"Crises sanitaires : les ONG interpellent les candidats à l'Elysée" - La Tribune - 16/04/2012

Fabien Piliu

Pour éviter que les scandales de l'amiante, du Mediator, des insecticides Gaucho et Regent se répètent, quatre organisations non gouvernementales proposent une loi comprenant vingt-cinq mesures pour reconstruire la sécurité sanitaire autour d'une vision globale de l'environnement.



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Elles auront attendu jusqu’au dernier moment. Les questions sanitaires ayant donc été totalement absentes du débat présidentiel, quatre organisations non gouvernementales (ONG), ont décidé de prendre les choses en main pour interpeller les candidats à l’Elysée.
 
Reçues ce lundi au Sénat, Générations Futures, Réseau environnement santé, Robin des toits et Ecologie sans frontières celles-ci ont dénoncé dans un document le fait que la santé faisait invariablement figure de variable d’ajustement face à des intérêts « supérieurs » pour développer au plus vite un produit ou une technologie.

La santé, une variable d'ajustement
 
« C’est un fait, notre modèle de développement ne prend toujours pas en compte les risques sanitaires. C’est trop souvent fort dommageable pour la santé de nos concitoyens », a expliqué Leila Aïchi, la sénatrice Europe Ecologie Les Verts (EELV) en introduction de la conférence de presse.
 
L’angle d’attaque des ONG était le suivant : c’est le même scénario qui se répète lors de toute crise sanitaire : tabac, amiante, insecticides, téléphonie mobile… La liste est malheureusement assez longue. Six séquences se succèdent avant l’éclatement d’une crise.
 
Lors de la première séquence, une innovation technologique ((procédé industriel, molécule..) est lancé sans étude d’impact sanitaire. Les bénéfices attendus sont prioritaires. Séquence 2 : les ONG constatent une attitude complaisante des agences de sécurité sanitaire (maintien de normes obsolètes insuffisantes, conflits d’intérêts dans les comités experts…). 
 
Les premières alertes ne sont pas prises en compte et les personnes à l’initiative de ces alertes font l’objet de pressions, de sanctions lors de la troisième séquence.
 
Séquence 4 : l’industrie mise en cause fabrique le doute lorsque l’évidence scientifique se construit. Lors de la séquence suivante, la cinquième, les assureurs prennent leurs distances. Les ONG constatent l’attentisme des autorités publiques lors de la sixième séquence. Puis, la crise éclate.
 
Certes, cet enchaînement de séquences avéré pour les ONG pourrait faire plonger dans la paranoïa la plus aigue la personne la plus candide au monde. Mais force est de constater qu’elles se sont enchaînées ainsi dans l’affaire du Médiator, dans le cas du Bisphénol A, dans les dossiers du Gaucho et du Régent, deux insecticides qui ont provoqués la surmortalité des abeilles.
 
« Le principe de précaution est totalement bafoué ! On préfère taire les effets éventuellement néfastes d’une innovation sur la santé au nom des bénéfices. Parce qu’il y a un doute sur la dangerosité, les pouvoirs publiques préfèrent organiser des débats, commander d’innombrables études scientifiques avant de trancher. En attendant, les crise sanitaires se développent », explique François Veillerette, le porte-parole de Générations Futures qui rappelle que le débat sur les OGM n'est toujours pas réellement tranché.
 
La 4G inoffensive ?
 
Résultat, la 4G est bientôt commercialisé alors que le ministère de la Santé n’a toujours fait publier les décrets qui interdisent l’usage des téléphones mobiles aux enfants de moins de six ans alors plus de 1500 études indiquent que leur usage est extrêmement dangereux ! », s’insurge Etienne Cendrier, le porte-parole de Robin des toits.
 
Pour limite le développement de crise sanitaire, les ONG appellent aux votes d’une loi qui comprendrait 25 mesures. Celles-ci réorganiseraient le dispositif des agences de sécurité sanitaire, construiraient la sécurité sanitaire autour d’une vision globale de l’environnement, développerait la recherche en santé environnement et permettrait la construction d’un droit protecteur du citoyen basé sur le principe de précaution.

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Thomas B
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