«
Ça a commencé quand j’avais 9 ans, se souvient Marion (*). Je me suis mise à faire des migraines, et parfois des éruptions cutanées. À l’époque, on ne s’inquiétait pas vraiment. » Les troubles s’aggravent à son entrée au collège. «
Mes maux de tête devenaient quotidiens, avec parfois des nausées, des vertiges. J’ai commencé à me plaindre que
je ne voulais plus prendre le bus à cause des téléphones portables. Je ne savais pas trop pourquoi…
»
Des troubles multiples…
Un peu plus tard, elle commence à ressentir des acouphènes (bourdonnement d’oreille) quand les gens utilisent leur portable en sa présence, idem dans la salle informatique, près des ordinateurs, où elle a aussi des fourmillements.
Les choses allant de mal en pis, Marion consulte une multitude de spécialistes dès l’âge de 13 ans. En vain. Personne ne découvre de quoi elle souffre.
Arrivée en 3e, «
je ne dormais plus que 3 h par nuit maximum, j’étais constamment crevée
». S’y ajoutent des problèmes de concentration, de perte de mémoire immédiate, de palpitations, de troubles urinaires et digestifs. «
Quand j’ai fini l’année, il était évident pour moi que j’allais arrêter l’école, sinon j’allais mourir. » Une école qu’elle aimait pourtant beaucoup.
Marion ne fait donc pas sa rentrée au lycée. «
L’année a été horrible, j’ai un peu récupéré mais je ne pouvais rien faire. Je n’arrivais pas à me concentrer sur un livre ou sur la télé…
»
Elle trouvera enfin les réponses à ses questions après que son papa a entendu par hasard le professeur Belpomme à la radio. Rendez-vous est pris à Paris avec ce cancérologue spécialisé dans les maladies environnementales. Suite à des analyses médicales poussées, il la diagnostique comme électrosensible. «
Tous mes symptômes
correspondaient à des phases d’exposition aux ondes électromagnétiques
: téléphone portable, wi-fi, ordinateurs, etc. » Marion suit alors un traitement qui améliore beaucoup son état, notamment la barrière hémato-encéphalique de son cerveau, considérablement dégradée. En 2013, elle fait sa rentrée au lycée. «
J’ai tenu un an, mais plus le temps avançait, plus mon état s’aggravait à nouveau.
»
Depuis 2015, Marion poursuit ses études chez elle, par correspondance. Elle ne prend plus le train, ne va pas au ciné, au restaurant. Elle ne sort plus en ville sauf «
en cas de force majeure : examens médicaux ou universitaires
». À chaque fois qu’elle s’expose aux ondes, elle met plusieurs jours à récupérer son énergie… Ses amis viennent la voir chez elle.
Marion reste cloîtrée à la maison mis à part des petites balades en forêt ou dans certaines rues. Drôle de vie pour une ado…
Où vivre si les zones blanches disparaissent ?
«
Je vais bien mais
j’aimerais avoir une vie sociale
», soupire Marion. Cette courageuse jeune fille en veut à ceux qui ne diligentent pas assez d’études poussées sur sa maladie... voire même qui plieraient face aux lobbys. Deux autre questions l’inquiètent. La pose des nouveaux compteurs Linky d’Erdf. «
Je ne pourrai plus continuer à me balader à La Capelle. Il faudra je parte dans un coin perdu alors que j’espérais pouvoir finir mes études ici.
» S’y rajoute la loi Macron, qui prévoit la suppression en 2017 de toutes les zones blanches en France. Où aller vivre ?
(*) Le prénom a été modifié, notre témoin souhaitant garder son anonymat.
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Source : http://www.lavoixdunord.fr/region/la-capelle-les-boulogne-marion-cloitree-a-la-maison-ia31b49051n3435697