Danièle Bovin, une vie loin des ondes - letelegramme.fr - 11/12/2019

Danièle Bovin déposera, ce mercredi, au tribunal de Lorient, au nom d’un collectif, une plainte contre Enedis pour l’installation d’un compteur Linky. Elle est électrosensible au point de vivre dans une caravane en bordure de forêt de Pont-Calleck.



Danièle Bovin a été déclarée électrosensible par un médecin en 2017. Sans possibilité de traitement, elle vit loin des ondes, en zone blanche. (Photo Céline Le Strat)
« Vous avez un téléphone portable ? Vous pouvez l’éteindre s’il vous plaît ? ». Cela fait quelques kilomètres, déjà, que le réseau n’affiche aucun service « mais c’est encore pire car le téléphone cherche du réseau ». Et les ondes, Danièle Bovin, 61 ans, dit les détecter tel un radar. Et elle est électrosensible, depuis 2007, et c’est dix ans plus tard qu’un médecin Nantais a officiellement confirmé qu’elle présentait « un syndrome d’hypersensibilité aux champs électromagnétiques » suivi de la mention « aucun traitement à proposer ».
 
Cloque dans les yeux, arythmie, maux de tête Depuis le 13 octobre, elle vit dans une caravane, sur un parking, en bordure de la forêt de Pont-Calleck, sur la commune de Berné. Une zone blanche comme Danièle en rêve, le confort en moins. Pas de chauffage, pas de douche, encore moins de toilettes mais, ici, la sexagénaire n’est pas atteinte pas les ondes. Photo à l’appui, Danièle Bovin témoigne de ses maux au contact du wifi ou de la 4G : hémorragies conjonctivales, cloque de lymphe pour les yeux, arythmie et extrasystolie pour le cœur, maux de tête, de dents, problèmes articulaires, « une torture », qualifie-t-elle.
 
C’est après l’installation de boîtiers CPL dans sa maison de Lanester qu’elle constate les premiers symptômes. « Je ne dormais plus, j’avais des problèmes articulaires. Moi qui étais sportive et active, je restais couchée dans le canapé ».
 
Elle est mise sur la piste de l’électrosensibilité, deux ans plus tard. Elle déménage plusieurs fois, fait fonctionner ses installations en filaire mais le XXIe siècle la rattrape. « Il y a le wifi ou la 4G presque partout aujourd’hui », déplore-t-elle. Elle mène aussi le combat contre les compteurs Linky. Elle déposera, ce mercredi, au tribunal de Lorient, une plainte avec son collectif Citoyens éclairés après l’installation par Enedis du compteur intelligent chez une Lorientaise l’ayant refusé.

 
« C’est inhumain de nous traiter comme ça » Danièle Bovin a été déclarée inapte, en novembre 2018, et vit avec une retraite de 860 euros par mois. Pas de quoi s’offrir une maison à 100 mètres du wifi, deux kilomètres d’une antenne relais ou des lignes à très haute tension. Avec une amie, elle aussi électrosensible, elles cherchent un lieu de vie en zone blanche « mais on a de mauvaise surprise. On croit que l’on a trouvé et puis on se rend compte de l’installation d’éoliennes en 2023 ».
 
Elle déplore l’inaction des pouvoirs publics en faveur des personnes électrosensibles. « 10 % de la population » serait touchée, selon elle. 5 % pour l’Anses. « On se sent comme en territoire ennemi, c’est inhumain de nous traiter comme ça, de nous couper du monde ». Lors de ses rares passages en ville, au milieu des ondes, elle s’équipe : « chapeau à fil d’argent, cape avec tissu blindé, mais ce n’est pas suffisant ». Elle sait qu’elle ne pourra pas rester éternellement sur le parking de la forêt de Pont-Calleck. « Non je n’ai rien à faire là. Mais je vais où ? ». Elle considère qu’il est urgent de créer des zones blanches, « avec la 5G, cela va être terrible ».

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