"Paris, le combat des ondes" - Bakchich - 18/11/2011



Depuis l’été dernier, la mairie de Paris n’est plus sur la même longueur d’ondes avec les opérateurs de téléphonie mobile. La charte de 2003 est arrivée à échéance et les deux parties jouent un véritable bras de fer. Ambiance


« Nous sommes agréablement surpris par l’attitude de la mairie de Paris  » glisse Etienne Cendrier. Peu tendre avec les politiques, le porte-parole de l’association Robin des toits souligne l’attitude inédite de la capitale. Depuis mi-septembre, les discussions sur une nouvelle charte sont au point mort et un véritable bras de fer oppose les élus et les opérateurs de téléphonie mobile. Le sort de Paris pourrait donner des idées. Selon nos informations, les écologistes et les socialistes auraient discuté dans le cadre des négociations pour la Présidentielle d’une remise à plat du seuil d’exposition nationale et de la protection des enfants. Aujourd’hui de 41 volts par mètre, le seuil se rapprocherait des 0,6 volts, le seuil préconisé par la recherche indépendante et les associations de protection des ondes.




En 2003, la charte parisienne fixait le rayonnement d’une antenne sur une moyenne à 2 volts par mètre. Une «  limite absurde  » selon Pascal Julien, écologiste, adjoint au maire de Paris aux espaces verts, qui ne tient pas compte des pics d’émission qui vont bien au-delà, «  entre 4 et 6 voire plus  » précise-t-il. En 2009, une petite révolution voit le jour. Par le vœu pieu de Bertrand Delanoë, un panel de Parisiens choisis au hasard a auditionné des associations, opérateurs et spécialistes en tout genre pour finalement préconiser de limiter les pics de rayonnement à 0,6 volt. C’est ce qu’on appelle la conférence des citoyens dont les conclusions ont été adoptées par le Conseil de Paris..



 Je peux avoir ton O,6 ? 



«  L’objectif des 0,6 sera difficilement atteignable, modère Renaud Martin- en charge du dossier pour Denis Baupin maire-adjoint EELV au développement durable-  mais c’est la direction à prendre. » «  La ville a d’ailleurs lancé une étude de micro-antennes capables de baisser le seuil d’exposition. Si une substitution totale est techniquement impossible, un remplacement partiel et progressif est envisageable. D’autant que les antennes vieillissent et doivent bien être recouvrées.  » Mais pas de place pour les bons samaritains au royaume des ondes. Les opérateurs sous la bannière de la FFT (fédération française des télécoms) veulent un rehaussement du seuil d’exposition entre 10 et 15 volts ! Contacté par Bakchich, la fédération joue l’euphémisme «  On a ‘proposé’ 10 volts, on ne l’a pas ‘demandé’. Et c’est une valeur théorique qui ne sera jamais atteinte.  » «  Puis c’est le jeu de la négociation, Paris a fait des propositions très dures, nous aussi.  » La preuve puisque les opérateurs ont demandé ou plutôt « proposé » la fin de l’arbitrage définitif de la commission de concertation. En clair la fin d’une commission composée de riverains, d’associations et des mairies d’arrondissement qui avaient le mérite de verrouiller certains projets, les retarder voire les refuser. Une simple consultation suffirait donc pour la FFT… qui souhaite aussi s’abstenir de communiquer la date d’activation des antennes. Un comble, plus on installe d’antennes, moins on veut communiquer !



Avec l’arrivée des Smartphones et l’augmentation des transferts de données (+5% par semaine à Paris selon Robin des Toits), les sociétés de téléphonie mobile sont à cran. Elles souhaitent être le plus libre possible dans leurs capacités d’émissions puisque l’arrivée de la 4G et de Free (dont le fondateur Xavier Niel a longtemps été l’un des principaux actionnaires de Bakchich) vont multiplier les besoins. L’opérateur qui ne peut se passer de Paris a en effet prévu et négocié de nombreux points de chute pour ses antennes. Et s’il ne fait pas partie de la FFT, Free, qui a toujours tout compris, cale sa position sur celles des nouveaux copains de la fédération.



Oh toit, mon toit


Mais la mairie de Paris a quelques moyens de pression : 186 antennes sont sur ses toits et leur bail, arrivé à expiration, pourrait ne pas être renouvelé. Par ailleurs, toute nouvelle demande d’installation est pour l’heure gelée. Et le bailleur social Paris Habitat dont la ville est actionnaire a signifié aux opérateurs qu’il renoncerait à signer le moindre bail si une charte n’était pas signée avec Paris. Et comme on est sûr de rien, la ville regarde de près quel serait sa compétence technique à devenir propriétaire d’antennes qui seraient loués aux opérateurs. Conséquence la FFT préfère désormais jouer l’apaisement, «  nous n’avons aucune inquiétude sur la partie concertation, information et intégration paysagère, nous trouverons nécessairement un accord. » Silence en revanche sur le seuil de rayonnement. La mairie de Paris attend les propositions écrites de la FFT, ainsi que de Free. La fédération travaille sur des propositions mais n’a pas de calendrier précis.



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Source : http://www.bakchich.info/Paris-le-combat-des-ondes,13173.html

Robin Des Toits
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