'Les antennes-relais sont-elles dangereuses ?' - Le JDD - 07/02/2009



Jean-Marie Danjou et Etienne Cendrier (Afom et Thierry Mercier/Robin des toits)
La Cour d'appel de Versailles a confirmé mercredi l'obligation pour Bouygues Telecom de démonter l'une de ses antennes-relais dans la banlieue lyonnaise. Une décision qui relance l'épineuse question de la dangerosité de telles installations. Les opérateurs jurent que les populations ne craignent rien. L'association Robins des toits, en pointe sur la contestation, affirme le contraire. Et vous, qu'en pensez-vous?

"Pas de danger pour les riverains "
Jean-Marie Danjou, délégué général de l'Afom (Agence française des opérateurs mobiles) :

"Les seuils d'exposition qui s'appliquent en France sont ceux recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), repris par l'Union européenne, et qui sont d'ailleurs appliqués dans la grande majorité des pays européens. Nous savons que certaines personnes ont des inquiétudes, mais ces seuils ont été définis pour protéger la santé des populations. Et ils sont régulièrement réévalués. En outre, les seuils s'appliquent partout, y compris sur les toits, à proximité des antennes. Le niveau d'exposition aux ondes radio diminue quand on s'éloigne. Dès qu'on est dans les lieux de vie, comme les habitations, on est dans des niveaux très nettement inférieurs au seuil.

Nous sommes donc surpris et perplexes par rapport à la décision de justice de la Cour d'appel de Versailles. Nous avons des obligations de couverture du territoire vis-à-vis de l'Etat et des engagements vis-à-vis des 56 millions de Français qui utilisent le téléphone mobile. Nous pourrions, si cette décision de justice faisait jurisprudence, être dans l'incapacité de remplir nos obligations. Il y a donc une contradiction qu'il faut résoudre. L'arrêt de la Cour d'appel ne dit d'ailleurs pas que les antennes-relais sont dangereuses pour la santé, mais qu'il existe une controverse scientifique qui angoisse les riverains, et que cette angoisse cause un trouble anormal de voisinage. Or, pour l'OMS et pour les autorités sanitaires, il n'y a pas de controverse sur les antennes-relais.

Nous sommes convaincus qu'une grande table ronde avec tous les acteurs, telle que l'a proposée Nathalie Kosciusko-Morizet, sera très utile. Nous avons surtout besoin aujourd'hui que les pouvoirs publics expriment haut et fort la conclusion du ministère de la Santé selon laquelle les antennes-relais, à la lumière de 1400 études scientifiques, ne présentent pas de dangers pour les riverains. Si on n'est pas clair sur la non-dangerosité des antennes-relais, alors on ne sera pas clair sur les solutions."

"Le principe de précaution doit s'imposer"
Etienne Cendrier, porte-parole de l'association Robin des toits :

"La décision de la cour d'appel de Versailles est un vrai tournant. La justice, c'est le seul moyen qu'il nous reste pour obtenir une réglementation respectueuse de la santé, étant donné que les pouvoirs publics s'y refusent. Le jugement stipule que puisque les opérateurs ne peuvent pas dire que leurs installations sont sans danger, il y a un risque et par conséquent le principe de précaution doit s'imposer.

La seule façon de trancher la querelle scientifique sur le sujet, c'est de savoir qui paye qui. Les scientifiques qui disent qu'il n'y a aucun souci sont en lien financier plus ou moins direct avec les industriels. En août 2007 est sorti le plus grand rapport sur la question, le rapport Bio initiative, réalisé par 14 scientifiques internationaux non payés évidemment par les industriels. Il établit que les types d'ondes discontinues comme celles du Wifi ou des téléphones portables agissent de manière néfaste sur la santé à plusieurs niveaux, et augmentent les risques de cancers. L'acteur impartial qui tranche le débat, indépendamment de la justice, ce sont les compagnies d'assurance. Depuis 2000, les principales compagnies n'assurent plus les opérateurs sur tous les risques pour la santé liés aux émissions de champs et ondes électromagnétiques. Pour eux c'est clair : il y a un vrai danger pour la santé.

Nous préconisons donc une règlementation contraignante. En France, le seuil est actuellement à 41 volts par mètre. Or, le seuil de protection que conseillent les scientifiques indépendants, c'est 0,6 volt par mètre. A cette puissance-là, les téléphones fonctionnent parfaitement. Si les industriels ne veulent pas en entendre parler, c'est parce que dans les campagnes, il faudrait multiplier le nombre d'antennes, ce qui impacterait grandement sur les bénéfices nets des opérateurs. C'est donc comme toujours une histoire d'argent."

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Source : http://www.lejdd.fr/debats/les-antennes-relais-sont-elles-dangereuses.html

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Voir également :

- Téléphonie Mobile : le JUGEMENT de la Cour d'Appel de Versailles - 04/02/2009

- Les raisons d'une alerte sanitaire > Biais de l'expertise

- Les preuves scientifiques définitives des dangers pour la santé de la téléphonie mobile (téléphone portable, antenne-relais, WiFi, Wimax, Bluetooth, DECT...) : le Rapport BIOINITIATIVE

- Les assureurs n'assurent plus 'les dommages de toute nature causés par les champs et ondes électromagnétiques'

- Décret du 3 mai 2002 : ou comment éviter... la cuisson

Robin Des Toits
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