Le Canard enchaîné : "Mattei ami des girouettes relais" - 22/01/2003



Le ton vient de monter d'un cran entre notre nouveau ministre de la Santé, Jean-François Mattei, et les associations de riverains des antennes relais de téléphonie mobile. Il faut dire qu'en matière de retournement de veste on a rarement vu de métamorphose aussi rapide.

En mai 2001, lorsqu'il était dans l'opposition, le député Mattei avait été l'un des trois instigateurs (avec André Aschieri, des Verts, et Michèle Rivasi, du PS) d'une proposition de loi sur les antennes inspirée par le principe de précaution. Le projet offrait aux collectivités locales le droit de refuser des installations pour des motifs sanitaires et prévoyait « des zones de protection excluant toute implantation d'antennes relais de téléphonie mobile à proximité des établissements scolaires, des crèches et des établissements hospitaliers et de retraite ». Or, depuis qu'il est ministre, Mattei ne tarit plus d'éloges sur les excellents décrets et autres rapports d'experts officiels censés « rassurer les populations » : il envoie désormais à tous les maires qui le saisissent de la question une fin de non-recevoir dans laquelle il affirme que ce qui se plaignent des antennes évoquent « des symptômes qui ne correspondent à aucune entité pathologique décrite dans la littérature médicale ». Et il y ajoute deux bourdes carabinées.

D'abord, Jean-François Mattei affirme aux élus que les normes sanitaires récemment fixées par un décret du gouvernement socialiste s'appuient « sur les travaux scientifiques de l'Icnirp, une commission rattachée à l'OMS ». En fait, cette Icnirp (International Committee on Non-Ionizing Radiation Protection) est une association de droits privés dont les membres, tous massivement financés par les industriels du secteur, se cooptent entre eux, et qui n'a aucun lien avec l'OMS. Ces avis sont tellement décriés que des scientifiques de 12 pays viennent de créer une association concurrente l'Icreserve.

Ensuite, le ministre fait valoir que ces normes, avalisées par les technocrates de la Commission européenne, aurait fait l'objet d'un texte « voté par le Parlement européen ». Faux. En février 1999, à la suite d'un rapport scientifique et qu'il avait commandé, le Parlement s'est prononcé pour une version beaucoup plus restrictive, amendée sur douze paragraphes. La Commission n'ayant tenu aucun compte de ses propositions, le Parlement a purement et simplement refusé de voter le texte.
Rappelons que ces fameuses normes sont jugées très laxistes par de nombreux chercheurs, qui proposent à leurs places des valeurs limitent environ 50 fois moins élevées ! En attendant, les associations en qui antennes relais appellent, le samedi 25 janvier à une manifestation devant le siège de France Télécom, « contre les opérateurs et les pouvoirs publics ».

Il y a peu de chances que Mattei se joigne à la manif...

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Voir également :

- Lettre ouverte à Monsieur Matteï et Madame Bachelot - 17/04/2003

- Le Canard enchaîné : "Antennes-relais : ces normes sont énormes..." - 22/05/2002

- Décret du 3 mai 2002 : ou comment éviter... la cuisson

- Prof. Dr. Adlkofer - coordonnateur de l'étude REFLEX de l'OMS, met en cause la partialité de l'ICNIRP... (20/12/2005)

- Dr Neil Cherry : 'Critique de l’évaluation pour la santé figurant dans les directives de l’ICNIRP pour les fréquences radio et les micro-ondes' - 01/05/2000

- Téléphones cellulaires, radars et santé : 'les normes d'exposition aux rayonnement électromagnétiques ne sont pas réalistes' - août 2002

- Résolution du Parlement européen - Textes adoptés au 04/09/2008

- Parlement Européen : Déclaration sur les risques d'exposition aux champs électromagnétiques de poteaux émetteurs de fréquences radio et de téléphones mobiles (12/03/2002)

- Recommandation du Conseil Européen (1V/m maximum) issue du rapport 'Tamino' - 1999

Robin Des Toits
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