'Pathologie des Fréquences Radio (RF) dans l’Etude de Lilienfeld : Un Effet des Micro-ondes ?' Ana G. Johnson Liakouris - 1998

Etude confirmant les travaux de Lilienfield de 1978 sur le Syndrome des Micro-ondes décrit par l'observation des symptômes et pathologies présentés par le personnel de l'ambassade des Etats-Unis à Moscou pendant la guerre froide, exposé à des émissions radars de 10 microwatts par cm² (équivalent à 6,14V/m)



Par Ana G. Johnson Liakouris, Twin Streams Educational Center, Inc. Carrboro, North Carolina (USA). (Archives of Environmental Health, May-June 1998, Vol 53, 3 , pp.236-238)
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Résumé : Il existe une controverse parmi les professionnels, quant au fait que le syndrome pathologique des radiations de fréquences radio constitue une réalité médicale. Dans l’étude présente, cette controverse a été évaluée grâce à une méthodologie adaptée à partir de l’étude de cas. L’auteur a passé en revue la littérature américaine, laquelle a révélé que les résultats de recherche sont suffisamment consistants pour garantir les résultats d’une prospection ultérieure. Un examen des effets statistiquement significatifs observés dans l’Etude de Lilienfeld a apporté la preuve que les états de santé dont on n’avait pas tenu compte confortent l’accumulation d’indices à attribuer au syndrome pathologique des fréquences radio et établit donc une corrélation possible entre les effets sur la santé et l’exposition chronique à des radiations de micro-ondes modulées, de faible intensité. L’auteur discute de ces effets sur la santé en tenant compte (a) des paramètres d’exposition enregistrés à l’Ambassade des USA à Moscou et (b) des normes de sécurité soviétiques d’exposition du public de 10 microwatt / cm2. Etant donné ces évidences, de nouvelles recherches – adaptées aux connaissances et technologies actuelles – sont proposées.

 

Revue de la Littérature des Etudes sur l’Humain

Le syndrome pathologique lié aux fréquences radio est l’objet d’une controverse médicale aux USA. Il s’agit d’une réponse systémique humaine à l’exposition chronique aux fréquences radio à faible intensité. Elle a été identifiée au cours des années 1950 par les chercheurs soviétiques affectés à la recherche médicale [1], lesquels l’ont appelée le syndrome névrotique. Parmi les symptômes, on peut citer des maux de tête, des troubles oculaires, la fatigue, des vertiges et des perturbations du sommeil [2].Aux USA, des professionnels ont largement rejeté les publications concernant ce syndrome, en le considérant comme subjectif et en indiquant qu’il résulte de biais dus aux effets de suggestion. Néanmoins, le syndrome pathologique des fréquences radio a été reconnu légalement sous les termes « maladie des radiations des micro-ondes »[3]. Ce n’est que dans le cadre médical soviétique [1-4]que les manifestations cliniques suivantes sont acceptées : entre autres le dermographisme (c’est à dire des formes de psoriasis, d’eczéma, ainsi que des perturbations cutanées inflammatoires et allergiques), des tumeurs, des modifications hématologiques, des anomalies cardiovasculaires reproductibles, des dépressions, de l’irritabilité, et des pertes de mémoire. En 1978, Justesen et al. [5] ont reconnu que les recherches soviétiques ont une « validité écologique », mais qu’elles ne visent pas de normes de sécurité pour le public (c’est à dire 10 microwatt/cm2). Dans sa revue de 1985 [4], Mitchell confirme que les chercheurs soviétiques considèrent que l’existence des manifestations neurologiques doivent être prouvées. Aux USA, les professionnels ont simplement nié le syndrome.

La littérature disponible aux USA contient des informations confortant le fait que le syndrome pathologique des fréquences radio est bien une entité médicale. Des études concernant les expositions professionnelles [1, 2, 7-11, 17] réalisées entre 1953 et 1991 ainsi que des cas cliniques [12-15] d’exposition aiguë relatés entre 1957 et 1993 apportent des preuves substantielles quant à ce syndrome. Les chercheurs soviétiques affirment que le syndrome est réversible à des stades premiers, mais qu’il devient mortel au cours du temps [16]. La critique la plus valable consiste à dire que l’on manque de résultats d’études montrant une relation de cause à effet en fonction de paramètres précis d’exposition.

 

La pathologie des radiations de Fréquences Radio dans l’Etude de Lilienfeld

L’Etude du Statut du Service de Santé à l’Etranger John Hopkins [17, 18](c’est à dire l’Etude de Lilienfeld), contient à la fois des données médicales et des paramètres d’exposition dûment enregistrés. Il faut cependant noter que les investigateurs n’ont pas évalué les données relativement au syndrome pathologique des fréquences radio. Les investigateurs ont mené l’Etude de Lilienfeld durant la période d’irradiation par micro-ondes de l’Ambassade US à Moscou entre 1953 et 1976.

Dans la littérature publiée aux USA, les investigateurs ont admis que les taux élevés de lymphocytes et les maladies intestinales à protozoaires étaient les seuls signes pathologiques statistiquement significatifs observables sur le personnel de l’ambassade des USA à Moscou, par rapports à des sujets témoins. Dans l’étude, les investigateurs ont conclu qu’au moment des analyses, il n’y avait pas de preuve évidente permettant d’impliquer directement l’exposition aux radiations de micro-ondes dans la genèse d’un quelconque effet nocif pour la santé.

Cependant, il faut noter que dans l’Etude de Lilienfeld, on n’a pas tenu compte d’autres effets statistiquement hautement significatifs par rapport aux sujets témoins [18]. Quatre, parmi ces effets sont des manifestations cliniques que les chercheurs soviétiques ont attribuées à la pathologie des fréquences radio :

le dermographisme (c’est à dire des formes de psoriasis et d’eczéma, et des troubles cutanés inflammatoires et allergiques),

des troubles neurologiques (c’est à dire des pathologies du système nerveux périphérique et des ganglions parmi les personnes de sexe masculin),

des troubles de la reproduction (c’est à dire des problèmes durant la grossesse, durant l’accouchement et des affections puerpérales),

des tumeurs (bénignes parmi les hommes et malignes parmi les femmes).

D’autres revues ayant pour objet l’Etude de Lilienfeld contenaient des informations concernant des modifications hématologiques manifestées parmi le personnel de l’ambassade des USA à Moscou [9-19]. Trois, parmi les effets décrits sont des modifications de l’humeur attribuées au syndrome en question :

L’irritabilité,

La dépression ,

La perte d’appétit

Deux, sont des déficits fonctionnels, également attribués au symptôme

Des difficultés de concentration

Des problèmes d’accommodation visuelle.

Les résultats des recherches passées et actuelles [20, 21] ont vérifié les effets neurologiques résultant de l’exposition à des micro-ondes ; il s’agissait des effets que le chercheurs soviétiques attribuaient au syndrome des fréquences radio. Tout ceci confirme donc bien l’existence du syndrome de la pathologie des fréquences radio.

Les paramètres d’expositions relevés [18-22] concernaient des ondes constantes de fréquences radio de micro-ondes, modulées en larges bandes. La bande de fréquences était située entre 0,6 et 9,9 GHz (600 et 9.900 MHz). Les expositions se produisaient de 6 à 8 heures par jour, 5 jours par semaine. Chaque modulation (c’est à dire en phase, en amplitude et en impulsion) n’était émise que pendant 48 heures (ou moins) par période. L’exposition moyenne par individu a été de 2 à 4 ans. La plage d’intensité était située entre 0,002 et 0,028 mW / cm2 (2 et 28 microwatt par cm2). Les intensités ( densités de puissance) étaient 1.000 fois en deçà des lignes directrices des normes de sécurité proposées aux USA [8], mais cette plage d’intensité répondait aux normes de sécurité d’exposition appliquées pour le public en général, en Union Soviétique. Il s’agit là d’un fait qui doit retenir l’attention quant aux propriétés des paramètres d’exposition.

La meilleure comparaison dont on peut faire état pour ces paramètres [23-25] est fournie par le système de radar soviétique à détection à distance destiné aux applications médicales, décrit par Lin [23]. Les expositions mesurées à l’ambassade des USA à Moscou étaient situées dans les plages d’intensités d’émission (densités de puissance) de celles produites par ces systèmes radar. Les densités moyennes de puissance situées entre 1 microwatt / cm2 et 1 mW / cm2 (1.000 microwatt / cm2) étaient suffisantes pour observer à distance des effets physiologiques. Etant donné que les normes de sécurité soviétiques étaient de 10 microwatt / cm2 et que les médecins soviétiques appliquaient pour leurs instruments une norme de10 milliwatt / cm2, une donnée implicite doit être retenue : les modulations capables de provoquer des signaux biologiques à partir de sites biologiques spécifiques ont une signification clé. Donc, nous pouvons avancer :

que des effets nuisibles significatifs pour la santé et le comportement, tels ceux observés dans l’Etude de Lilienfeld, peuvent être attribués à des expositions chroniques à des radiations de micro-ondes de faible intensité, modulées de façon adéquate,

qu’une telle relation peut être vérifiée empiriquement.

En 1995, l’Agence Américaine de Protection de l’Environnement (EPA) et le Conseil National Américain de Protection contre les Radiations (NCRP) ont établi la nécessité de citer formellement les dangers pour la santé des radiations de fréquences radio modulées.

 

Conclusion

Les revue de la littérature existante ainsi que l’Etude de Lilienfeld confortent par des preuves l’existence médicale du syndrome de la pathologie des fréquences radio. Ces preuves plaident également en faveur de nouvelles recherches dans lesquelles des connaissances techniques biomédicales et des appareillages récents seront utilisés.

 

Références bibliographiques

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[4] Mitchell CL. Soviet research on microwave-behavior interactions in Monahan J. and al. (Eds). Behavioral Effects of Microwave Radiation, 1985 ; pp. 1-8, U.S. FDA 85-8238.
[5] Justesen D., Guy A. Opschuk J. et al. Research on health effects of nonionizing radiation. United States House of Representatives : Hearing Committee on Science and Technology, July 12, 1978. N° 52-3620, pp. 356-366, 1979.
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Remerciements

Nous remercions le Prof. John R. Goldsmith, M.D., Faculté des Sciences de la Santé, Univ. Ben Gurion du Negev, Israël, d’avoir bien voulu faire une révision critique de cette étude, ainsi que le Prof. André Vander Vorst, Ph.D., Directeur du Laboratoire des Hyperfréquences de l’Université Catholique de Louvain, Belgique, pour ses encouragements à poursuivre le travail entrepris. Nous remercions également Daniel H. Pollitt, Kenan, Professeur émérite, de l’Ecole de Droit, à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill pour son assistance juridique.

Soumis à la publication le 22 avril 1997, accepté le 16 oct. 1997.

Demandes de tirés à part : Ana G. Johnson Liakouris, Ph.D., Twin Streams Educational Center, Inc., 243 Flemington St., Chapel Hill, NC 27514, USA.

Note du traducteur :

La densité de puissance à proximité de la tête d’un utilisateur de téléphone GSM est située entre 400 et 2000 microwatt / cm2. La fréquence de 900 MHz (0,9 GHz) est modulée en basses fréquences par l’appareil.

Une antenne-relais de téléphones cellulaires GSM multicanaux peut émettre à 50 mètres jusqu’à 10 microwatt / cm2.

La norme d’exposition maximum du public que tente de faire adopter sous peu la Commission Européenne pour la fréquence de 900 MHz des téléphones portables (GSM ou NATEL en Suisse) est de 450 microwatt / cm2 ce qui ne tient compte que des effets dus à l’échauffement et ne rencontre en rien les effets à long terme des expositions chroniques telles celles mentionnées dans l’article qui précède !



Robin Des Toits
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