ZDNet: Que pensez-vous des normes d'émission des antennes GSM fixées actuellement par décret en France?
André Aschieri: Ce décret se base sur une recommandation européenne extrêmement laxiste à mon avis, puisqu'elle fixe le niveau d'émission maximum à 41 Volts par mètre (V/m) pour le réseau 900 MHz et à 58 V/m pour le 1800 MHz, alors que d'autres pays européens ont adopté des niveaux compris entre 1 et 6 V/m. On ne sait pas à partir de quel niveau d'émission cela devient dangereux. On est en plein brouillard. On ne saura que dans vingt ans, s'il y a un réel problème de santé. Alors, ce sera trop tard. Le portable est un instrument merveilleux, mais il ne faut pas l'utiliser à la maison ou des heures durant. Un jour, on s'apercevra que c'était une grosse bêtise. C'est toujours une question de dosage.
Les opérateurs de téléphonie ont-ils fait pression pour que soit signé un décret si peu contraignant?
Les opérateurs ont pesé de tout leur poids. Leur lobbying est énorme auprès des ministères, des administrations et des élus. J'ai pu le vérifier moi-même. Ce serait catastrophique pour eux si ces dangers étaient avérés. Ils feraient face à de nombreux procès et à l'interdiction d'implanter des antennes. Il rencontrent déjà de plus en plus de difficultés pour en installer de nouvelles, car la population civile se rebiffe, ce qui leur posera des problèmes pour passer à l'UMTS, qui va multiplier le nombre d'antennes par deux (30000 actuellement en France, Ndlr). Ils ont exagéré en plaçant des relais un peu partout sans avertir les gens, notamment sur des sites sensibles comme les écoles ou les lycées.
Quand saura-t-on quel est le niveau d'exposition préjudiciable à la santé?
Il y a deux études actuellement en cours dont une menée par l'OMS, dont on ne connaîtra les premiers résultats qu'en 2003. L'autre, Comobio, a été commandée par la Direction générale de la santé et ses résultats définitifs doivent être publiés courant 2002. Mais les questions posées par cette dernière ne sont pas les bonnes. Elle ne saurait mettre en évidence ce qu'elle ne cherche pas. Entre autres, les mobiles émettent aussi des ondes d'extrêmement basse fréquence dont la nocivité pour la santé a été démontrée. De nombreux scientifiques s'accordent à dire qu'on a très rarement à faire à une onde simple, mais qu'elle est toujours portée par un faisceau d'ondes parmi lesquelles peuvent figurer des ondes de fréquence extrêmement basse qu'on appelle les ELF (Extremely Low Frequency). Ces ELF ont été classés par le Centre international de recherche contre le cancer (CICR) comme «peut-être» cancérigènes, alors qu'elles étaient considérées auparavant comme «non» cancérigènes.
Votre proposition de loi Santé et Environnement n'a pas abouti mais vous avez quand même obtenu quelques succès sur le plan parlementaire...
Notre action a abouti, grâce à la mobilisation d'un groupe de 150 parlementaires de tout bord, à la création d'une agence française Santé et Environnement qui a été approuvée et est en train de recruter son conseil scientifique. C'est une agence de surveillance indépendante et transparente qui pourra s'autosaisir de questions de santé liées à l'environnement, ou être saisie par les ministères et également, ce qui est très important, par des associations de citoyens ou d'utilisateurs. Cette agence Santé et Environnement s'est vue attribuer une enveloppe de 50 millions de francs (qui sera alimentée pour moitié par le ministère de la Santé et pour l'autre par celui de l'Environnement). Ce n'est pas terrible mais cela va lui permettre de commencer à travailler dans les mois qui viennent. De nombreux scientifiques nous ont dit: "Dépêchez-vous, car la situation est dramatique!"
Par Philippe Astor, ZDNet France
Source : http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,2105575,00.htm
André Aschieri: Ce décret se base sur une recommandation européenne extrêmement laxiste à mon avis, puisqu'elle fixe le niveau d'émission maximum à 41 Volts par mètre (V/m) pour le réseau 900 MHz et à 58 V/m pour le 1800 MHz, alors que d'autres pays européens ont adopté des niveaux compris entre 1 et 6 V/m. On ne sait pas à partir de quel niveau d'émission cela devient dangereux. On est en plein brouillard. On ne saura que dans vingt ans, s'il y a un réel problème de santé. Alors, ce sera trop tard. Le portable est un instrument merveilleux, mais il ne faut pas l'utiliser à la maison ou des heures durant. Un jour, on s'apercevra que c'était une grosse bêtise. C'est toujours une question de dosage.
Les opérateurs de téléphonie ont-ils fait pression pour que soit signé un décret si peu contraignant?
Les opérateurs ont pesé de tout leur poids. Leur lobbying est énorme auprès des ministères, des administrations et des élus. J'ai pu le vérifier moi-même. Ce serait catastrophique pour eux si ces dangers étaient avérés. Ils feraient face à de nombreux procès et à l'interdiction d'implanter des antennes. Il rencontrent déjà de plus en plus de difficultés pour en installer de nouvelles, car la population civile se rebiffe, ce qui leur posera des problèmes pour passer à l'UMTS, qui va multiplier le nombre d'antennes par deux (30000 actuellement en France, Ndlr). Ils ont exagéré en plaçant des relais un peu partout sans avertir les gens, notamment sur des sites sensibles comme les écoles ou les lycées.
Quand saura-t-on quel est le niveau d'exposition préjudiciable à la santé?
Il y a deux études actuellement en cours dont une menée par l'OMS, dont on ne connaîtra les premiers résultats qu'en 2003. L'autre, Comobio, a été commandée par la Direction générale de la santé et ses résultats définitifs doivent être publiés courant 2002. Mais les questions posées par cette dernière ne sont pas les bonnes. Elle ne saurait mettre en évidence ce qu'elle ne cherche pas. Entre autres, les mobiles émettent aussi des ondes d'extrêmement basse fréquence dont la nocivité pour la santé a été démontrée. De nombreux scientifiques s'accordent à dire qu'on a très rarement à faire à une onde simple, mais qu'elle est toujours portée par un faisceau d'ondes parmi lesquelles peuvent figurer des ondes de fréquence extrêmement basse qu'on appelle les ELF (Extremely Low Frequency). Ces ELF ont été classés par le Centre international de recherche contre le cancer (CICR) comme «peut-être» cancérigènes, alors qu'elles étaient considérées auparavant comme «non» cancérigènes.
Votre proposition de loi Santé et Environnement n'a pas abouti mais vous avez quand même obtenu quelques succès sur le plan parlementaire...
Notre action a abouti, grâce à la mobilisation d'un groupe de 150 parlementaires de tout bord, à la création d'une agence française Santé et Environnement qui a été approuvée et est en train de recruter son conseil scientifique. C'est une agence de surveillance indépendante et transparente qui pourra s'autosaisir de questions de santé liées à l'environnement, ou être saisie par les ministères et également, ce qui est très important, par des associations de citoyens ou d'utilisateurs. Cette agence Santé et Environnement s'est vue attribuer une enveloppe de 50 millions de francs (qui sera alimentée pour moitié par le ministère de la Santé et pour l'autre par celui de l'Environnement). Ce n'est pas terrible mais cela va lui permettre de commencer à travailler dans les mois qui viennent. De nombreux scientifiques nous ont dit: "Dépêchez-vous, car la situation est dramatique!"
Par Philippe Astor, ZDNet France
Source : http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,2105575,00.htm