Le Figaro Magazine - Une mise en garde contre les téléphones portables vient d'être publiée par David Servan-Schreiber, avec la signature de 20 experts dont des cancérologues. Vous n'êtes pas signataire ?
Dominique Belpomme * - Je n'y ai pas été invité. Mais je rends hommage à David Servan-Schreiber parce que cette initiative a le mérite de relancer le débat, même si je regrette que celui-ci ait lieu sur la place publique et non entre experts, dans le cadre de nos institutions scientifiques. Par ailleurs, je ne suis pas d'accord lorsqu'il est dit que les études épidémiologiques sont insuffisantes pour conclure à un risque de cancer. Il y a en effet des études négatives, mais elles n'ont pas un recul suffisant et sont souvent faites et/ou commanditées par l'industrie de la téléphonie mobile. Un panel d'experts indépendants a par ailleurs réalisé une analyse exhaustive de la littérature scientifique à travers le BioInitiative Report, qui montre qu'il y a un risque faible, mais certain, de tumeurs cérébrales au bout de dix ans si l'on utilise un portable plusieurs heures par jour. Et il est prouvé que la proximité de lignes à haute tension, qui produisent d'autres ondes électromagnétiques, provoquent des leucémies chez l'enfant.
Les 10 recommandations de cet appel ?
Il en manque une : les femmes enceintes ne doivent utiliser le portable que pour les appels d'urgence. Le foetus est en effet le plus vulnérable : passer d'une cellule à 3 kilos de cellules en neuf mois implique un rythme très élevé de divisions cellulaires. Notre hypothèse est que les rayonnements électromagnétiques, en augmentant l'entropie, le désordre au niveau des molécules chimiques, peuvent faire en sorte que, lors des divisions cellulaires, un gène s'exprime de façon anormale et entraîne l'apparition de mutations secondaires. Avec un risque de cancérisation cellulaire.
Vous allez donc encore plus loin que David Servan-Schreiber...
C'est qu'il y a d'autres risques prouvés, comme l'électro-sensibilisation : j'ai des patients qui ne peuvent plus supporter un environnement d'ondes électromagnétiques. Peut-être est-ce dû à l'association avec une pollution chimique par des métaux lourds qui se fixeraient au niveau des cellules nerveuses. D'autres risques ne sont pas prouvés, mais une étude suédoise, par exemple, évoque la possibilité que la potentialisation des UV et d'un rayonnement électromagnétique favorise l'apparition des mélanomes. La présence permanente d'appareils électriques dans l'environnement peut aussi être source de potentialisation. L'élémentaire principe de précaution veut donc que nous n'utilisions les téléphones portables qu'avec la plus grande modération.
Richard Le Ny
* Le Pr Dominique Belpomme, cancérologue, est président de l'Artac (www.artac.info), initiateur de l'appel de Paris.
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Source :
http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2008/06/28/01006-20080628ARTFIG00097-dominique-belpomme-risques-prouves-.php
Dominique Belpomme * - Je n'y ai pas été invité. Mais je rends hommage à David Servan-Schreiber parce que cette initiative a le mérite de relancer le débat, même si je regrette que celui-ci ait lieu sur la place publique et non entre experts, dans le cadre de nos institutions scientifiques. Par ailleurs, je ne suis pas d'accord lorsqu'il est dit que les études épidémiologiques sont insuffisantes pour conclure à un risque de cancer. Il y a en effet des études négatives, mais elles n'ont pas un recul suffisant et sont souvent faites et/ou commanditées par l'industrie de la téléphonie mobile. Un panel d'experts indépendants a par ailleurs réalisé une analyse exhaustive de la littérature scientifique à travers le BioInitiative Report, qui montre qu'il y a un risque faible, mais certain, de tumeurs cérébrales au bout de dix ans si l'on utilise un portable plusieurs heures par jour. Et il est prouvé que la proximité de lignes à haute tension, qui produisent d'autres ondes électromagnétiques, provoquent des leucémies chez l'enfant.
Les 10 recommandations de cet appel ?
Il en manque une : les femmes enceintes ne doivent utiliser le portable que pour les appels d'urgence. Le foetus est en effet le plus vulnérable : passer d'une cellule à 3 kilos de cellules en neuf mois implique un rythme très élevé de divisions cellulaires. Notre hypothèse est que les rayonnements électromagnétiques, en augmentant l'entropie, le désordre au niveau des molécules chimiques, peuvent faire en sorte que, lors des divisions cellulaires, un gène s'exprime de façon anormale et entraîne l'apparition de mutations secondaires. Avec un risque de cancérisation cellulaire.
Vous allez donc encore plus loin que David Servan-Schreiber...
C'est qu'il y a d'autres risques prouvés, comme l'électro-sensibilisation : j'ai des patients qui ne peuvent plus supporter un environnement d'ondes électromagnétiques. Peut-être est-ce dû à l'association avec une pollution chimique par des métaux lourds qui se fixeraient au niveau des cellules nerveuses. D'autres risques ne sont pas prouvés, mais une étude suédoise, par exemple, évoque la possibilité que la potentialisation des UV et d'un rayonnement électromagnétique favorise l'apparition des mélanomes. La présence permanente d'appareils électriques dans l'environnement peut aussi être source de potentialisation. L'élémentaire principe de précaution veut donc que nous n'utilisions les téléphones portables qu'avec la plus grande modération.
Richard Le Ny
* Le Pr Dominique Belpomme, cancérologue, est président de l'Artac (www.artac.info), initiateur de l'appel de Paris.
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Source :
http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2008/06/28/01006-20080628ARTFIG00097-dominique-belpomme-risques-prouves-.php