Dans le monde des télécommunications et au-delà, tout le monde se prépare à la révolution technologique que devrait apporter la 5G, le réseau que les spécialistes appellent "la génération de rupture". En 2018, l'Arcep a créé à cet effet un guichet "pilotes 5G" consacré aux autorisations nécessaires pour l'utilisation de fréquences.
L'Arcep, en collaboration avec l'agence nationale des fréquences (ANFR) a donc commencé à réfléchir à des bandes de fréquences hautes, propices à l'ultra haut débit de la 5G. Ces nouvelles attributions visent aussi à ne pas saturer les fréquences actuelles, plus basses, utilisées pour les réseaux 2G, 3G et 4G. Les ondes millimétriques de la 5G pourront ainsi évoluer librement à une vitesse (pour ses débuts) tournant autour des 1Gbit/s (1000 Mbit/s). A titre indicatif, la vitesse de connexion en 4G, 4G + et 4G++ se situe entre 10 Mbit/s et 300 Mbit/s.
Quelles sont les bandes de fréquences actuellement utilisées en France pour les réseaux mobileLe réseau 2G (uniquement appels et SMS) fonctionne sur les fréquences 900 et 1800 MHz, le réseau 3G 1900-2100 MHz et le réseau 4G sur 700, 800 et 1800 MHz ainsi que 1900-2100 MHz (pour Bouygues Telecon et SFR depuis 2017). Les fréquences d'une onde électromagnétique sont indispensables au fonctionnement d'un réseau de télécommunication, sans elles et sans ondes, pas de couverture possible. Pour en savoir plus, nous vous conseillons de consulter notre guide explicatif sur les fréquences électromagnétiques .
Voici les trois bandes de fréquences envisagées pour la 5G :
La bande 3,5 GHz (3410 MHz-3800 MHz) : jusqu'en 2026, celle-ci est utilisée pour diverses fonctions (comme le THD Radio) et devrait être une des premières bandes ouverte pour la 5G. La bande 26 GHz (2650 MHz-2750 MHz) : pour l'instant, seule la bande 26,5-27,5 GHz est libre et pourra être utilisée dès 2020 pour la 5G. La bande 1,5 GHz ou bande L (1427 - 1517 MHz) : il s'agit de la troisième bande de fréquences envisagée. Cette bande n'est pas disponible pour l'instant, elle sert aux ministères de l'Intérieur et de la Défense pour la collecte de réseaux mobile. En fonction des autorisations de l'Arcep, cette bande pourrait être libre d'ici fin 2022. 1,5 GHz n'est pas aussi élevée que les deux précédentes et présente ainsi des avantages pour la couverture de la 5G notamment au sein des bâtiments.
L'Arcep tient régulièrement à jour une liste visant à répertorier les villes et les acteurs impliqués dans les tests sur la 5G. En général, un à trois participants sont de la partie : souvent un des quatre opérateurs historiques et/ou un constructeur de réseaux comme Nokia ou Ericsson.
11 laboratoires parmi 9 communes différentes ont terminé leurs expérimentations, il s'agissait de : Paris (75), Lyon (69), Toulouse (31), Sophia Antipolis (06), Nozay (91), Cesson-Sévigné (35), Lanion (22), Mérignac (33), Saint-Ouen (93). Et, à ce jour, il reste encore 36 laboratoires 5G actifs en France (en cours d'expérimentations), notamment dans les grandes villes comme Paris, Lyon, Toulouse, Lille, Marseille, Bordeaux, Rouen mais aussi au sein de lieux de transit comme l'Aéroport Charles-de-Gaulle et la ligne de TGV Lyon-Macon.
Carte de l'Arcep représentant les différentes communes où des expérimentations 5G sont en cours. Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.arcep.fr
Une étude américaine de la revue scientifique Nature sur la 5G est venue souligner les effets que pourraient avoir les fréquences 5G sur les prédictions météo aux Etats-Unis. Les fréquences envisagées pour le développement de la 5G de l'autre côté de l'Atlantique seront situées dans un premier temps entre 24,25 et 25,25 GHz.
l'autre côté de l'Atlantique seront situées dans un premier temps entre 24,25 et 25,25 GHz.
Les instituts dédiés à la météo utilisent des données enregistrées par les satellites pour prédire le temps. La vapeur d'eau, précise la revue, émet un signal de 23,8 GHz donc très proche de la bande de fréquence que veut utiliser les Etats-Unis, ce qui pourrait brouiller les signaux de la vapeur d'eau. (Sources Nature et le Parisien)
En Europe, grâce au principe de précaution, une bande de garde a été mise en place. Ainsi les bandes entre 24 et 25 GHz ne peuvent pas être utilisées. En France, la bande de fréquences 25,5 - 26,5 GHz est exploitée par le ministère des Armées, le Centre national d’études spatiales et l’administration chargée de la météo. De plus, comme vu plus haut, seules les fréquences 26,5-27,5 GHz sont libres pour le moment pour une utilisation de la 5G en 2020.
Qu'est-ce que le principe de précaution ?Présent dans l'article 191 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, le principe de précaution a pour objectif de garantir un niveau de protection de l'environnement (homme compris) et des mesures de prévention. Ainsi en l'absence de données scientifiques suffisantes, il est possible d'empêcher une décision comme en l’occurrence l'attribution de certaines fréquences à risque, dans le cas contraire, la décision pourra être appliquée ou non. (Sources Eur-Lex)
Le non-respect éventuel de cette limite pour les fréquences 5G par les Américains auraient non seulement des conséquences pour les prévisions sur leur propre territoire mais aussi dans le monde entier car tous les satellites sont potentiellement concernés. L'Union européenne négocie actuellement pour tenter de les faire changer d'avis.
Fréquences 5G : que sait-on sur les effets de la 5G sur la santé des futurs utilisateurs ?
L'arrivée de la 5G et la réflexion sur ces nouvelles fréquences soulèvent encore une fois une question qui en préoccupe plus d'un(e) : la 5G peut-elle avoir des conséquences néfastes sur la santé de ses futurs utilisateurs ? Les études actuelles sur la 5G n'en sont qu'aux prémices et il est impossible d'en savoir plus pour le moment, toutefois certains scientifiques soulignent les risques potentiels de ce nouveau réseau. Pour Annie Sasco, directrice d'unité au Centre International de Recherche sur le Cancer, cela ne fait aucun doute (propos exprimés sur la Radio France Bleu) :
Quand on modifie la fréquence, on modifie les longueurs d'onde et on peut s'attendre avec la 5G et l'augmentation de fréquences qui est très importante, à des risques qui seront de même nature, mais vraisemblablement plus marqués. Les recherches réalisées quant à elle sur les réseaux 2G,3G et 4G montrent des risques de développement de tumeurs du cerveau et du cœur des rats mais il n'y a pas de liens établis avec l'homme.
Il y a environ 200 000 antennes relais-mobile en France (selon la FFT) et il y des chances qu'avec la 5G il y en ait de nombreuses nouvelles arrivées. Une recommandation du Conseil d'Etat européen de 1999 a établi des limites d'exposition aux ondes électromagnétiques (entre 28 V/m et 87 V/m). Reste à savoir si celles-ci ne seront pas repoussées pour l'installation de la 5G. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre article Antennes-relais mobile : les Linky des télécoms ?.
---
Source : https://selectra.info/telecom/actualites/acteurs/frequences-5g-larcep-confirme-liberation-trois-nouvelles-bandes-ghz