'Le calvaire des électro-sensibles' : France Info - 17/11/2008



Allergiques au Soleil, aux chats, au gluten, aux pollens, aux céréales etc. Des problèmes déjà compliqués à gérer au quotidien. Mais les électrosensibles peuvent rapidement voir le leur dégénérer en petit enfer.
L’électrosensibilité ou électro-hypersensibilité (EHS) est une intolérance aux champs magnétiques ou aux ondes électromagnétiques. Ses victimes souffrent d’irritation de la peau, de migraines, de nausées, de problèmes de concentration, de palpitations, de vertiges. Et avec le développement des téléphones portable, des antennes-relais, du wi-fi et autres “bluetooth”, le bombardement est continu.

> En bas de page : retrouvez le reportage de Sébastien Baer en direct ce matin sur France Info.


Vincent, un électronicien de 35 ans a dû calfeutrer sa maison dans l'Eure, et ça n'a pas suffi. Il doit régulièrement dormir dans un camping-car. - © RF / Sébastien Baer

Déboutée en justice

Dès lors, vivre une vie normale tient de la gageure. Evidemment, téléphones portables et autres générateurs d’ondes sont bannis. Mais dans ce cas, l’enfer, c’est les autres.
Et les atteintes sont plus ou moins fortes. Depuis les maux de tête dont les bibliothécaires de la ville de Paris se sont plaints en 2007 lors de l’installation du wi-fi dans leurs locaux, à des cas très sévères, comme celui d’une alsacienne, examiné en appel par la justice début novembre. Cette strasbourgeoise demande à son bailleur d’être relogé dans une zone blanche, où les portables ne passent pas, simplement pour mener une vie normale.

> En bas de page : Evelyne, parisienne de 50 ans, raconte son calvaire à cause des champs magnétiques.



Le problème, c’est qu’il y a de moins en moins de zones blanches. Pour échapper à leurs symptômes, certains ne voient pas d’autre solution que de s’éloigner de la civilisation. Vivre ou camper dans les bois. Ainsi, la Suède compterait-elle plusieurs centaines de personnes qui vivent dans les forêts, dans des logements sans électricité, loin de toute antenne-relais.

> En bas de page : Denis Baupin, adjoint Vert au maire de Paris, a réfléchi à quelques solutions pour tenter de diminuer les champs électromagnétiques.


Mais la Suède au moins, reconnaît l’EHS comme un handicap. Avec l’Angleterre, qui le classe comme une maladie, c’est le seul pays européen à prendre en compte le phénomène. En France, il n’existe pas. En témoigne le jugement de première instance, qui déboutait la locataire alsacienne,au motif entre autres, que ses troubles paraissaient “subjectifs”.




Mortalité des rats multipliée

Ce déni, par l’administration ou les proches, est une autre source de souffrance pour les électrosensibles. Mais il faut bien admettre que la preuve scientifique du lien entre les symptômes des victimes et les champs électromagnétiques n’est pas établie. L’Organisation mondiale de la santé le souligne, et estime qu’il s’agit plutôt de troubles psychologiques. Et le gouvernement français a la même interprétation.

Des études existent pourtant, comme le rapport Bioinitiative, fruit d’une rencontre entre une quinzaine de chercheurs internationaux, et qui conclut à l’insuffisance des normes actuelles. Une étude belge, qui a exposé des rats aux ondes de téléphones portables, montre que leur mortalité a été multipliée par deux.
En France, le professeur Dominique Belpomme a reçu une quarantaine de patients depuis le mois de mai.

Mais les études allant en sens inverse sont nombreuses. Notamment celle du double aveugle, menée en 2005, qui a vu des personnes testées développer de forts symptômes sur des champs magnétiques fictifs.
La polémique est donc loin d’être close. Les victimes et les associations, comme Robin des toits, voient la main du lobby du téléphone portable et de l’internet derrière ces études.

> En bas de page : Etienne Cendrier, porte-parole de l’association Robins des toits, dénonce dénonce le lobby des industriels.

Un rapport de l’Agence française de sécurité de l’environnement au travail est attendu l’an prochain, en espérant qu’elle clarifie le débat.


Sébastien Baer, Grégoire Lecalot


Robin Des Toits
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