Complexe, brûlant et polémique : le débat relatif aux risques potentiels de la téléphonie mobile pour la santé n’est pas prêt… d’avoir lieu. Relancé fin février après des décisions de justice qui commandaient à Bouygues Télécom, Orange et SFR de démonter deux de leurs antennes, il aurait pu rebondir ce matin, au Sénat, alors que s’y tient un colloque sur le sujet.
Las, celui-ci se fera sans les parties de la défense. Ni les opérateurs téléphoniques ni l’AFSSET - Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail -, dont une première étude avait conclu à l’innocuité des réseaux sans fil, n’ont en effet répondu à l’invitation lancée par deux parlementaires Verts, Marie-Christine Blandin et Jean Desessard.
« Nous ne sommes pas médecins »
L’AFSSET s’est excusée auprès des organisateurs. « Ils sont en train d’achever une nouvelle étude sur le sujet dont les conclusions ne sont pas encore publiées », explique Marie-Christine Blandin, qui admet plus ou moins le motif. La sénatrice, en revanche, comptait, mercredi encore, sur la présence de l’AFOM, Association française des opérateurs mobiles. L’organisation, représentante de douze opérateurs, « a répondu positivement à notre invitation », assure Marie-Christine Blandin. « Je n’ose imaginer qu’elle nous fasse faux bon sans même nous prévenir. »
Un consentement que l’AFOM, vendredi, paraissait ignorer. « Nous avons décliné cette invitation pour plusieurs raisons », explique Éric Debranche, porte-parole de l’association. « D’une part, aucune des autorités sanitaires ne sera présente à ce débat. Or nous ne sommes ni médecins ni scientifiques : nous ne faisons que relayer leurs conclusions, qui toutes s’accordent à dire que la téléphonie mobile ne représente pas de danger. » Par ailleurs, poursuit Éric Debranche, le gouvernement a promis de tenir, le 23 avril, une table ronde rassemblant tous les acteurs de ce dossier. « L’AFOM préfère débattre sous l’égide du ministère de la Santé. »
Du côté de l’accusation, on ne s’étonne pas de l’absence des opérateurs, sans toutefois l’admettre. « Ils fuient sans arrêt le débat public », assure Étienne Cendrier, porte-parole de l’association Robin des toits, qui milite ardemment pour la réduction des seuils d’émissions d’ondes téléphoniques (lire ci-après). Quant à la table ronde du 23 avril, son objectivité le laisse sceptique. « Dans sa lettre de mission à Roseline Bachelot, François Fillon stipule que l’hypothèse d’un risque pour la santé pour les populations vivant à proximité des antennes relais de téléphonie mobile ne peut être retenue, explique Étienne Cendrier. À quoi rime un débat dont les conclusions sont déjà données ? »
Car c’est évidemment là que se situe le point de friction entre ceux qui affirment que les antennes relais font, en l’état, courir un risque sanitaire à la population et ceux qui jurent que non. Au cours des vingt dernières années, les études se sont multipliées qui aboutissent à des conclusions variables (lire ci-après). « Bizarrement, toutes celles financées par les opérateurs concluent à l’absence de risque », pointe encore Étienne Cendrier.
Un risque qui ne peut être ignoré
Responsable du laboratoire de mesures du CRIIEM, Centre de recherches et d’information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques, Catherine Gouhier insiste, elle aussi, sur les conflits d’intérêts constatés en la matière. « L’AFSSET a été épinglée parce que certains des experts ayant participé à sa première étude étaient membres du Conseil scientifique de Bouygues Télécom », rappelle-t-elle. Selon la chercheuse, la dangerosité des antennes relais pour la population est un élément trop probable pour être ignoré. « Si toutes les études concluaient à l’absence de risque, il n’y aurait pas lieu de s’inquiéter. Or, une majorité dit l’inverse. » Pourtant, il n’y a pas qu’au Sénat que le dialogue ripe. « Aucune de nos questions aux opérateurs n’obtient jamais de réponse », assure-t-elle, plaidant pour une révision des normes d’émission au moins à titre préventif. « Le Parlement européen lui-même a signifié, en septembre, que l’accumulation de nouvelles technologies rend la réglementation obsolète. » La dernière date de 1999. Voilà qui mérite au moins discussion.
Marie-Noëlle Bertrand
---
Source : http://www.humanite.fr/2009-03-23_Societe_Antennes-relais-les-operateurs-ne-decrochent-plus
---
Voir également :
- Mises en cause de l'expertise officielle sur les dangers de la téléphonie mobile
- LA QUESTION DES ANTENNES RELAIS - "Fillon connaît manifestement mal son sujet" - Nouvel Obs.com - 05/03/2009
- 'Un bien curieux rapport officiel' - Le Parisien 17/04/2003
- 'Source de Financement et Résultats des Études sur les Effets sur la Santé de l'Utilisation du Téléphone portable' : Huss A & al. - 2007
- 'Liens secrets avec l'industrie et conflits d'intérêts dans la recherche sur le cancer' - Hardell et al. - 2006
- Résolution du Parlement européen - Textes adoptés au 04/09/2008
Las, celui-ci se fera sans les parties de la défense. Ni les opérateurs téléphoniques ni l’AFSSET - Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail -, dont une première étude avait conclu à l’innocuité des réseaux sans fil, n’ont en effet répondu à l’invitation lancée par deux parlementaires Verts, Marie-Christine Blandin et Jean Desessard.
« Nous ne sommes pas médecins »
L’AFSSET s’est excusée auprès des organisateurs. « Ils sont en train d’achever une nouvelle étude sur le sujet dont les conclusions ne sont pas encore publiées », explique Marie-Christine Blandin, qui admet plus ou moins le motif. La sénatrice, en revanche, comptait, mercredi encore, sur la présence de l’AFOM, Association française des opérateurs mobiles. L’organisation, représentante de douze opérateurs, « a répondu positivement à notre invitation », assure Marie-Christine Blandin. « Je n’ose imaginer qu’elle nous fasse faux bon sans même nous prévenir. »
Un consentement que l’AFOM, vendredi, paraissait ignorer. « Nous avons décliné cette invitation pour plusieurs raisons », explique Éric Debranche, porte-parole de l’association. « D’une part, aucune des autorités sanitaires ne sera présente à ce débat. Or nous ne sommes ni médecins ni scientifiques : nous ne faisons que relayer leurs conclusions, qui toutes s’accordent à dire que la téléphonie mobile ne représente pas de danger. » Par ailleurs, poursuit Éric Debranche, le gouvernement a promis de tenir, le 23 avril, une table ronde rassemblant tous les acteurs de ce dossier. « L’AFOM préfère débattre sous l’égide du ministère de la Santé. »
Du côté de l’accusation, on ne s’étonne pas de l’absence des opérateurs, sans toutefois l’admettre. « Ils fuient sans arrêt le débat public », assure Étienne Cendrier, porte-parole de l’association Robin des toits, qui milite ardemment pour la réduction des seuils d’émissions d’ondes téléphoniques (lire ci-après). Quant à la table ronde du 23 avril, son objectivité le laisse sceptique. « Dans sa lettre de mission à Roseline Bachelot, François Fillon stipule que l’hypothèse d’un risque pour la santé pour les populations vivant à proximité des antennes relais de téléphonie mobile ne peut être retenue, explique Étienne Cendrier. À quoi rime un débat dont les conclusions sont déjà données ? »
Car c’est évidemment là que se situe le point de friction entre ceux qui affirment que les antennes relais font, en l’état, courir un risque sanitaire à la population et ceux qui jurent que non. Au cours des vingt dernières années, les études se sont multipliées qui aboutissent à des conclusions variables (lire ci-après). « Bizarrement, toutes celles financées par les opérateurs concluent à l’absence de risque », pointe encore Étienne Cendrier.
Un risque qui ne peut être ignoré
Responsable du laboratoire de mesures du CRIIEM, Centre de recherches et d’information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques, Catherine Gouhier insiste, elle aussi, sur les conflits d’intérêts constatés en la matière. « L’AFSSET a été épinglée parce que certains des experts ayant participé à sa première étude étaient membres du Conseil scientifique de Bouygues Télécom », rappelle-t-elle. Selon la chercheuse, la dangerosité des antennes relais pour la population est un élément trop probable pour être ignoré. « Si toutes les études concluaient à l’absence de risque, il n’y aurait pas lieu de s’inquiéter. Or, une majorité dit l’inverse. » Pourtant, il n’y a pas qu’au Sénat que le dialogue ripe. « Aucune de nos questions aux opérateurs n’obtient jamais de réponse », assure-t-elle, plaidant pour une révision des normes d’émission au moins à titre préventif. « Le Parlement européen lui-même a signifié, en septembre, que l’accumulation de nouvelles technologies rend la réglementation obsolète. » La dernière date de 1999. Voilà qui mérite au moins discussion.
Marie-Noëlle Bertrand
---
Source : http://www.humanite.fr/2009-03-23_Societe_Antennes-relais-les-operateurs-ne-decrochent-plus
---
Voir également :
- Mises en cause de l'expertise officielle sur les dangers de la téléphonie mobile
- LA QUESTION DES ANTENNES RELAIS - "Fillon connaît manifestement mal son sujet" - Nouvel Obs.com - 05/03/2009
- 'Un bien curieux rapport officiel' - Le Parisien 17/04/2003
- 'Source de Financement et Résultats des Études sur les Effets sur la Santé de l'Utilisation du Téléphone portable' : Huss A & al. - 2007
- 'Liens secrets avec l'industrie et conflits d'intérêts dans la recherche sur le cancer' - Hardell et al. - 2006
- Résolution du Parlement européen - Textes adoptés au 04/09/2008