'Danger des antennes-relais : et si l’on nous mentait ?' - Agoravox - 22/03/2006

« Les opérateurs dissimulent les vraies expositions pour des histoires de gros sous » : pour cette phrase prononcée dans une interview, le porte-parole d’une association est traîné devant les tribunaux. Condamné en juillet pour atteinte à l’honneur de Bouygues Télécom, il comparaissait à nouveau le 14 mars dernier, assigné cette fois par Orange et SFR. Mais le parquet a requis la relaxe. Les opérateurs de téléphonie mobile nous cacheraient-ils quelque chose ?



A cause de cette phrase en effet, prononcée dans une interview accordée au Journal du dimanche en novembre 2003, Etienne Cendrier, porte-parole de l’association Robin des Toits, est traîné devant les tribunaux par les trois opérateurs de téléphonie mobile. Bouygues Télécom, qui lui réclamait 200 000 euros, a déjà obtenu sa condamnation en juillet 2005 à 5000 euros de dommages et intérêts, ce à quoi s’ajoutent 4000 euros pour divers frais.

Jugement assorti d’une exécution provisoire, malgré l’appel interjeté : « En "tapant" les associations et leurs militants au porte-monnaie, les opérateurs tentent d’étouffer ainsi ce qui a toutes chances de devenir demain un scandale majeur de santé publique », s’indigne Robin des Toits. Non imposable, Etienne Cendrier est incapable de payer cette somme. Aussi l’association a-t-elle lancé une souscription en sa faveur. En attendant, l’offensive juridique des opérateurs se poursuivait au pénal, le 14 mars dernier, devant la 17e chambre du Tribunal correctionnel de Paris. Mais il semble bien que le vent tourne, Orange et SFR, plaignants du jour, ayant été mis en difficulté par les témoignages d’experts indépendants cités par la défense.

Comme pour l’amiante ?

Pierre Le Ruze, chercheur spécialisé dans les effets des ondes électromagnétiques, a ainsi déploré : « Les travaux qui ne vont pas dans le sens d’une innocuité des expositions sont purement et simplement jetés à la poubelle ». Il a aussi confirmé que bon nombre des rapports officiels niant la nocivité des antennes-relais sont rédigés par « le même noyau d’experts » français, financés en partie par... les opérateurs !

L’avocat de SFR a bien tenté une contre-attaque : « Est-ce qu’on peut donner raison à un lanceur d’alerte face à différentes institutions telles que l’OMS ? », a-t-il demandé à André Cicolella, un autre chercheur cité comme témoin par la défense. « Je vous renvoie à l’exemple de l’amiante », lui fut-il rétorqué. Pour mémoire, les dangers de cette fibre hautement cancérigène étaient connus dès 1906, et elle ne fut pourtant interdite en France qu’en 1997.

Sur le fond de l’affaire, les opérateurs dissimulent-ils les vraies expositions, comme le prétend Etienne Cendrier ? René Dutrey, président du groupe Verts au Conseil de Paris, avoue avoir de sérieux doutes : « Au vu du relevé de mesures que je reçois dans la cadre de la campagne lancée par la ville, et où l’on trouve des résultats à zéro volt/mètre (impossible, d’après les scientifiques ! Ndlr), j’ai de fortes suspicions. Les opérateurs ont la capacité de baisser le seuil d’émission des antennes et ce sont eux qui financent toutes les mesures officielles. Ils se retrouvent ainsi juge et partie. » Au vu de tous ces éléments, le Parquet a requis la relaxe, estimant que l’on pouvait légitimement douter de l’indépendance des bureaux de contrôle chargés des mesures de puissance des antennes.

Une relaxe également défendue par une pétition de soutien aux lanceurs d’alerte, notamment signée par René Dutrey, l’artiste Rufus ou l’ex-ministre de l’environnement Corinne Lepage. Reste que, pour Robin des Toits, une exposition trop importante aux antennes-relais pourrait entraîner migraines, troubles du sommeil, pathologies du cerveau et même cancers. Et si l’association avait raison ?

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Source : http://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/danger-des-antennes-relais-et-si-l-8109

Robin Des Toits
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