'Portables et santé : le point avec Robin des Toits' - version Femina - 04/06/2009



Le Grenelle des ondes vient de se terminer mais le débat sur les portables et les antennes relais font plus que jamais débat. Nous avons rencontré Etienne Cendrier, porte parole de l’association Robin des Toits, afin qu’il nous dise comment, et pourquoi, cette association souhaite faire appliquer le principe de précaution.


L’association Robin des Toits

Quand l’association a -t-elle vu le jour ?
Etienne Cendrier - On est né en 2005, mais ça fait bientôt 9 ans que nous sommes concernés par la téléphonie mobile car les gens de Robin des toits sont à l’origine presque tous issus de l’association PRIARTéM. Au début, cette association s’était mobilisée pour des raisons paysagères, elle ne trouvait pas les antennes relais jolies ! Puis nous avons connu il y a 4 ans des pressions juridiques et c’est à ce moment-là qu’il y a eu une scission et que Robin des Toits est née.

Comment êtes-vous arrivé à ce combat lié aux dangers potentiels des champs électromagnétiques ?
Etienne Cendrier - C’est à partir de 1998 que la téléphonie mobile s’étend dans le public. En ce qui me concerne, j’ai vu des antennes s’ériger devant l’école de mes enfants. Je ne savais absolument pas ce que c’était et je suis alors tombé sur un article de « Sciences et avenir. » (*) On y formulait la fameuse phrase « La nocivité n’est pas prouvée ». Cela m’a paru extrêmement louche, j’ai donc commencé à récupérer des infos auprès de scientifiques. J’ai aussi demandé à mon père, qui a une formation d’ingénieur, de me former et j’ai pu alors comprendre de quoi il retournait quand on me parlait d’ondes. Je me suis rendu compte que le dossier au niveau de ses coutures n’était pas traité normalement. Il y avait par exemple des assurances qui cessaient de couvrir les compagnies de téléphonie mobile pour tous les risques sanitaires liés aux émissions de champs électromagnétiques. Ça rappelait fortement ce qui s’était passé pour l’amiante où, à partir de 1919, des compagnies américaines et anglaises ont cessé de couvrir les industriels. Il y a d’ailleurs eu la même chose pour le tabac. Les scientifiques qui nous disaient qu’ il n’y avait pas de soucis étaient en lien financier direct avec les industriels concernés. Ils étaient juges et parties. Les pouvoirs publics ne prenaient pas du tout en compte la problématique sanitaire et allaient tout le temps dans le sens du lobby.

Comment expliquez-vous cela ?
Etienne Cendrier - Le but des scientifiques ce n’est pas de dire qu’il n’y a rien, c’est de dire que tant qu 'ils ne l’ont pas vu eux-mêmes, ça n’existe pas. Chaque fois qu’une étude prouve que ces ondes sont dangereuses, il y a une autre étude financée par les industriels pour dire qu' il n’y a pas de danger. Quand on découvre quelque chose en science, il est tout à fait normal de dupliquer l’étude. Ce qui est tout à fait anormal en revanche, c’est qu’on ne tienne pas compte du résultat jusqu’à sa réplication. Selon l’industrie de la téléphonie mobile, ils possèdent dans leurs conseils scientifiques les meilleurs chercheurs. C’est tout de même étrange que ces derniers ne trouvent jamais rien, alors que les scientifiques indépendants, eux, trouvent des choses.


Les dangers des émissions

Qu’ont constaté les scientifiques indépendants ?

Etienne Cendrier - Le type d’émissions de la téléphonie mobile et de ses extensions, comme le WI FI et le WIMAX, est bien particulier, ça n’a rien à voir avec la télé et la bande FM, contrairement à ce que prétendent les opérateurs de portables. Ce serait un peu comme comparer un litre d’eau et un litre de Whisky. Certes ce sont deux liquides, comme la télévision ou le portable dégagent des ondes électromagnétiques. Mais la comparaison s’arrête là.
Les ondes de la téléphonie mobile sont très particulières parce qu’elles ne sont pas continues, contrairement à celles de la télévision ou de la radio. Pour ces dernières, nous les traversons, nous sommes transparents pour elles.
En revanche, les ondes émises par la téléphonie mobile sont arrêtées par les tissus vivants. Et en plus, elles sont saccadées. Ce sont des ondes pulsées en extrêmement basses fréquences, il y a un effet de hachage, une espèce d’effet micro mitrailleuse d’ondes. Ça va rentrer dans notre organisme et ça va perturber notre propre fonctionnement électromagnétique. Parce que tout l’échange biochimique au niveau de l’organisme est conduit par des émissions électromagnétiques. Les scientifiques indépendants ont établi qu’une exposition trop longue à ce type d’ondes cassait l’ADN.

Concrètement, quels sont les risques à une trop grande exposition ?
Etienne Cendrier - La production de la mélatonine, qui est une hormone très importante pour la régulation des rythmes biologiques notamment pour le sommeil, est perturbée. Cette même mélatonine nous permet aussi de lutter au quotidien contre les agressions cancérigènes.
Il y a aussi un impact sur les communications intercellulaires au niveau des membranes, tant sur le plan nutritif que sur le plan respiratoire. Et puis ça nous fait perdre l’étanchéité de la barrière hémato encéphalique, c’est à dire du sang au cerveau.
Le danger touche davantage les enfants, qui ont une boite crânienne plus fine que les adultes. Ils ne devraient pas avoir de portables. D’ailleurs, les scientifiques officiels des gouvernements britanniques et russes demandent l’interdiction de portables pour les moins de 14 ans. Mme Bachelot dit qu’ il ne faut pas que les moins de 10 ans l’utilisent à l’école, mais ce n’est pas suffisant, il ne faudrait pas qu’ils l’utilisent avant 14 ans point !
Il y a déjà eu des constats d’hyper activité, d’activation d’épilepsie et de tumeurs cérébrales. Avec une exposition fréquente aux portables et aux consoles Wi qui marchent au WIFI, le bilan peut être absolument catastrophique.
Une grande campagne d’information va sortir prochainement à ce sujet, elle visera les enfants, mais aussi les femmes enceintes, qui doivent également se passer de téléphone mobile.


La norme souhaitée

Où se situe la France dans son approche de la téléphonie mobile ?
Etienne Cendrier - Il y a énormément de batailles juridiques face aux portables dans tous les pays où les gens ont autre chose à faire que de se trouver à manger. Le site de Robin des Toits est d’ailleurs visité par des internautes du monde entier. Le Lichtenstein a l’intention de passer aux normes des 0,6 volt par mètre en 2012. En France, de nombreux villages et villes souhaitent également appliquer cette réglementation, comme Grenoble, Pau, Courbevoie et des dizaines d’autres.

Quelle est cette norme ?
Etienne Cendrier - Cette norme de 0,6 volt par mètre est le seuil d’exposition réclamé par les scientifiques indépendants internationaux. C’est au dessus de cette mesure que nous voyons apparaître des effets sanitaires.
Nous n’avons jamais vu personne s’opposer aux antennes relais tant que cette norme était respectée. On demande donc aux opérateurs de s’engager dans cette direction. Devant leur refus, nous allons donc tester ce 0,6 v/m dans plusieurs villes ou villages pour leur montrer que nous n’avons pas besoin de plus pour pouvoir avoir accès à la téléphonie mobile.

Les ondes de la téléphonie mobile sont-elles plus nocives que celles émises par le WIFI ou le WI MAX ?
Etienne Cendrier - Les WIFI et WIMAX ont été les grands oubliés du Grenelle, et il y a très peu d’études faites sur ces deux réseaux. Pour l’instant, seul le gouvernement hollandais en a publié une sur le WIMAX qui montre qu’au bout de 3 quarts d’heure d’exposition à un niveau très faible, soit 0,3 v/m, on rencontre des problèmes cognitifs, des vertiges ou des nausées.
Le WIFI a les mêmes fréquences. Les gens semblent encore plus sensibles à ces fréquences-là. Les contribuables ont déjà payé pour équiper 98 % du territoire d’un réseau de fibre optique et d’un réseau filière, nous n’avons pas besoin de doublonner des réseaux déjà existants pour du WIMAX ! Quant au WIFI, ce n’est que du moyen débit dont les ondes sont dangereuses, seul le réseau filière demeure fiable et sans danger. A moindre échelle, les téléphones sans fils des maisons sont aussi à éviter.


Les électro hyper sensibles

On parle de plus en plus d’E H S, qu’est-ce que cela signifie ?
Etienne Cendrier - Les Electro hyper sensibles sont des personnes qui développent un syndrome d’intolérance aux champs électromagnétiques. Ces gens E H S font une intolérance aux ondes de la téléphonie mobile et aux émissions qu’on trouve sous les lignes de haute tension.
Ce trouble grave est déjà reconnu en Suède, où l’état indemnise les victimes pour qu’ils puissent protéger leurs appartements. Toutefois, le lien entre cette maladie et les champs électro magnétiques n’a pas encore été fait dans ce pays, contrairement aux Etats-Unis où, le 29 mars dernier, les états du Connecticut et la Floride ont reconnu l’électro sensibilité comme liée aux champs électromagnétiques. C’est un énorme pas en avant, ils ont depuis décrété ce mois de mai comme mois de prise de conscience de l’existence de l’électro sensibilité.

Quelles sont les symptômes des personnes électro hyper sensibles ?
Etienne Cendrier - De gros maux de tête avec une sensation d’effet étau incapacitant, ils se sentent écrasés, vraiment mal. La plus connue des électro hyper sensibles c’est Madame Gro Harlem, ancienne directrice Générale de l’OMS, qui ne pouvait pas s’approcher d’un portable allumé. Elle peut d’ailleurs sans jamais se tromper détecter à distance si un portable avoisinant est allumé ou éteint.
On a créé au sein de l’association Robin des toits le réseau EHS, car ces personnes peuvent se sentir très seules. Des enfants commencent à le devenir.
Le Centre de recherche indépendant sur les rayonnements électromagnétiques est en train de réaliser une étude sur ce phénomène, menée par le professeur Belpomme. Il a déjà rencontré 250 patients et compte en voir 300. En Suède, il s’en auto dénombre déjà 300 000 atteints de ce trouble.


Comment se protéger

Il existe donc un « téléphonisme » passif !
Etienne Cendrier - Exactement. Ce qu’il y a de pire, c'est dans les transports en commun. Les gens qui ne sont pas au courant et qui utilisent leur portable dans les trains ou dans les voitures se trouvent dans une espèce de cage de farfadet. Comme le téléphone doit émettre plus fort pour sortir et qu’il y a en plus des réflexions sur les parois métalliques, les gens d’à côté s’en prennent plein la pomme.
La SNCF veut même installer du WIFI dans le TGV. Nous demandons qu’il y ait des wagons avec et des wagons sans, que nous puissions au moins avoir le choix de subir, ou non, ces champs électromagnétiques !
C’est aussi pour cette raison que les antennes relais se doivent d’être autant au cœur du débat que le portable. Car le portable est un risque choisi, on décide ou non de l’avoir, tandis que les antennes relais c’est l’ossature du système, on les subit, d’où l’importance d’appliquer le principe de précaution.

Y a-t-il des moyens de nous protéger ?
Etienne Cendrier - Nous trouvons plein de gadgets sur le marché. Certains d’ailleurs créent l’effet inverse, il faut se méfier. La seule « bonne » façon d’utiliser son portable c’est avec une oreillette filière, en s’assurant que le fil vous touche, par exemple en le prenant dans la main, pour que l’émission ne monte pas directement dans la tête. Eviter surtout le blue tooth qui fait office de mini antenne relais sur l’oreille ! Privilégier le haut-parleur de l’appareil, en le tenant loin de soi.
Ne pas téléphoner dans les trains ni dans les voitures, et pas à côté des enfants. Ou alors s’en éloigner d’au moins 3 mètres. Les femmes enceintes ne devraient pas l’utiliser. Quant aux objets anti-ondes, il y a des choses qui fonctionnent très bien. Mais l’association ne fait la publicité d’aucune protection car pour nous, ce n’est pas la bonne solution. Sinon il y a ceux qui sont au courant, ceux qui ne le sont pas, ceux qui peuvent se les payer et ceux qui ne le peuvent pas. C’est totalement inégal.
Pour toutes ces raisons, les protections individuelles ne résolvent rien. La solution pour tout le monde, c’est la réglementation.


Devenir un Robin des Toits

Concrètement, comment fonctionne l’association Robin des Toits ?
Etienne Cendrier - L’association fonctionne uniquement avec l’aide de bénévoles. On vit grâce à des adhésions, on ne demande aucune subvention ce qui nous permet de garder notre indépendance, sauf à deux reprises avec la fondation Terre humaine. Le nombre d’adhérents est en croissance continue, nous recevons entre 50 et 70 adhésions par mois. J’en profite pour demander un peu de patience à tous nos nouveaux adhérents pour recevoir leur carte. Mais qu’ils ne s’inquiètent pas, ils la recevront. Les gens peuvent s’inscrire individuellement ou en collectif. Nous leur conseillons de s’inscrire plutôt collectivement ou en association car localement, ils pèseront beaucoup plus fort. Il y a déjà plus de 250 associations et collectifs adhérents à Robin des Toits.

Justement, comment faire pour partir en justice si nous subissons des troubles de voisinage à cause de l’implantation d’une antenne relais ?
Etienne Cendrier - Voici ce que conseille Maître Forget, notre avocat, pour des gens qui habitent par exemple en HLM : si les locataires de ces immeubles n’ont pas les moyens de porter plainte, ils peuvent toutefois faire des mini « class action », comme ça se fait aux Etats-Unis. On peut avoir des milliers de plaintes contre une seule cause. Il suffit que les gens qui ont des antennes relais sur leurs toits se rassemblent à plusieurs, une dizaine ou plus. Comme c’est le trouble anormal de voisinage qui est invoqué, l’avocat va aller voir les assurances. Car dans le cadre des contrats habitation que les gens ont, il y a une franchise juridique qui va de 500 à 800 euros. Donc en cumulant ces franchises juridiques, ça leur permet de faire avancer leur cas et de pouvoir se payer une action en justice. Ça approvisionne aussi l’étendue de la procédure s’il y a appel.

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Source : http://www.femina.fr/psychologie/societe/portables-et-sante-le-point-avec-robin-des-toits/devenir-un-robin-des-toits

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Voir également :

(*) - 'Antennes relais téléphone - 100 000 Français très exposés' : Sciences et Avenir - Septembre 2000

- MISE EN GARDE du Comité Russe de Protection contre les Rayonnements Non-ionisants sur l'utilisation du portable par les enfants

- Le 'Rapport Stewart' - l'expertise officielle britannique (2001-2005)

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Robin Des Toits
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