C’est une première.
La justice française a reconnu l’existence d’un handicap grave dû à l’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques.
Une avancée considérable pour tous ceux, et ils seraient des milliers à en souffrir en France, qui comme Marine Richard, sont hypersensibles aux ondes magnétiques, celles des antennes relais, des téléphones portables ou des connexions internet sans fil.
Ce récent jugement du tribunal du contentieux de l’incapacité rendu par le TGI de Toulouse reconnaît ainsi, après expertise médicale, que la plaignante souffre du syndrome d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, dont «la description des signes cliniques est irréfutable»
L’aboutissement d’un combat de plusieurs années pour cette ancienne journaliste qui vit telle une ermite dans les montagnes ariégeoises.
Reconnue invalide à 85%, la plaignante touchera pendant trois ans l’allocation adulte handicapée, soit 800 € par mois (éventuellement renouvelable).
La justice française a reconnu l’existence d’un handicap grave dû à l’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques.
Une avancée considérable pour tous ceux, et ils seraient des milliers à en souffrir en France, qui comme Marine Richard, sont hypersensibles aux ondes magnétiques, celles des antennes relais, des téléphones portables ou des connexions internet sans fil.
Ce récent jugement du tribunal du contentieux de l’incapacité rendu par le TGI de Toulouse reconnaît ainsi, après expertise médicale, que la plaignante souffre du syndrome d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, dont «la description des signes cliniques est irréfutable»
L’aboutissement d’un combat de plusieurs années pour cette ancienne journaliste qui vit telle une ermite dans les montagnes ariégeoises.
Reconnue invalide à 85%, la plaignante touchera pendant trois ans l’allocation adulte handicapée, soit 800 € par mois (éventuellement renouvelable).
Ce jugement constitue une grande première et risque de faire jurisprudence.
Une vie de souffrance, de combat et d’isolement
Cette jeune quadra ne fait pas partie de la tribu des «peluts», comme on les appelle ici dans ce coin d’Ariège, des marginaux, d’anciens hippies issus des années 70 qui se sont installés sur le canton de Massat pour y implanter des communautés en rupture avec la société traditionnelle et le monde moderne.
C’est une grande brune au regard profond et à la voix posée qui nous accueille.
Si Marine a choisi cette vie un peu spartiate, c’est pour se protéger.
«Ici on vit comme on peut, avec les moyens du bord. Je fais mon bois pour me chauffer l’hiver, car c’est un peu plus compliqué sans accès routier, avec 2 m de neige devant la porte, l’eau gèle…»
Marine est arrivée en Ariège en 2012. Elle a revendu son confortable appartement marseillais pour cette vieille maison en pierre qu’elle a retapée.
«Ici je suis beaucoup plus protégée que dans tous les autres endroits que je connais. Certes il arrive en saison estivale, période où beaucoup de touristes viennent avec leurs appareils électromagnétiques, que je ressente quelques troubles, mais c’est très isolé et très bref dans le temps»
Aujourd’hui comment voit-elle son avenir, peut-elle imaginer un jour aller vivre ailleurs ?
Marine est catégorique : «A ma connaissance, personne ne guérit véritablement de ces troubles. Il y a plusieurs types de symptômes. Les premiers sont des douleurs intracrâniennes extrêmement violentes qui peuvent aller de la sensation d’avoir une perceuse qui vous transperce le cerveau ou une sensation d’étau qui vous écrase la tête.
Ce sont des douleurs insoutenables qui descendent aussi le long de la colonne vertébrale. Vous avez l’impression que votre tête va exploser. Viennent d’autres problèmes, cardiaques et neurologiques, qui affectent la concentration. Ce n’est pas une maladie à proprement parler, c’est une réaction, c’est une pathologie environnementale.
Si on supprime la cause, la source (c’est-à-dire les ondes) on n’est plus malade. Mon corps n’est pas malade en lui-même, il est malade en réaction à l’environnement donc je peux améliorer mon état de santé en me mettant à l’abri, en dormant dans une cage de Faraday ou dans des zones blanches, des lieux protégés des ondes.
Concernant ma propre santé, en ce qui me concerne je vis beaucoup mieux qu’il y a cinq ans, car ici je suis protégée, mais je suis toujours en sursis… en tout cas pas à l’abri de l’installation d’une nouvelle antenne par exemple. Il faudra à ce moment-là que je quitte mon refuge»
Quand elle se déplace, elle dort dans une cage de Faraday qui l’isole de ces fameuses ondes.
Marine prend quelques précautions pour le ravitaillement ou les rendez-vous en ville.
«A l’heure actuelle, je vais suffisamment bien pour ne pas avoir à me protéger physiquement. Il n’y a pas si longtemps j’étais obligée de porter un voile de protection en tissu blindé, à présent je peux m’exposer quelques heures du moment que mon corps peut se reposer par la suite, se ressourcer dans une cage de Faraday... et puis j’ai des tas de petites techniques de survie me permettent de m’exposer un peu aux ondes, mais sur de courtes durées»
Sa vie est nourrie de réflexion, d’écriture, de yoga et des études de droit qu’elle a reprises.
«Je suis en troisième année de licence de droit par correspondance… mais je pense souvent à Nelson Mandela, resté emprisonné pendant trente ans dans une petite cellule. Cela lui a donné le temps de comprendre ce qu’il avait à faire de manière très radicale sur cette terre et de se battre pour ça toute sa vie.
Le fait d’être isolé comme je le suis m’a permis de plonger en moi-même et de comprendre à quel point ce qui m’affecte, affecte aussi la terre. J’ai envie de me battre pour notre planète. J’écris des livres sur le sujet. Avant j’étais auteur dramatique, à présent j’écris des livres sur les ondes»
L’an passé Marine a publié un polar «rocambolesque» intitulé «Sans mobile» (Le Square Editeur) dans lequel elle aborde des questions de fond (très documenté avec des études scientifiques à l’appui) sur les ondes électromagnétiques.
Une manière de faire connaitre au grand public tous ces problèmes liés aux ondes : «le public est assommé de publicité pour les “sans fil”, mais on ne lui montre jamais la face cachée, le danger qu’ils représentent pour la santé, les animaux, les plantes, les insectes. Enormément d’études montrent la toxicité des champs électromagnétiques artificiels… il faut en parler»
Une belle personne, lumineuse et optimiste qui malgré le dépouillement de son quotidien parait heureuse dans sa vie.
«Oui effectivement on m’a presque reproché de l’être, on a douté de ma souffrance physique, mais si l’on fait l’expérience de rester enfermé seul pendant des mois et des mois, on se rencontre soi-même et on rencontre aussi ce pourquoi on est sur terre… personnellement j’accepte ce chemin de vie, on devient plus fort… ou au contraire on est écrasé et on se suicide.
Je connais malheureusement beaucoup trop de personnes électrosensibles qui se suicident à cause de la douleur. Moi j’ai fait le choix d’accepter mon sort et de me battre pour les autres. Il existe à l’heure actuelle des milliers de personnes électrosensibles en France, mais qui n’ont pas d’abri, ils survivent dans des grottes, sous des toiles de tente, dans des situations de précarité insoutenable.
Cette première victoire devant le tribunal va servir d’autres contentieux en cours contre des maisons du handicap ailleurs en France et va certainement faire bouger les lignes»
Cependant Marine est réservée quant à l’évolution de la réglementation.
«Le problème aujourd’hui est que les instances décisionnaires sont conseillées par les lobbys. A terme, il est inéluctable que l’Etat crée des zones protégées pour que certaines personnes atteintes de pathologies comme l’électrosensibilité puissent survivre, en tout cas supporter les symptômes de cette maladie environnementale»
Une vie de souffrance, de combat et d’isolement
Cette jeune quadra ne fait pas partie de la tribu des «peluts», comme on les appelle ici dans ce coin d’Ariège, des marginaux, d’anciens hippies issus des années 70 qui se sont installés sur le canton de Massat pour y implanter des communautés en rupture avec la société traditionnelle et le monde moderne.
C’est une grande brune au regard profond et à la voix posée qui nous accueille.
Si Marine a choisi cette vie un peu spartiate, c’est pour se protéger.
«Ici on vit comme on peut, avec les moyens du bord. Je fais mon bois pour me chauffer l’hiver, car c’est un peu plus compliqué sans accès routier, avec 2 m de neige devant la porte, l’eau gèle…»
Marine est arrivée en Ariège en 2012. Elle a revendu son confortable appartement marseillais pour cette vieille maison en pierre qu’elle a retapée.
«Ici je suis beaucoup plus protégée que dans tous les autres endroits que je connais. Certes il arrive en saison estivale, période où beaucoup de touristes viennent avec leurs appareils électromagnétiques, que je ressente quelques troubles, mais c’est très isolé et très bref dans le temps»
Aujourd’hui comment voit-elle son avenir, peut-elle imaginer un jour aller vivre ailleurs ?
Marine est catégorique : «A ma connaissance, personne ne guérit véritablement de ces troubles. Il y a plusieurs types de symptômes. Les premiers sont des douleurs intracrâniennes extrêmement violentes qui peuvent aller de la sensation d’avoir une perceuse qui vous transperce le cerveau ou une sensation d’étau qui vous écrase la tête.
Ce sont des douleurs insoutenables qui descendent aussi le long de la colonne vertébrale. Vous avez l’impression que votre tête va exploser. Viennent d’autres problèmes, cardiaques et neurologiques, qui affectent la concentration. Ce n’est pas une maladie à proprement parler, c’est une réaction, c’est une pathologie environnementale.
Si on supprime la cause, la source (c’est-à-dire les ondes) on n’est plus malade. Mon corps n’est pas malade en lui-même, il est malade en réaction à l’environnement donc je peux améliorer mon état de santé en me mettant à l’abri, en dormant dans une cage de Faraday ou dans des zones blanches, des lieux protégés des ondes.
Concernant ma propre santé, en ce qui me concerne je vis beaucoup mieux qu’il y a cinq ans, car ici je suis protégée, mais je suis toujours en sursis… en tout cas pas à l’abri de l’installation d’une nouvelle antenne par exemple. Il faudra à ce moment-là que je quitte mon refuge»
Quand elle se déplace, elle dort dans une cage de Faraday qui l’isole de ces fameuses ondes.
Marine prend quelques précautions pour le ravitaillement ou les rendez-vous en ville.
«A l’heure actuelle, je vais suffisamment bien pour ne pas avoir à me protéger physiquement. Il n’y a pas si longtemps j’étais obligée de porter un voile de protection en tissu blindé, à présent je peux m’exposer quelques heures du moment que mon corps peut se reposer par la suite, se ressourcer dans une cage de Faraday... et puis j’ai des tas de petites techniques de survie me permettent de m’exposer un peu aux ondes, mais sur de courtes durées»
Sa vie est nourrie de réflexion, d’écriture, de yoga et des études de droit qu’elle a reprises.
«Je suis en troisième année de licence de droit par correspondance… mais je pense souvent à Nelson Mandela, resté emprisonné pendant trente ans dans une petite cellule. Cela lui a donné le temps de comprendre ce qu’il avait à faire de manière très radicale sur cette terre et de se battre pour ça toute sa vie.
Le fait d’être isolé comme je le suis m’a permis de plonger en moi-même et de comprendre à quel point ce qui m’affecte, affecte aussi la terre. J’ai envie de me battre pour notre planète. J’écris des livres sur le sujet. Avant j’étais auteur dramatique, à présent j’écris des livres sur les ondes»
L’an passé Marine a publié un polar «rocambolesque» intitulé «Sans mobile» (Le Square Editeur) dans lequel elle aborde des questions de fond (très documenté avec des études scientifiques à l’appui) sur les ondes électromagnétiques.
Une manière de faire connaitre au grand public tous ces problèmes liés aux ondes : «le public est assommé de publicité pour les “sans fil”, mais on ne lui montre jamais la face cachée, le danger qu’ils représentent pour la santé, les animaux, les plantes, les insectes. Enormément d’études montrent la toxicité des champs électromagnétiques artificiels… il faut en parler»
Une belle personne, lumineuse et optimiste qui malgré le dépouillement de son quotidien parait heureuse dans sa vie.
«Oui effectivement on m’a presque reproché de l’être, on a douté de ma souffrance physique, mais si l’on fait l’expérience de rester enfermé seul pendant des mois et des mois, on se rencontre soi-même et on rencontre aussi ce pourquoi on est sur terre… personnellement j’accepte ce chemin de vie, on devient plus fort… ou au contraire on est écrasé et on se suicide.
Je connais malheureusement beaucoup trop de personnes électrosensibles qui se suicident à cause de la douleur. Moi j’ai fait le choix d’accepter mon sort et de me battre pour les autres. Il existe à l’heure actuelle des milliers de personnes électrosensibles en France, mais qui n’ont pas d’abri, ils survivent dans des grottes, sous des toiles de tente, dans des situations de précarité insoutenable.
Cette première victoire devant le tribunal va servir d’autres contentieux en cours contre des maisons du handicap ailleurs en France et va certainement faire bouger les lignes»
Cependant Marine est réservée quant à l’évolution de la réglementation.
«Le problème aujourd’hui est que les instances décisionnaires sont conseillées par les lobbys. A terme, il est inéluctable que l’Etat crée des zones protégées pour que certaines personnes atteintes de pathologies comme l’électrosensibilité puissent survivre, en tout cas supporter les symptômes de cette maladie environnementale»