"Nouveaux soupçons sur les ondes d’antennes-relais" - La Croix - 03/04/2013



Qu’a mis en évidence le travail des chercheurs ?

Les chercheurs de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) et de l’université d’Amiens ont cherché à savoir pourquoi certaines personnes dites électro-sensibles évoquaient des troubles du sommeil quand elles dormaient à proximité d’antennes-relais de téléphonie mobile.

Pour ce faire, ils ont étudié les effets d’une exposition aux ondes de deux groupes de jeunes rats sur l’ensemble de leur équilibre énergétique composé du sommeil, de la régulation thermique et de l’alimentation. Seule différence dans les « conditions de vie » des deux groupes d’animaux : un groupe seulement a été exposé pendant cinq semaines à des champs électromagnétiques similaires à ceux reçus à une centaine de mètres d’une antenne-relais, soit une intensité de 1 volt/m.

Premier résultat : la thermosensibilité au froid des zones périphériques (en l’occurrence la queue) des animaux exposés est différente de celle du groupe témoin, comme si les champs électromagnétiques semblaient induire chez l’animal une « sensation de froid ».

Deuxième effet (qui pourrait être corrélé au premier) : les animaux exposés mangent davantage que les animaux témoins, comme s’ils avaient un besoin d’énergie supplémentaire. Enfin, on observe chez les animaux exposés un fractionnement du sommeil paradoxal, comme si ce dernier se trouvait en « état d’alerte augmenté ».

« Normalement, à ce niveau d’exposition aux ondes, qui est très faible, il ne devrait rien se passer, s’étonne encore René de Sèze, de l’unité de toxicologie de l’Ineris. Or, l’organisme est bousculé, ce qui dénote sûrement un effet cumulatif de l’exposition aux ondes ». Cette découverte majeure demande cependant à être confirmée. « Tant que l’expérience n’a pas été répliquée par une autre équipe, il faut rester modeste », assure ainsi René de Sèze.


Peut-on étendre ces résultats à l’homme ?

« Tant que le mécanisme biologique responsable de ces perturbations – qui peut être présent chez l’animal mais pas chez l’homme – n’a pas été isolé, nous ne pouvons pas extrapoler », précise René de Sèze. Néanmoins, les résultats de cette expérience inédite « apportent un argument supplémentaire à la thèse selon laquelle les champs électromagnétiques peuvent avoir un effet chez l’homme, même à faible intensité », avance Jean-Pierre Libert, professeur en physiologie de l’université d’Amiens et spécialiste du sommeil.

Jusqu’à présent, aucune preuve scientifique n’a été apportée sur un lien de causalité entre l’exposition aux radiofréquences et les troubles du sommeil évoqués par les personnes dites électrosensibles. De nombreuses expériences ont été menées en la matière sans aucun résultat probant sur la qualité du sommeil, caractérisée habituellement par le temps de sommeil, les réveils répétés et les difficultés à se rendormir.

« En revanche, on ne sait rien de certain sur les effets du fractionnement du sommeil paradoxal, précise Jean-Pierre Libert. Pour certains auteurs, ce phénomène peut avoir un impact sur la perception de la qualité du sommeil. »

Pour les chercheurs, les résultats de l’étude financée entièrement par le ministère de l’écologie demandent à être confirmés et approfondis. « Nous devons dorénavant nous concentrer sur la recherche de la molécule en cause dans ces perturbations », assure René de Sèze. De même, l’équipe entend mesurer les effets d’une durée plus longue d’exposition aux ondes sur une éventuelle prise de poids des animaux ou sur des troubles de la mémorisation.

EMMANUELLE RÉJU

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Source : http://www.la-croix.com/Actualite/France/Nouveaux-soupcons-sur-les-ondes-d-antennes-relais-2013-04-03-928393


Robin Des Toits
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