Synthèse pro-innocuité du Pr Aurengo - "La licorne et le hérisson" - Déc 2010

Arguments pro-innocuité du Pr Aurengo au laboratoire de France Télécom, Télécom Paris Tech.



L'affaire du Médiator a malheureusement rappelé que la décision publique pouvait être détournée et «captée» par des intérêts privés. Les technologies sans fil présentent le même tableau. En effet, les dangers engendrés par ces technologies sont désormais bien établis. Le rapport BioInitiative de 2007 présente une synthèse complète des travaux en ce sens. L'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFSSET) a elle-même reconnu, dans son rapport de 2009, que des travaux scientifiques à la méthodologie incontestable aboutissaient à la conclusion d'effets néfastes. Enfin, l'étude Interphone parue en 2010 (ouvrir en pdf, montrant une augmentation des cancers du cerveau de 40% chez les «gros utilisateurs» du téléphone mobile, précisément du côté où le téléphone est utilisé, les «gros utilisateurs» étant ceux qui téléphonent... une demi-heure par jour!

En décembre 2009, André Aurengo s'oppose à cet avis de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire et du Travail, qui recommande, au terme d'un rapport sur les effets des ondes de la téléphonie mobile sur la santé, la baisse des seuils d'exposition des antennes-relais. Au nom de l'Académie Nationale de Médecine, dont il est membre, tout comme du conseil d'administration d'EDF et du conseil scientifique de Bouygues Télécom (sic), il signe, à lui tout seul, un communiqué dans lequel il estime non justifié de réduire l'exposition aux antennes-relais.
Voir : http://www.robindestoits.org/_a1034.html

L'Afsset a réagi, par la voix de son directeur général, Martin Guespereau, en soulignant que les conclusions de l'Afsset avaient été soumises à l'avis de son comité d'experts spécialisés qui les a "validées".
Le rapport de l’Afsset met en évidence l’existence d’effets des radiofréquences sur des fonctions cellulaires, rapportés par une dizaine d’études expérimentales considérées par l’Afsset comme incontestables.
Voir : L’Afsset recommande de réduire les expositions - RAPPORT - 15/10/2009

Aurengo conteste :
"D’un point de vue scientifique, le seul effet biophysique des ondes de radiofréquence émises par les antennes-relais est un échauffement d’une puissance de quelques millièmes de watt à comparer aux 70 watts environ pour notre métabolisme au repos. Aucun système sensoriel humain permettant de percevoir de tels champs dans cette gamme de fréquence et de puissance n’a été identifié."
C'est ignorer les effets biologiques athermiques des ondes de la téléphonie mobile, qui a faible puissance désorganisent les processus biologiques et cassent les structures biochimiques, comme le démontrent des centaines d'études scientifiques, telles que : L'exposition aux rayonnements micro-ondes à long terme provoque l'accroissement du cancer : preuves provenant des radars et des systèmes de communication mobile - Revue Ukrainienne - Juin 2011

Sur d'autres sujets, Aurengo défend également la version d'innocuité : Tchernobyl, pesticides... Voir : http://ebookdatabase.net/a/aurengo
Ceci rappelle les propos du Pr Fournier avant et même après que l'amiante ne soit un scandale. Le professeur Fournier fera adopter par l’Académie nationale de médecine un rapport publié en août 1996 sur les estimations de mortalité fantaisistes, la négation des maladies hors exposition professionnelle et la sous-estimation du rôle de l’amiante comme cause des cancers du poumon.

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Analysons cette synthèse, signée le Pr André Aurengo, qui récapitule les arguments de l'innocuité sanitaire de la téléphonie mobile :

Evaluation et gestion des risques des radiofréquences
La licorne et le hérisson
André Aurengo - 16/12/2010
à Télécom Paris Tech et Whist Lab
http://whist.institut-telecom.fr/JBio2010/10-Aurengo.pdf (voir PJ)

Résumé :
Le hérisson, c'est le danger visible, la licorne c'est la légende.
Les ondes n'étant pas visibles, leur danger est donc probablement imaginaire ?


Selon le Pr André Aurengo, chef de service médecine nucléaire à la Pitié Salpétrière, administrateur d'EDF et ancien conseiller Bouygues Télécom (1), les ondes électromagnétiques de la téléphonie mobile souffrent de la même méconnaissance de la part du grand public, que les champs électromagnétiques très haute tension ou des conséquences de l'accident nucléaire de Tchernobyl. Une image négative, qui entache ces technologies de façon injuste et regrettable, est entretenue par des spécialistes de l'invective qui utilisent une peur populaire et influencent les médias au détriment de la vérité scientifique, qui est elle peu médiatisée car très complexe.

Aurengo fut d'ailleurs le rédacteur du communiqué de l'Académie de Médecine en Février 2009 (2), qui est un document sans valeur médicale ni scientifique, pour accuser l'appel des 20 cancérologues sur le danger de la téléphonie mobile (3) de « communiqué alarmiste ».
Or, "les académies n'hésitent pas à réécrire la science pour les besoins de la cause comme nous allons le constater" tel que le publie le média citoyen Agoravox quelques jours plus tard. (4)

Pour lui, en effet, "Il n'y a aucun mécanisme dans le corps humain permettant la détection de ce type de champ électromagnétique, hormis l'effet de chaleur". C'est la version qu'Aurengo donne à la presse pour écarter toute idée de danger lié aux ondes. (5) Or, on sait aujourd'hui que cette déclaration correspond à un état de la science datée de la fin du XIXè siècle. M. Aurengo partage, en effet, avec l'ICNIRP l'ignorance d'une branche entière de la science : le bio-électromagnétisme, qui étudie l'ensemble des effets de l'électromagnétisme sur le vivant. Par exemple, le cerveau émet différentes fréquences électriques selon l'état de conscience (éveillé, endormi...) et il a été démontré que les extrêmement basses fréquences de la téléphonie mobile, qui sont pulsées sur une porteuse micro-ondes, perturbent le fonctionnement et la biologie du cerveau, tel que le démontre plusieurs études et rapports scientifiques (6)

On comprend donc pourquoi il nie le syndrome d'électro-hypersensibilité (EHS) et soutient la récente étude nationale confiée au Pr Choudat, qui ignore les marqueurs biologiques et conclut d'emblée à une orientation psychiatrique des malades.
Dans ce document, il utilise une légende urbaine qui raconte que des personnes se sont plaintes de troubles physiques face à des antennes-relais qui n'étaient pas encore branchées !
L'EHS serait une phobie nouvelle liée à la technologie, une sorte de refus inconscient de la modernité, une peur refoulée du progrès...
Les études sur les effets délétères des antennes-relais sur les cigognes, les bovins ou les rats n'avaient en effet pas pris en compte cet aspect psychologique, qui aurait permis alors de dire que ces animaux imaginaient leur souffrance ! (7)

Cette version d'innocuité en deça de l'effet de chaleur est celle de l'industrie du portable, qui exclut tout effet biologique non-thermique, tel que la perméabilisation de la barrière hémato-encéphalique, le dérèglement de l'activité électrique du cerveau ou l'effet génotoxique des ondes de la téléphonie mobile. (8)

On ne peut, cependant, demander à un médecin nucléaire de tout connaître du bio-électromagnétisme. Mais ce Pr publie ici un argumentaire qui a une prétention scientifique que l'on doit contester car elle répand l'idée que le rejet de la technologie par les populations riveraines d'antennes-relais procède soit d'une peur entretenue par un doute irraisonnable, soit d'une manipulation de l'opinion par les groupes de pression "professionnels" tels Robin des Toits.
Le Pr Choudat, lui, parle d'emblée d'une « réaction de défense mentale » concernant l'EHS et a donc déjà conclu son étude avant même de l'avoir commencée !

Car pour eux, être électrosensible ou se mobiliser contre une antenne-relais en face de chez soi relève de la croyance populaire ou de conflits d'intérêts cachés, tels que ceux qui selon lui existe entre le rapport Biointiative (9) et sa co-éditrice Cindy Sage, qui est propriétaire d'une entreprise de conseil en champs électromagnétiques, alors que ce rapport n'est que la méta-analyse de plus de 1 500 travaux publiés en comité de lecture avant cette publication et qui n'ont jamais été contestés. Ils sont par ailleurs référencés dans ce rapport par 14 scientifiques internationaux sans aucun lien avec l'Industrie.
Il faut remarquer que c'est là son unique argument contre ce rapport récapitulatif, qui a été suivi par plusieurs études venant confirmer ces conclusions : les micro-ondes n'ont pas uniquement un effet de chaleur énergétique sur le vivant mais des effets athermiques sur le système neuro-endocrino-immunitaire : fonctionnement cellulaire perturbé, perméabilisation de la barrière hémato-encéphalique (sang-cerveau), brisures d'ADN...

C'est parce qu'il ignore cela qu'il affirme :
"Etre exposé pendant 24 heures à une antenne à1volt par mètre donne la même exposition de la tête que de téléphoner avec un portable pendant 30 secondes."
Or, cette comparaison n'a aucun sens puisque les valeurs cumulées sur 24h à faible champ sur le long terme peuvent occasionner des dommages plus profonds qu'une exposition courte et répétée. (10)
Si on voulait comparer, une antenne et un portable émettant le même type de signal, c'est plutôt un rapport de 30mn (et non 30 secondes) sur 24h que l'on pourrait observer.

André Aurengo utilise ensuite les arguments d'un rapport officiel de l'AFSSET publié en 2009, pour prétendre que les ondes de la téléphonie mobile ne sont pas génotoxique ni mutagène, contrairement à ce qu'a démontré le rapport REFLEX à l'issu de 4 années de recherche. (11)
Il affirme ainsi :

• mélatonine, radicaux libres, basses fréquences : RAS
• apoptose, barrière hémato-encéphalique : RAS
• aucun mécanisme d’interaction onde-cellule identifié

Nous vous laissons parcourir la littérature scientifique sur ces sujets, pour constater qu'il ne s'agit que de contre-vérités scientifiques.

Mais pour Aurengo, publication n’est pas «vérité». Car une étude doit être répliquée.
C'est bien le cas des plus de 1 500 études du rapport Bioinitiative ou encore l'étude sur l'effet de la téléphonie mobile sur les enfants in utero réalisé sur plus de 13 000 femmes enceintes et répliquées à deux ans d'intervalle (2008-2010). (12)
Aurengo ne voit pas ces études, il les ignore et concentre ses critiques sur celles qui selon lui devraient être répliquées.
Imaginons une seconde que des dizaines d'études prouvent la toxicité d'un produit industriel et que l'on ne change rien sous prétexte qu'il faudrait les répliquer. Ce serait totalement absurde. Et bien c'est ce qu'Aurengo propose.
C'est d'ailleurs ce que d'autres professeurs de médecine ont proposé pour le tabac, l'amiante ou le Médiator...

Il y a aussi l'argument des études contradictoires et qui donc ne peuvent jamais conclure définitivement. Mais de quelles études parle-t-on ? Celles financées par l'industrie qui ont toujours tendance à innocenter le portable et les antennes ? (13)
En effet, certaines études biaisées, confinent les personnes électro-hypersensibles (EHS) à la psychiatrie alors que d'autres, indépendantes, reconnaissent l'absence d'influence psychologique dans ce syndrome. (14)

Les normes et les expertises citées par Aurengo, telle celle de l'ICNIRP ont en effet toutes des conflits d'intérêt avec l'industrie. (15) Elles lui permettent de donner une apparence de sérieux scientifique mais n'ont aucune valeur scientifique réelle.
C'est un peu comme se baser sur les déclarations officielles du Comité Permanent Amiante avant 1996 pour justifier de l'absence de danger sanitaire ! Dans le même esprit, il utilise ensuite des déclarations d'hommes et de femmes politiques, censées renforcer le crédit d'un discours, qui, on le comprend, n'est pas un discours scientifique.

Sa conclusion : tout part d'une peur irrationnelle, comme celle du train au XIXè siècle. Si cette peur engendre une législation contraignante, la peur est alors justifiée et nourrie et sera utilisée par des militants qui ignorent la complexité scientifique de la téléphonie mobile mais qui souhaitent décrédibiliser des entreprises prospères au nom de leur idéal.
Sous-entendu, militant = jaloux-complexé qui manipule les gens avec des données non-scientifiques, afin d'atteindre un idéal de négation de la technologie (!)


Puis il cite ce qui constitue pour lui les" faux" scandales sanitaires :

•retombées de Tchernobyl en France
•OGM
•vaccination contre l’hépatiteB
•téléphones portables «appel des 20»
•eau du robinet / cancéreux
•antennes-relais / procès
•cosmétiques pour nourrissons


Selon lui, les points communs sont :

•pas d’alerte sanitaire
•coups médiatiques
•lanceurs d’alertes professionnels
•vise des entreprises réputées solvables
•argumentaire ténu, voire inexistant
•une recette bien rodée
•exploite une crise de confiance
•oreille complaisante des medias
•Internet
•réfutation complexe, peu médiatisée

Aurengo part donc de l'idée qu'il y a une conspiration organisée par des lanceurs d'alerte, qui utilisent une recette consistant à s'en prendre à la vérité officielle pour imposer des idées de méfiance et de peur.
En épitaphe, cette citation de Luc Ferry :
"Là où réside la nouveauté, c’est la déculpabilisation de la peur. La peur n’est plus présentée comme une peur honteuse, infantile, elle est présentée comme le premier pas de la sagesse."

Mais cela est faux. Car Robin des Toits utilise la connaissance pour alerter l'opinion sur un danger sanitaire réel, et espère susciter une prise de conscience claire et non la peur ignorante ! Voici à ce sujet les arguments récapitulatifs qui démontrent le danger sanitaire de la téléphonie mobile dans son développement technique actuel :
Récapitualtif du danger de la téléphonie mobile (portable, antenne-relais, Bluetooth, Wi-fi...)


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(1) Voir :
- Académique-mac - Le Canard Enchaîné - 23/12/2009
- 'Bouygues active ses relais pour sauver ses antennes' - Le Canard Enchaîné - 11/03/2009

- A propos d'Aurengo d'EDF : "Une campagne de lobbying intensif" - Le Parisien - 21/03/2008


(2) Antennes-relais : trois académies estiment non-justifié de réduire l'exposition - AFP - 17/12/2009


(3) Dangers du portable: l’appel des médecins : le JDD - 15/06/2008


(4) 'Les "antennes relais", cimetière de la crédibilité des académies' - Agoravox - 24/02/2011


(5) Débat entre André Aurengo + Jean-Marie Danjou vs Etienne Cendrier - Sud Radio - 31/10/2011


(6) Voir :
- Rapport du CSIF-CEM sur les antennes relais de la téléphonie mobile - 08/03/2003
- Effet de l'exposition aux ondes du téléphone portable sur le métabolisme cérébral du sucre - 23/02/2011
- 'Utilisation du téléphone portable et troubles comportementaux chez l'enfant' - Divan HA et al. - Etude américaine - 22/09/2010
- 'Troubles cognitifs chez des rats exposés à long terme aux radiations d'un téléphone portable GSM-900' - Nittby H et al. - Avril 2008
- 'Exposition prénatale et postnatale au téléphone portable et troubles comportementaux chez l'enfant' - Divan HA. et al - Juil. 2008
- Abdel-Rassoul et al. : Effets neurocomportementaux parmi les riverains d'antennes-relais de téléphonie mobile - Juil. 2006


(7) Voir :
- Etude des 'effets possibles des champs électromagnétiques des antennes relais sur une population de cigognes blanches' - Oct. 2005
- ETUDE allemande : comportement des vaches laitières sous l’influence des CEM - 07/04/2002
- Perméabilité de la barrière sang-cerveau de rats exposés aux micro-ondes des téléphones portables - Etude australienne - Oct. 2008
- ETUDE : surmortalité des rats soumis aux ondes GSM / Wifi à faibles doses sur le long terme : RTBF et RTL-TV du 24/06/2008
- 'Troubles cognitifs chez des rats exposés à long terme aux radiations d'un téléphone portable GSM-900' - Nittby H et al. - Avril 2008
- Expériences sur embryons de poulets et de rongeurs - (1998-2006)
- Les ondes des mobiles "fatales" pour nos abeilles - Mai 2011*
- Etude allemande sur le changement comportemental des abeilles sous une exposition électromagnétique type mobile (portables, DECT) - 2005


(8) Etudes et rapports (cerveau, sang, sperme...)


(9) Le rapport « BioInitiative » : les preuves scientifiques des dangers pour la santé de la téléphonie mobile - Août 2007


(10) CONGRÈS INTERNATIONAL D’ÉLECTROMAGNÉTISME – CEM EXPO 2003


(11) Rapport « REFLEX » de l'Union européenne : 2000-2004


(12) Voir :
- 'Exposition prénatale et postnatale au téléphone portable et troubles comportementaux chez l'enfant' - Divan HA. et al - Juil. 2008
- 'Utilisation du téléphone portable et troubles comportementaux chez l'enfant' - Divan HA et al. - Etude américaine - 22/09/2010


(13) Voir :
- 'Source de Financement et Résultats des Études sur les Effets sur la Santé de l'Utilisation du Téléphone portable' : Huss A & al. - 2007
- 'Le Culte des Résultats Négatifs' - Dr Louis Slesin - Juillet 2006
- 'Liens secrets avec l'industrie et conflits d'intérêts dans la recherche sur le cancer' - Hardell et al. - 2006


(14) ETUDE américaine sur l'EHS : preuve du syndrome neurologique et exclusion du rôle psychologique - 28/07/2011


(15) Voir :
- Communiqué de Franz Adlkofer, Verum - Fondation, coordinateur général de l'étude REFLEX - 06/10/2007
- Critique : ICNIRP 1998 : 'Guide pour l’établissement de limites d’exposition aux champs électriques, magnétiques et électromagnétiques''

La licorne et le hérisson - Aurengo  (405.51 Ko)


Robin Des Toits
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