Paris compte 2957 antennes relais de téléphonie mobile. A l'exception d'Anne Hidalgo, les principaux candidats, au nom du principe de précaution, proposent de mieux encadrer leur implantation. EELV et Front de gauche sont les plus remontés.
Alors que les habitants du 171, rue Belliard dorment paisiblement dimanche 16 février, les rugissements d'un camion se font entendre. A l'aide d'une grue, des ouvriers de l'opérateur Free tentent d'installer une antenne 4G sur le toit de cet immeuble du XVIIIe arrondissement.
Rapidement, un petit groupe de manifestants se forme et bloque le passage à ceux qui essayent d'acheminer le matériel sur le bâtiment. Pascal Julien, conseiller EELV du XVIIIe, s'empresse de rejoindre les protestataires, qui finissent par empêcher la fixation du mât de l'antenne. Une victoire pour les riverains, qui, une fois de plus, ont réussi à bloquer les projets de l'opérateur.
Principe de précaution
Contactée par Pascal Julien qui souhaitait s'informer sur les suites de l'affaire, la responsable "collectivités territoriales" de Free lui a sèchement rétorqué par e-mail: "Comme vous le savez, nous avons appliqué la loi et avons respecté l'ensemble des dispositions de la charte de Paris. On ne peut pas en dire autant de certains élus... ce qui est très regrettable."
Cette charte autorise les opérateurs à installer de nouvelles antennes tant qu'ils respectent la limite de 5 volts par mètre en pointe dans "les lieux de vie" voisins (le volt par mètre, ou V/m, est l'unité de mesure de l'intensité d'un champ électromagnétique).
Candidat écologiste à la mairie du XVIIIe arrondissement,, Pascal Julien lutte depuis six ans contre la forte exposition aux champs électromagnétiques, ce qui n'est pas du goût des opérateurs. Il en a fait un thème fort de sa campagne. Comme d'autres candidats, le plus souvent de gauche, il pointe du doigt la dangerosité des ondes transmises par les antennes de téléphonie mobile, en augmentation constante depuis l'apparition de la 3G et surtout de la 4G.
Dans un rapport datant de 2011, l'OMS classe ces ondes comme potentiellement cancérogènes. Pour prévenir ces risques, la législation fixe une limite réglementaire de 41 V/m pour le GSM et 61 V/m pour la 3G. Plus prudente, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a recommandé de ne pas dépasser 0,6 V/m. Mais cette résolution n'a pas été suivie par les états membres dudit Conseil...
Cette limite de 0,6 V/m est aujourd'hui l'objectif vers lequel tendent certains élus locaux... quitte à heurter certains de leurs électeurs qui attendent une montée en puissance des réseaux mobiles.
"On peut concilier téléphonie mobile et santé, si l'on ne dépasse pas ce seuil, assure Pascal Julien. Mais il faudrait mutualiser les antennes relais des différents opérateurs, abaisser leur puissance d'émission et doubler leur nombre. Les opérateurs s'y refusent, car cela leur reviendrait beaucoup plus cher", explique-t-il. Le prix d'un seul emplacement est en effet de l'ordre de 10 000 à 20 000 euros, sans compter les frais d'installation.
Les écologistes en première ligne
Militant pour une réduction draconienne de l'exposition aux ondes, Etienne Cendrier, porte-parole de l'association Robin des toits, se réjouit de l'implication de certains élus dans le débat des antennes relais: "Beaucoup d'entre eux ont d'abord été sensibilisés grâce à notre association, mais de plus en plus souvent, ce sont eux qui viennent vers nous. Ils savent détecter un scandale sanitaire..."
Dans le camp des écologistes, il cite en particulier Célia Blauel et Anne Souyris, respectivement candidates dans les XIVe et Xe arrondissements. Et c'est sous l'impulsion de Pascal Julien et de Christophe Najdovski, candidat EELV à l'Hôtel de Ville, que le Conseil de Paris a adopté un voeu début 2014 pour limiter l'exposition dans le métro. L'association Robin des toits vient de mettre en ligne des vidéos dans lesquelles elle interpelle certains candidats, et Christophe Najdovski y défend une limitation des émissions à 0,6 V/m.
C'est aussi l'objectif de Danielle Simonnet, la candidate du Front de gauche, tête de liste dans le XXe, qui prône en outre "la création d'une régie publique pour effectuer des mesures". Elle n'est pas la seule à s'engager sur ce sujet dans son camp: la candidate et maire sortante de Viry-Châtillon, Simone Mathieu, a, elle, supprimé le Wifi dans les écoles de la ville.
A droite, Nathalie Kosciusko-Morizet défend des positions plus nuancées. L'ancienne ministre de l'Environnement qui avait lancé le Grenelle des ondes, un grand débat pour réfléchir aux moyens de réduire l'exposition aux champs électromagnétiques, ne propose aucune réduction ou mutualisation des antennes relais. Mais, au micro de Robin des toits, elle considère qu'il faudrait une "meilleure information" des Parisiens et l'obligation pour les opérateurs de mener une "réelle concertation avec les riverains". Dans son programme, elle envisage toutefois "d'ici un an, une connectivité en haut débit mobile sur l'ensemble des transports parisiens".
A l'UMP, l'élu le plus engagé du Grand Paris se nomme plutôt Jacques Kossowski, le maire sortant de Courbevoie qui brigue un quatrième mandat. Il a fait de sa commune une zone test pour l'expérimentation des ondes de téléphonie mobile à 0,6 V/m. Le maire n'a pas inscrit la réduction de l'exposition aux ondes dans son programme pour les municipales. Mais il assure continuer à prendre des mesures: "Récemment, au nom du principe de précaution, j'ai pris un arrêté municipal pour interdire l'implantation d'une nouvelle antenne relais sur Courbevoie car elle se situait à côté d'une crèche, d'une école maternelle et d'un centre médical."
Un thème de campagne difficile à porter
Ce mouvement n'est pas du goût de tous les responsables politiques. Dans le camp des fervents défenseurs de l'Internet mobile à pleine puissance, Laure de la Raudière est une experte. Le 23 janvier dernier à l'Assemblée nationale, la députée UMP d'Eure-et-Loire s'est farouchement opposée au vote de la loi Abeille, qui devrait prochainement encadrer la mise en place des antennes relais. Sur son blog, cette ancienne directrice de France Télecom en Eure-et-Loire estime qu'aucune preuve scientifique ne démontre la dangerosité des champs électromagnétiques. Elle accuse les écologistes de mentir aux Français sur les risques liés aux ondes: "Mépriser des conclusions scientifiquement étayées, c'est ouvrir la porte à une société 'décliniste'. C'est le retour à l'âge des cavernes", écrit-ellle.
"Les gens sont attentifs aux dangers des ondes électromagnétiques, mais c'est un thème difficile à porter pour les candidats. Ils évitent de se mouiller et d'insulter l'avenir", reconnaît Etienne Cendrier, le porte-parole de Robin des toits. Le militant, qui exerce le métier d'artiste peintre, dénonce l'ambiguïté de la chef de file du Parti socialiste pour les municipales, Anne Hidalgo. "En 2009, lorsqu'elle présidait la commission de conciliation de la téléphonie mobile à Paris, elle s'était engagée à limiter l'exposition, rappelle-t-il. Aujourd'hui, elle se contredit complétement en prônant le Wifi partout, même dans le métro!" Elle a d'ailleurs refusé de répondre aux questions de l'association, contrairement à ses adversaires.
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Source : http://www.lexpress.fr/actualite/politique/municipales-a-paris-quand-les-ondes-interferent-avec-la-campagne_1498716.html
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Voir également :
- VIDEO Robin des Toits : engagements des candidats à la Mairie de Paris, sur la téléphonie mobile et l'implantation d'antennes-relais - 19/03/2014
Alors que les habitants du 171, rue Belliard dorment paisiblement dimanche 16 février, les rugissements d'un camion se font entendre. A l'aide d'une grue, des ouvriers de l'opérateur Free tentent d'installer une antenne 4G sur le toit de cet immeuble du XVIIIe arrondissement.
Rapidement, un petit groupe de manifestants se forme et bloque le passage à ceux qui essayent d'acheminer le matériel sur le bâtiment. Pascal Julien, conseiller EELV du XVIIIe, s'empresse de rejoindre les protestataires, qui finissent par empêcher la fixation du mât de l'antenne. Une victoire pour les riverains, qui, une fois de plus, ont réussi à bloquer les projets de l'opérateur.
Principe de précaution
Contactée par Pascal Julien qui souhaitait s'informer sur les suites de l'affaire, la responsable "collectivités territoriales" de Free lui a sèchement rétorqué par e-mail: "Comme vous le savez, nous avons appliqué la loi et avons respecté l'ensemble des dispositions de la charte de Paris. On ne peut pas en dire autant de certains élus... ce qui est très regrettable."
Cette charte autorise les opérateurs à installer de nouvelles antennes tant qu'ils respectent la limite de 5 volts par mètre en pointe dans "les lieux de vie" voisins (le volt par mètre, ou V/m, est l'unité de mesure de l'intensité d'un champ électromagnétique).
Candidat écologiste à la mairie du XVIIIe arrondissement,, Pascal Julien lutte depuis six ans contre la forte exposition aux champs électromagnétiques, ce qui n'est pas du goût des opérateurs. Il en a fait un thème fort de sa campagne. Comme d'autres candidats, le plus souvent de gauche, il pointe du doigt la dangerosité des ondes transmises par les antennes de téléphonie mobile, en augmentation constante depuis l'apparition de la 3G et surtout de la 4G.
Dans un rapport datant de 2011, l'OMS classe ces ondes comme potentiellement cancérogènes. Pour prévenir ces risques, la législation fixe une limite réglementaire de 41 V/m pour le GSM et 61 V/m pour la 3G. Plus prudente, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a recommandé de ne pas dépasser 0,6 V/m. Mais cette résolution n'a pas été suivie par les états membres dudit Conseil...
Cette limite de 0,6 V/m est aujourd'hui l'objectif vers lequel tendent certains élus locaux... quitte à heurter certains de leurs électeurs qui attendent une montée en puissance des réseaux mobiles.
"On peut concilier téléphonie mobile et santé, si l'on ne dépasse pas ce seuil, assure Pascal Julien. Mais il faudrait mutualiser les antennes relais des différents opérateurs, abaisser leur puissance d'émission et doubler leur nombre. Les opérateurs s'y refusent, car cela leur reviendrait beaucoup plus cher", explique-t-il. Le prix d'un seul emplacement est en effet de l'ordre de 10 000 à 20 000 euros, sans compter les frais d'installation.
Les écologistes en première ligne
Militant pour une réduction draconienne de l'exposition aux ondes, Etienne Cendrier, porte-parole de l'association Robin des toits, se réjouit de l'implication de certains élus dans le débat des antennes relais: "Beaucoup d'entre eux ont d'abord été sensibilisés grâce à notre association, mais de plus en plus souvent, ce sont eux qui viennent vers nous. Ils savent détecter un scandale sanitaire..."
Dans le camp des écologistes, il cite en particulier Célia Blauel et Anne Souyris, respectivement candidates dans les XIVe et Xe arrondissements. Et c'est sous l'impulsion de Pascal Julien et de Christophe Najdovski, candidat EELV à l'Hôtel de Ville, que le Conseil de Paris a adopté un voeu début 2014 pour limiter l'exposition dans le métro. L'association Robin des toits vient de mettre en ligne des vidéos dans lesquelles elle interpelle certains candidats, et Christophe Najdovski y défend une limitation des émissions à 0,6 V/m.
C'est aussi l'objectif de Danielle Simonnet, la candidate du Front de gauche, tête de liste dans le XXe, qui prône en outre "la création d'une régie publique pour effectuer des mesures". Elle n'est pas la seule à s'engager sur ce sujet dans son camp: la candidate et maire sortante de Viry-Châtillon, Simone Mathieu, a, elle, supprimé le Wifi dans les écoles de la ville.
A droite, Nathalie Kosciusko-Morizet défend des positions plus nuancées. L'ancienne ministre de l'Environnement qui avait lancé le Grenelle des ondes, un grand débat pour réfléchir aux moyens de réduire l'exposition aux champs électromagnétiques, ne propose aucune réduction ou mutualisation des antennes relais. Mais, au micro de Robin des toits, elle considère qu'il faudrait une "meilleure information" des Parisiens et l'obligation pour les opérateurs de mener une "réelle concertation avec les riverains". Dans son programme, elle envisage toutefois "d'ici un an, une connectivité en haut débit mobile sur l'ensemble des transports parisiens".
A l'UMP, l'élu le plus engagé du Grand Paris se nomme plutôt Jacques Kossowski, le maire sortant de Courbevoie qui brigue un quatrième mandat. Il a fait de sa commune une zone test pour l'expérimentation des ondes de téléphonie mobile à 0,6 V/m. Le maire n'a pas inscrit la réduction de l'exposition aux ondes dans son programme pour les municipales. Mais il assure continuer à prendre des mesures: "Récemment, au nom du principe de précaution, j'ai pris un arrêté municipal pour interdire l'implantation d'une nouvelle antenne relais sur Courbevoie car elle se situait à côté d'une crèche, d'une école maternelle et d'un centre médical."
Un thème de campagne difficile à porter
Ce mouvement n'est pas du goût de tous les responsables politiques. Dans le camp des fervents défenseurs de l'Internet mobile à pleine puissance, Laure de la Raudière est une experte. Le 23 janvier dernier à l'Assemblée nationale, la députée UMP d'Eure-et-Loire s'est farouchement opposée au vote de la loi Abeille, qui devrait prochainement encadrer la mise en place des antennes relais. Sur son blog, cette ancienne directrice de France Télecom en Eure-et-Loire estime qu'aucune preuve scientifique ne démontre la dangerosité des champs électromagnétiques. Elle accuse les écologistes de mentir aux Français sur les risques liés aux ondes: "Mépriser des conclusions scientifiquement étayées, c'est ouvrir la porte à une société 'décliniste'. C'est le retour à l'âge des cavernes", écrit-ellle.
"Les gens sont attentifs aux dangers des ondes électromagnétiques, mais c'est un thème difficile à porter pour les candidats. Ils évitent de se mouiller et d'insulter l'avenir", reconnaît Etienne Cendrier, le porte-parole de Robin des toits. Le militant, qui exerce le métier d'artiste peintre, dénonce l'ambiguïté de la chef de file du Parti socialiste pour les municipales, Anne Hidalgo. "En 2009, lorsqu'elle présidait la commission de conciliation de la téléphonie mobile à Paris, elle s'était engagée à limiter l'exposition, rappelle-t-il. Aujourd'hui, elle se contredit complétement en prônant le Wifi partout, même dans le métro!" Elle a d'ailleurs refusé de répondre aux questions de l'association, contrairement à ses adversaires.
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Source : http://www.lexpress.fr/actualite/politique/municipales-a-paris-quand-les-ondes-interferent-avec-la-campagne_1498716.html
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Voir également :
- VIDEO Robin des Toits : engagements des candidats à la Mairie de Paris, sur la téléphonie mobile et l'implantation d'antennes-relais - 19/03/2014