Élevage. Hécatombes au pied des antennes - Le Télégramme - 15/09/2009

Rien ne prouve officiellement leur culpabilité dans les décès qui ont touché des élevages finistériens. Mais la proximité systématique d'antennes téléphoniques jette un trouble et ajoute à la défiance croissante de la population à leur égard.



Élevage. Hécatombes au pied des antennes Les éleveurs ne s'attendent à aucune indemnisation du préjudice. Au moins souhaiteraient-ils que leurs mésaventures n'arrivent pas à d'autres collègues. Photo Y. L.G.
«Le phénomène a démarré fin2005, quand les trente-neuf bêtes ont rejoint l'étable pour passer l'hiver. Six d'entre elles sont mortes avant mars2006, date de leur retour en pâture. Deux génisses ont succombé en vêlant. Quatre veaux sont mort-nés. Sans parler du lait tout juste bon à jeter». Effarée, Marie-Thérèse Jam a fait ses comptes. «La production laitière a diminué au point que, chaque année, il nous manque 100.000 litres pour atteindre le quota», affirme l'éleveuse de Saint-Thois.

Cochonnets momifiés

Perte encore plus douloureusement ressentie en cette période de crise du lait. Comment expliquer cette série noire qui a encore envoyé quatre cadavres à l'équarrissage en mars dernier? «Les autorités sanitaires se sont montré bien incapables de me le dire. Même après autopsie». Désarroi comparable à 50km de là, dans une exploitation de Pouldergat, près de Douarnenez:«Les vaches devenaient subitement folles. Incontrôlables. Certaines creusaient des trous dans la pâture et s'y terraient. Impossible de les enlever. Les trois quarts des petits crevaient sur place. Dans la porcherie, les soixante-dix truies n'avaient plus de grossesse ou elles accouchaient de petits comme momifiés», rapporte Marie-JoKervarec. À Briec-de-l'Odet, Gwénaël Béllinger et son oncle, Jean, évoquent la répétition d'infections mammaires sur leurs génisses pendant cinq ans. Michel Rospars, à Saint-Thois, parle, lui, d'avortements dans son cheptel. Un voisin ajoute les problèmes de couvaison de ses 30-35poules. Énigmatiques, tous ces cas présentent un curieux point commun: la proximité d'une antenne relais de téléphonie mobile. De sorte que lorsque ces éleveurs sont entrés en contact par le biais du groupement de défense sanitaire, la culpabilité des ondes ne faisait plus l'ombre d'un doute.

Miracle radiesthésiste

Surtout après le passage d'un radiesthésiste: «Il a révélé que la cloison de l'étable était, par endroits, intensément parcouru d'ondes magnétiques. J'ai mieux compris, après, pourquoi les vaches laissaient de côté un tiers du foin. Et tous ces décès dans la zone de vêlage. Le champ magnétique y était le plus intense», se rend compte Marie-Thérèse Jam. Mieux que de constater, le radiesthésiste a réglé le problème. «Il a posé des petites plaquettes à des points très précis, juste à côté des antennes». Miracle. Non seulement la mortalité a cessé mais, de surcroît, les animaux auraient retrouvé une vitalité débordante:«Mes truies sont devenues les plus productives du groupement». Cela mérite vérification. Jean Uguen, le manipulateur de pendule providentiel, ne demande pas mieux (lire ci-dessous). Mais les éleveurs auront au moins réussi à se forger une opinion sur l'origine de leurs déboires. «Contrairement à deux collègues dont le troupeau a peut-être subi le phénomène et qui ont mis la clé sous la porte en pensant être de mauvais éleveurs».

Informer la profession

Précisément, c'est pour partager leur expérience au sein d'une profession particulièrement vulnérable qu'ils souhaitent ardemment que les organismes représentatifs prennent le relais de l'information. Chambre d'agriculture en tête. Obtenir des dédommagements? «Nous sommes pessimistes. L'assurance ne reconnaît pas le préjudice des ondes», regrette Marie-Thérèse Jam. Les opérateurs téléphoniques non plus. Allô, les pouvoirs publics?


Yann Le Gall

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Source : http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/finistere/elevage-hecatombes-au-pied-des-antennes-15-09-2009-551225.php?xtmc=antennes-relais&xtcr=1

Robin Des Toits
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