Si Huawei espère convaincre l’Europe de lui faire confiance pour les équipements, il commence également dans la principauté de Monaco à vendre ses téléphones compatibles 5G. REUTERS/Arnd Wiegmann
C’est le premier pays intégralement couvert par la 5G, et il ne se prive pas de le faire savoir, avec un lancement dans un luxueux hôtel cinq étoiles de Monte-Carlo, un logo omniprésent et des dirigeants qui accordent leurs violons pour vanter en chœur une principauté prête pour la prochaine révolution numérique.
Une 4G qui commence à saturer, assure-t-on à Monaco
Si la principauté plutôt connue pour sa jet set et ses casinos a voulu anticiper cette course mondiale à la 5G, c’est parce qu'elle estime que la 4G commençait à montrer ses limites. Année après année, les smartphones sont utilisés pour de plus en plus d’usages, de plus en plus de photos et vidéos sont échangées et le réseau commençait à être saturé dans ce petit pays qui a une des densités d’habitants les plus hautes au monde.
L’ambition d’une Smart City
Mais la 5e génération n’est pas qu’une réponse à une future saturation, c’est aussi la promesse de nouvelles technologies, assure Frédéric Genta, avec toujours plus de superlatifs : « La 5G, c’est la technologie du "au moins dix fois". Au moins dix fois plus rapide, et certains disent 100 fois, au moins dix fois plus de possibilités de connecter des objets. Beaucoup disent que la 5G sera au XXIe siècle ce que l’électricité fut au XIXe. »
« Là où toutes les générations précédentes connectaient les gens, poursuit-il, la 5G permet de connecter l’ensemble de nos vies au numérique comme la santé, les transports, l’énergie, les médias. » Mais aujourd’hui cette ville du futur que décrit Frédéric Genta n’est pas encore tout à fait là ; la navette autonome que propose la principauté fonctionne encore à la 4G, le courrier n’est pas encore livré par drone, et les hôpitaux n’opèrent pas encore à distance.
Un lancement très diplomatique
Plus que technologique donc, l’enjeu de la 5G à Monaco parait pour l’instant demeurer surtout diplomatique et économique. Le lancement en grandes pompes était un moyen pour le Chinois Huawei de rassurer ses 28 partenaires commerciaux européens en montrant que Monaco lui a fait confiance jusqu’au bout, et pour les opérateurs français, la principauté fait aussi office de cobaye. Le patron de Free, Xavier Niel, était présent au titre d’actionnaire majoritaire de Monaco Télécom.
Avant Monaco, le Lesotho avait déjà servi de cobaye
Monaco joue donc ainsi le jeu de l’expérimentation, facile avec son territoire très limité. Une stratégie à laquelle d’autres micro-États peuvent également se prêter, avec sur le continent africain l’exemple du Lesotho. L’année dernière, l’opérateur Vodacom a choisi cet État enclavé en Afrique du Sud pour un test grandeur nature avec les 500 salariés de la Banque centrale du Lesotho et de la compagnie minière Lets’eng comme cobaye.
En Afrique, la 5G pourrait permettre un accès au très haut débit en faisant l’impasse sur la fibre optique qui nécessite de dérouler des kilomètres et des kilomètres de câbles.
---
Source : http://www.rfi.fr/technologies/20190711-monaco-huawei-chine-5g