Marie-Carmen aura passé toute la journée de lundi à s'excuser de ne pas avoir pris de douche. « Je n'ai pas eu le temps, répète la quadragénaire. À midi, une voisine m'a crié que le camion était sur place. Je suis directement descendue pour le bloquer. »
La propriétaire au 8, rue du Docteur-Bring en voulait moins au poids lourd qu'à sa cargaison : les morceaux du pylône devant soutenir l'antenne-relais plantée par Orange dans le jardin de son voisin.
Vers midi, accompagnée d'une dizaine d'autres riverains du quartier de Cœuilly, Marie-Carmen a donc empêché le semi-remorque de franchir le portail du n° 6. « J'ai quand même le droit de rester sur le trottoir », se justifie la protestataire. « Ils ont tout à fait le droit de manifester, reconnaît Fouad, 64 ans, propriétaire de la parcelle louée par Orange. Mais on ne peut pas interdire l'accès à une voie privée comme ça. »
Prévenus du remue-ménage rue Docteur-Bring, des policiers de la brigade territoriale de contact sont venus calmer les esprits. Le camion (et le pylône) a lui rejoint une « zone de stockage » en région parisienne. Où il restera sans doute un bon mois.
« Excuses fallacieuses »
En début d'après-midi, lors d'une réunion sur le sujet à la mairie de Champigny, des représentants de l'opérateur ont ainsi annoncé suspendre les travaux jusqu'au 30 septembre.
« D'ici là, on va demander au préfet de réunir à Champigny une commission départementale de conciliation, avec tout le monde autour de la table », précise Gérard Lambert, adjoint (PCF) en charge des affaires juridiques. Un format de réunion, créé pour apaiser les relations entre riverains et opérateurs, que la préfecture souhaite organiser dans les 47 communes du Val-de-Marne. « Ça nous laisse du temps pour renforcer notre dossier », se réjouissait Marie-Carmen, décidée à obtenir purement et simplement l'annulation du projet d'antenne-relais. Et le dossier a intérêt à être costaud : aux riverains qui jurent que la campagne d'affichage obligatoire n'a pas eu lieu, Gérard Lambert répond que « toutes les procédures ont été respectées par la mairie et l'opérateur ». « Conformément à la loi, une campagne d'affichage a eu lieu sur une durée de deux mois, entre le 17 novembre 2017 et le 16 février 2018, confirme Orange. Elle a été constatée par huissier. » « Ils le savent depuis 2017, souffle Momo, 41 ans, fils de Fouad et pris à partie lundi midi, en désignant la déclaration préalable de travaux accrochée à son grillage. Faut pas trouver d'excuses fallacieuses, tout a été fait dans les règles de l'art. Orange n'allait quand même pas frapper à toutes les portes pour prévenir le quartier. »
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Source : http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/champigny-orange-suspend-la-construction-de-l-antenne-relais-26-08-2019-8139756.php