager sur une fin progressive des subventions aux énergies fossiles. L’initiative ne peut aller que dans le sens des ONG. Celles-ci n’en continuent pas moins de s’interroger sur la volonté de François Hollande d’avancer dans cette voie, lui qui a réservé la première étape de sa visite au Canada à la province de l'Alberta, le pays des schistes bitumineux.
Le chef de l’Etat suivra-t-il les Amis de la Terre, qui souhaitent voir interdire à la Coface de faire jouer sa garantie sur les « investissements fossiles » (centrales au charbon, etc.) réalisés à l’étranger ? Cette ONG et d'autres attendent également des annonces sur la taxe sur les transactions financières, dont les recettes sont jugées « beaucoup trop faibles », et sur la contribution climat-énergie, dont la composante carbone est « insuffisante ».
Les attentes sont tout aussi fortes sur les sujets qui mettent en cause l’impact de certaines substances (pesticides, particules fines, phtalates, etc.) sur la santé. Le gouvernement se voit reprocher une approche sélective des dossiers. « Ségolène Royal a pris des initiatives très fortes pour lutter contre les perturbateurs endocriniens qui ne sont pas des effets d’annonce », estime André Cicolella, président du Réseau Environnement Santé. A l’opposé du silence radio dans lequel s’estiment plongés les lanceurs d’alerte sur les risques sanitaires de la téléphonie mobile et du wi-fi. L’ONG Robin des Toits, qui travaille sur ces questions, n’a pas été invitée à l’Elysée. Pas plus que Ecologie Sans Frontière, qui, en mars dernier, a déposé une plainte au pénal pour dénoncer le scandale de la pollution de l’air.
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Source : http://www.lesechos.fr/journal20141127/lec1_france/0203968254519-hollande-mise-sur-lecologie-pour-redorer-son-blason-1068711.php
Pour le président, l’enjeu est important. C’est à la fois le moyen de redorer son image auprès des Français, alors que les résultats économiques et sociaux se font attendre. Et de multiplier les appels du pied aux écologistes, qui ont quitté le gouvernement au printemps et sont encore sous le coup du récent drame de Sivens.
Pas un discours dans lequel François Hollande n’évoque désormais l’enjeu climatique, lui qui admet qu’il « n’aurait pas parlé comme ça il y a deux ou trois ans ». « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », avait dit Jacques Chirac en 2002. « Je crains qu’elle ne se soit entièrement consumée depuis », lui a répondu la semaine dernière l’actuel locataire de l’Elysée. « Tout ça ne se fait pas en un jour, mais on ne peut pas reprocher au président de ne pas s'impliquer », insiste son entourage. Dans les rangs des ONG environnementales, la profession de foi écologiste du chef de l’Etat laisse encore sceptique. « Le plan com’ de l’Elysée est lancé », raille-t-on au sein de Greenpeace, organisation qui s’est toujours tenue à l’écart de cette grand-messe. « La loi sur la transition énergétique n’a pas permis de tracer de ligne de conduite sur le nucléaire », accuse l’un de ses représentants.
Des blessures à effacer
A quelques jours de la conférence, l’exhumation de l’écotaxe poids lourds, qui pourrait être expérimentée en Alsace-Lorraine, est toutefois tombée à pic pour remotiver les plus impliqués dans le dialogue avec le pouvoir. La Fondation Nicolas Hulot a y aussitôt vu un de ces « bons signaux » attendus par la mouvance écologique. Mais la plaie causée par la reculade de l’exécutif sur ce dossier tarde à cicatriser. France Nature Environnement, Les Amis de la Terre comme le Réseau Action Climat campent sur leur refus de participer à la table ronde « Transports et mobilité durable », l’une des trois tables rondes de ce sommet.
François Hollande doit effacer d’autres blessures, comme la mise en sourdine du comité pour la fiscalité écologique. Cette instance, qui a écrit le scénario de la contribution climat-énergie, va être réactivée. L’exécutif pourrait aussi s’engager sur une fin progressive des subventions aux énergies fossiles. L’initiative ne peut aller que dans le sens des ONG. Celles-ci n’en continuent pas moins de s’interroger sur la volonté de François Hollande d’avancer dans cette voie, lui qui a réservé la première étape de sa visite au Canada à la province de l'Alberta, le pays des schistes bitumineux.
Le chef de l’Etat suivra-t-il les Amis de la Terre, qui souhaitent voir interdire à la Coface de faire jouer sa garantie sur les « investissements fossiles » (centrales au charbon, etc.) réalisés à l’étranger ? Cette ONG et d'autres attendent également des annonces sur la taxe sur les transactions financières, dont les recettes sont jugées « beaucoup trop faibles », et sur la contribution climat-énergie, dont la composante carbone est « insuffisante ».
Les attentes sont tout aussi fortes sur les sujets qui mettent en cause l’impact de certaines substances (pesticides, particules fines, phtalates, etc.) sur la santé. Le gouvernement se voit reprocher une approche sélective des dossiers. « Ségolène Royal a pris des initiatives très fortes pour lutter contre les perturbateurs endocriniens qui ne sont pas des effets d’annonce », estime André Cicolella, président du Réseau Environnement Santé. A l’opposé du silence radio dans lequel s’estiment plongés les lanceurs d’alerte sur les risques sanitaires de la téléphonie mobile et du wi-fi. L’ONG Robin des Toits, qui travaille sur ces questions, n’a pas été invitée à l’Elysée. Pas plus que Ecologie Sans Frontière, qui, en mars dernier, a déposé une plainte au pénal pour dénoncer le scandale de la pollution de l’air.
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Source : http://www.lesechos.fr/journal20141127/lec1_france/0203968254519-hollande-mise-sur-lecologie-pour-redorer-son-blason-1068711.php