Saint-Julien en Beauchêne (Hautes-Alpes) / "Bientôt une zone blanche pour se protéger des ondes ?" - Le Dauphiné Libéré - 27/09/2012



La chartreuse de Durbon, à Saint-Julien-en-Beauchêne, est un centre de vacances qui appartient à la Caf des Bouches-du-Rhône. Les électro-hypersensibles espèrent qu’une zone blanche va y voir le jour. Photo DL/ VIRGILE

C’est l’espoir de personnes qui veulent survivre. Celui d’Anne Cautain, réfugiée dans une caverne des Hautes-Alpes puis une autre pour échapper aux champs électromagnétiques, et celui de centaines d’électro-hypersensibles – leur nombre n’est pas connu – en France, qui souffrent physiquement.

Avec les téléphones portables notamment, les ondes sont omniprésentes, à la ville comme à la campagne. Résultat : les plus handicapés vivent dans des abris de fortune, se terrent dans des forêts ou des grottes, là où les rayonnements sont moins forts. Tous réclament la création de “zones blanches”, préservées des ondes.

À Saint-Julien-en-Beauchêne, un projet existe. Il concerne le site de Durbon. Ce vaste centre de vacances se trouve dans une forêt domaniale ; il appartient à la caisse d’allocations familiales des Bouches-du-Rhône. Qui aurait le projet de vendre ce bien. Des discussions sur le sujet sont en cours depuis plusieurs mois entre les associations qui soutiennent les électro-hypersensibles, la Caf, la préfecture des Hautes-Alpes et la mairie.

“Il faut zéro pollution électromagnétique”

La députée européenne Michèle Rivasi (Europe Écologie – Les Verts) s’est saisie du sujet. L’élue – qui préside le Centre de recherche indépendant sur les rayonnements électro-magnétiques (Criirem) après avoir fondé la Criirad au lendemain de Tchernobyl – a rencontré les parties prenantes et les femmes qui vivaient dans la grotte de Baumugnes, à Saint-Julien-en-Beauchêne. « Les gens ont l’air à peu près d’accord. Je suis en train de financer une étude d’impact sur la pollution magnétique résiduelle dans ce lieu. Il y a une antenne de téléphonie et une ligne électrique qui posent problème.

Pour créer une zone blanche, il faut zéro pollution électromagnétique. » L’idée serait donc de trouver des solutions avec le ou les opérateurs de téléphonie et EDF, pour que les ondes “évitent” Durbon. Michèle Rivasi compte sur la région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour financer l’étude.

Le maire est favorable au projet, mais veut que l’État assume ses responsabilités

Le maire de Saint-Julien-en-Beauchêne a « l’impression que rien n’a bougé » ces derniers mois. Jean-Claude Gast est favorable à la création d’une zone blanche, qui lui semble « très utile ». Mais pas n’importe comment. « Il y a un problème de santé publique qui n’est pas du ressort du maire d’une petite commune. Si on ne fait pas de diagnostic de cette maladie, qui va-t-on accueillir ? S’il n’y a pas de garde-fou sanitaire précis, ça fera plus de mal que de bien. »

Il veut donc que l’État assume ses responsabilités. « Imaginons que 150 personnes vivent en permanence à Durbon. La situation serait résolue pour eux, mais pour les autres ? Il faut une politique à long terme ; une zone blanche ça peut être expérimental, mais ce n’est pas une solution à long terme. » Si le projet devait aboutir, ce serait une première. Le principe consisterait à accueillir des électro-hypersensibles dans des logements adaptés à leur mal, car en résumé, le degré d’intolérance aux différents types d’ondes varie d’une personne à l’autre. Une zone blanche implique également un suivi médical sur place, car les “naufragés des ondes” ne peuvent se déplacer.

Michèle Rivasi espère du concret dans les mois à venir, à Durbon ou ailleurs. « Parce que laisser ces gens dans cette marginalité, c’est inadmissible. Il faut bouger. »

REPERES

L’électro-hypersensibilité

Les technologies sans fil (téléphones mobiles ou sans fil, wifi, wimax, compteurs Linky, ampoules basse-tension) émettent des champs électromagnétiques artificiels pulsés. Les personnes dites électro-hypersensibles sont celles qui en souffrent.

Les symptômes qu’elles décrivent sont nombreux : douleurs, maux de tête, pertes de mémoire, vertiges… Cette pathologie n’est pas reconnue par les autorités sanitaires et les pouvoirs publics

Une pétition
Les parents d’Anne Cautain, électro-hypersensible qui vit entre la Drôme et les Hautes-Alpes, viennent de lancer une pétition adressée au Premier ministre Jean-Marc Eyrault : “Une zone blanche d’urgence en France”.

À retrouver sur la plateforme avaaz (taper “avaaz zone blanche” dans un moteur de recherche).



Robin Des Toits
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