"Ondes électromagnétiques : la Ville démarre sans l'Etat" - Dernières Nouvelles d'Alsace - 02/05/2010

En attendant que l'Etat démarre de manière effective l'expérimentation qui doit avoir lieu à Strasbourg concernant les ondes électromagnétiques, la Ville met son atelier de projet en ordre de marche.



A vrai dire, le test proposé par le ministère de l'Ecologie sur un peu plus d'un kilomètre carré à l'Esplanade (*), et qui consiste à tenter une diminution de l'exposition aux ondes électromagnétiques générées par les antennes de téléphonie mobile, n'a pas avancé d'un iota. Tout juste s'est-on mis d'accord entre partenaires sur le périmètre proposé par la Ville. Il est donc désormais validé par le Comop (comité opérationnel national qui chapeaute les expérimentations dans les villes-test choisies).

Sièges vides

Les opérateurs de téléphonie mobile concernés pensent aujourd'hui pouvoir éviter qu'au moment des test « in vivo » sur ces réductions d'émissions, les personnes les plus proches de la frontière ne soient basculées automatiquement, avec leur portable, sur le réseau allemand... Mais avant cela, il faut modéliser l'état actuel des lieux sur la zone concernée, en matière d'émissions d'ondes par les antennes de téléphonie. Et modéliser ensuite la réduction, par paliers, de l'exposition au public.

L'appel d'offre pour cette prestation technologique n'a pas encore abouti. Qu'à cela ne tienne. La municipalité a décidé qu'il y aurait un atelier de projet et donc un travail citoyen doublé d'un débat public sur la question. La première réunion officielle de cet atelier s'est déroulée ce jeudi soir au centre administratif. Sans Sabine Rinckel, personne électro hypersensible, à qui on a demandé de quitter la salle. En résumé, le premier adjoint Robert Herrmann a estimé que l'atelier, dans sa phase de travaux, devait fonctionner en équipe réduite avec les associations, bailleurs sociaux, membres du Coq (comités de quartiers), représentants de l'Université et des opérateurs ainsi que les élus. « De manière cadrée et sereine, en évitant le débat idéologique ». L'incident a mis à nouveau en lumière le fait que l'aspect sanitaire de la question est éludé dans le test tel que validé par le Comop.
En revanche, l'absence de deux associations militantes, le CRIIREM comme Robin des Toits, à cette soirée, n'est pas du fait de la municipalité. « Dans les discussions avec le ministère, il était question que nos deux structures puissent effectuer des mesures contradictoires avec celles des sociétés qui seront mandatées durant l'expérience », explique

Jean-Yves Ehlenberger, du CRIIREM. « Le 15 avril, le Comop est revenu sur cet engagement », poursuit notre interlocuteur, joint vendredi au téléphone. « Cette expérience, modeste fruit du Grenelle des ondes, devient une véritable coquille vide : par conséquent, nous suspendons notre participation aux ateliers ». La municipalité, elle, compte bien faire ses propres mesures puisqu'elle est équipée pour cela. Mais « il y a un déni scientifique à écarter du rapport national les mesures indépendantes », estime cependant Jean-Yves Ehlenberger. En attendant que le Comop tranche ces questions, l'atelier de projet municipal a défini ses axes de travail.
Une plate-forme d'information et d'échange électronique (non accessible au public) est ouverte aux participants sur laquelle documents de travail (rapports scientifiques, législation, articles de référence sur les expériences autrichiennes et suisses, etc...) et réflexions seront partagés. Cette plate-forme doit devenir la bibliothèque du savoir commun à tout l'atelier et la base d'éventuelles propositions.
En juin, l'atelier de projet poursuivra ses formations et réflexions. Une réunion publique devrait être organisée en septembre.

MSK

(*) Secteur Bourse - Esplanade - Krutenau, y compris le campus universitaire. ----- Après nos articles du 6 février dernier, l'Association française des opérateurs mobiles (AFOM) a tenu à préciser : « L'électrosensibilité n'est reconnue comme
pathologie dans aucun pays ». On notera cependant que la Suède, et, plus récemment, l'Agence gouvernementale de protection sanitaire de Grande-Bretagne, ont reconnu l'EHS comme une forme de handicap. Par ailleurs, l'AFOM conteste la
valeur scientifique du seuil d'exposition maximal de 0,6 volt par mètre, réclamé par Robin des Toits et le CRIIREM. Qui s'appuient eux, justement, sur la controverse entre scientifiques régnant sur le sujet de manière internationale.

dna_2010_05_02_AtelierOndeStrasbourg.pdf  (295.36 Ko)


Robin Des Toits
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