Elle n’est visiblement pas la seule : scotchées aux carreaux des fenêtres, aux panneaux, aux barrières, sur les arbres, les autos, les affiches ont éclos au long des trottoirs de ce croquignolet village du Douaisis.
« L’association a été créée il y a trois mois, on a déjà 300 adhérents », calcule Thierry Hot, le président. Lui aussi croyait trouver ici le calme, après Beuvry-la-Forêt où il s’était battu contre l’extension d’une usine. « C’était David contre Goliath. Et on a eu gain de cause. »
Autant dire qu’il est rompu au combat, même si, comme il dit, « on est usé. C’est du temps, on n’est pas là pour organiser une kermesse. Mais on va vers un scandale de santé publique liée à l’exposition aux champs électromagnétiques, alors pour nos enfants, notre village, on y va ».
Il délace un dossier épais comme un bras, pointe sur une carte l’emplacement de l’antenne sur un champ « au milieu du village, avec dans un rayon de 500 mètres, l’école, la crèche ». Montre un schéma de l’antenne de 45,30 m, « plus haute que la statue de la Liberté », à côté, l’église, 26 mètres, paraît rapetissée. Au fond de son propre jardin, ses biquettes seront aux premières loges. « Visuellement, c’est monstrueux. Sans parler de la dévaluation de nos maisons, estimée à 30 % ».
Estourmel, Neuville-Saint-Vaast, Bruay-la-Buissière, Strazeele, Zuytpeene … le cas de Saméon est loin d’être isolé, le scénario, presque toujours le même : le propriétaire d’un terrain, démarché par un opérateur, accepte contre un loyer confortable (plusieurs milliers d’euros selon les installations), d’y laisser s’y ériger une antenne-relais.
À Saméon, le maire, farouchement opposé au projet, a tout de suite réagi en informant les habitants. « On a mis vingt ans à construire ce village, je ne le laisserai pas être détruit en cinq minutes. » « On a la fibre et on est déjà bien couvert. »
Le maire avait déjà opposé un refus à une première demande, au même endroit, un an et demi plus tôt. C’en était resté là. Pour le refus opposé à cette nouvelle demande, il est convoqué au tribunal administratif. Le début de la bataille juridique.
À Athies, le collectif a obtenu le déplacement dans une ZAC, à Strazeele l’antenne a été érigée fin décembre. À Saméon, le collectif a décidé d’un grand rassemblement le 2 février, il promet du « spectaculaire ».
---
Source : http://lavdn.lavoixdunord.fr/521765/article/2019-01-15/antennes-relais-le-nouveau-cauchemar-des-communes-rurales