"Faut-il se méfier des ondes ?" - Le Nouveau Consommateur - 07/07/2011



Elles sont partout. De nombreux appareils employés au quotidien fonctionnent grâce à elles, comme les télévisions ou les micro-ondes. La nouveauté au sujet des ondes (ou plus scientifiquement, les champs électromagnétiques), c’est le développement éclair [1] des appareils de téléphonie mobile (portables, Wi-Fi, WIMAX, Bluetooth…) depuis quelques années, et leur utilisation massive [2] dans la vie courante. L’exposition des utilisateurs aux ondes s’est ainsi accrue et s’accompagne d’interrogations sur les risques sanitaires potentiels. Ainsi, le 31 mai dernier, les scientifiques du Centre International de recherche contre le cancer (CIRC), mandatés par l’Organisation Mondial de la Santé (OMS), ont classé les téléphones portables « comme peut-être cancérogènes pour l’homme (Groupe 2B), pouvant augmenter le risque de gliome, un type de cancer du cerveau associé avec l’usage du téléphone sans fil. »

Cette annonce, faite avec l’appui de l’OMS, se place dans la continuité d’une série d’appels - Fribourg en 2002, Helsinki en 2005 - de scientifiques et de médecins qui exprimaient leurs inquiétudes sur le sujet. Mais son impact est d’une toute autre échelle. Sur le plan médiatique, l’annonce a été reprise par les principaux médias nationaux en France, accentuant d’autant l’inquiétude du public. Surtout, la réglementation française, dont se prévalent les opérateurs téléphoniques [3], fixe le niveau autorisé d’exposition à des taux entre 41 et 61 V/m (volt par mètre), suivant les recommandations de cette même OMS. Une limite établie en 1993, confirmée en 2006, et critiquée par les associations [4], selon lesquelles les taux ne devraient pas dépasser 0,6 V/m.

La déclaration de l’OMS vient également contredire celle du gouvernement, en mai 2009, selon qui « l’hypothèse d’un risque pour la santé pour les populations vivant à proximité des antennes relais de téléphonie mobile ne [pouvait] être retenue. » Et complique sa tâche au sein du Grenelle des ondes, initié il y a deux ans. D’un côté la Fédération Française des Télécoms, s'exprimant au nom des opérateurs, affirme que ceux-ci déploient « des réseaux qui concilient déjà sobriété de l’exposition et qualité de service » [5]. Et de l’autre les associations, comme Robin des Toits, dont le porte-parole Etienne Cendrier considère que « les usagers sont des cobayes » sur lesquels est testée la dangerosité de l’exposition aux ondes. En l’état, les différentes études ne permettent pas de tirer de conclusions définitives sur ce point. Et « des recherches complémentaires [doivent être] menées sur l'utilisation intensive, sur le long terme, des téléphones portables » explique Christopher Wild, directeur du CIRC.

En attendant les résultats de ces recherches, un comité opérationnel (COMOP) mis en place dans le cadre du Grenelle des ondes, mesure l’exposition à ces dernières, notamment à travers les antennes-relais, dans un panel de villes pilotes dont Grenoble, Paris XIVe ou encore Kruth (Haut-Rhin). Ses objectifs font encore débat. En effet, les opérateurs souhaitent restreindre leurs interventions aux zones exposées aux plus fort taux, arguant que des réductions généralisées de la puissance des antennes sont incompatibles avec leurs obligations légales de couverture réseau du territoire. Tandis que les associations rappellent le but premier du COMOP : expérimenter une réduction de la puissance des réseaux au nom du principe de précaution. Un principe inscrit dans la Constitution depuis 2005, et déjà invoqué plusieurs fois, lors de décisions de justices imposant aux opérateurs de démonter des antennes [6].

 

David Le Doaré 

 

[1] 92,8% de taux de pénétration mobile en pourcentage de la population (Fédération Française des Télécoms).

[2] 2h 44mn de consommation mensuelle moyenne en 2007 (Acerp).

[3] Orange, Bouygues Télécom, SFR…

[4] Robin des Toits et Priartem.

[5] Communiqué de presse du 21.06.2011 par la Fédération Française des Télécoms.

[6] Bouygues Télécom en 2008, Orange et SFR en 2009.

 


Robin Des Toits
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