"Hypersensibilité électromagnétique : un mal sous tension" - Réponse à tout - 13/04/2013



Migraine, insomnie, sensation de brûlure… Pour les électrohypersensibles, les ondes électromagnétiques relèvent de la torture. Alors qu’une proposition de loi sur le sujet vient d’être rejetée, retour sur l’hypersensibilité électromagnétique, cette pathologie non reconnue.

« Ton téléphone va sonner », lance Marine. Quatre secondes passent. La sonnerie du portable retentit. Marine n’est pas devin, « juste » électrohypersensible (EHS). Elle ressent les ondes qui l’entourent, un calvaire qui peut se traduire par des maux de têtes, des pertes de la mémoire immédiate, des problèmes de concentration. Comme elle, des milliers de personnes souffrent d’hypersensibilité électromagnétique (HSEM). La proposition de loi sur les ondes - portée par la députée EELV Laurence Abeille – a été rejetée par l’Assemblée nationale fin janvier. Petite consolation : le principe de précaution devrait être appliqué dans les écoles primaires.

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Non reconnus en France, les EHS luttent au quotidien pour survivre dans ce monde inondé par les ondes et se faire entendre, se faire comprendre, par les autorités nationales. Trois d’entre eux ont accepté de témoigner.

> Note : Le terme « champs électromagnétiques » (CEM) regroupe les champs émis par les lignes électriques, les antennes-relais, les téléphones portables, les rayons X, etc.

Catherine *: « On me donnait 20 ans de plus »

Catherine, 55 ans, cherche un nouveau logement. Ce n’est pas la crise du marché qui l’inquiète mais les ondes. Partout où elle va, elle les sent, les subit. Elle a déménagé cinq fois en deux ans.

Après avoir travaillé pendant vingt ans devant un ordinateur, aujourd’hui, elle est arrêtée, classée en deuxième catégorie d’invalidité (impossibilité d’exercer une activité professionnelle). « Je perçois une pension et une prévoyance. Cela me permet de conserver presque l’intégralité de mon ancien salaire. » Un soulagement : « On ne parle pas assez des problèmes d’argent qui touchent les EHS. Les consultations, les traitements, la protection du logement, ça a un coût. Beaucoup de personnes se retrouvent les mains vides. J’ai tout fait pour que mon HSEM soit reconnue et que j’obtienne mes droits. »

En mars 2011, la Sécurité sociale frappe à sa porte pour une première visite de contrôle. Certains proches lui avaient conseillé de « faire la folle » pour justifier sa demande d’arrêt. Elle refuse. « Je n’ai pas voulu jouer la carte de la psychiatrie. J’ai simplement été honnête. » Le médecin était sceptique mais a fini par écouter et croire à son histoire.




VIDÉO – Certains EHS vivent dans des grottes pour échapper aux ondes (© DR) :


Reportage réalisé par Mathias Barret et Florian Le Maitre
Vidéo publiée sur YouTube le 8 novembre 2012

Les premiers symptômes de Catherine se sont manifestés en septembre 2009 : difficulté à se concentrer, pertes de mémoire, céphalées intenses, insomnies. « Je vivais au troisième étage d'un immeuble. J'ai dû dormir chez une amie et voisine qui était au premier étage. En hauteur, je ressentais beaucoup plus intensément les antennes-relais. » L’apaisement a été de courte durée. Rapidement, elle entame des recherches pour trouver un logement adapté : « La galère a commencé. »

À partir de mai 2011, elle décide d’écrire tout ce qu’elle ressent, pour avoir « des traces, des preuves. » Elle se rend à Paris et consulte le Pr Belpomme, spécialiste en médecine environnementale et en champs électromagnétiques. Elle fait des tests sanguins, urinaires, réalise un encéphaloscan. Puis, en 2012, se tourne en complément vers un médecin de sa région. « Tous mes symptômes étaient dû à une HSEM, le docteur l’a confirmé. »

Au fil du temps et de la maladie, Catherine s’est isolée, elle qui s’est « éclatée » pendant des années. Des amis proches lui ont tourné le dos. D’autres ont gardé le contact. « C’est un vrai réconfort. Mais il n’y en a que deux ou trois parmi eux que je vois régulièrement. » Côté famille, Catherine sait qu’elle peut compter sur ses fils, même si elle « ne [veut] pas trop les embêter avec ça ». « Ils n’ont jamais mis en doute mon HSEM. Quand ils me reçoivent, ils coupent tous les portables, débranchent les ordinateurs et la télé. »

Catherine souffre, parle d’un « combat quotidien », moralement et physiquement. « Il y a une période où j’étais tellement épuisée qu’on me donnait 20 ans de plus. Depuis que je suis un traitement et que je passe mes après-midi en forêt, j’ai retrouvé figure humaine mais, vous savez, l’HSEM est toujours omniprésente, et je ne vous parle pas du reste, du regard des autres, de ma vie sociale…. Cette solitude est insupportable. »

> Début avril, Catherine a enfin trouvé un logement, avec des gros murs en pierre de 65 et 80 centimètres. « Je suis vraiment très heureuse ! Je vais pouvoir me ressourcer, me reposer et entamer des traitements, des soins appropriés, plus réfléchis. »

Lire aussi : Ondes électromagnétiques, comment protéger sa maison ?

* Certains prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat des témoins.

Par Cécile David

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Source : http://www.reponseatout.com/pratique/sante-bien-etre/hypersensibilite-electromagnetique-mal-sous-tension-a109750

Robin Des Toits
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