'Antennes-relais : malentendus entre experts et associations' - Le Figaro - 07/04/2009



L'audition parlementaire organisée lundi à Paris a illustré les divergences majeures entre les acteurs du dossier.

«Il y a bien des troubles provoqués par les antennes-relais, il ne faut pas les négliger, ils sont d'ordre… psychosomatique», a affirmé lundi le professeur Denis Zmirou (faculté de médecine de Nancy), lors de l'audition publique organisée sur ce sujet à l'Assemblée nationale. «Une étude montre que des enfants de 7 ans, exposés depuis leur enfance aux ondes électromagnétiques, présentent plus de troubles du comportement que les autres, a rétorqué, quant à elle, une militante de l'association Priaterm…

Depuis début février, date à laquelle deux opérateurs de téléphonie mobile ont été contraints par la justice de démonter deux antennes-relais au nom «du principe de précaution» et du «ressenti» des riverains, plusieurs dizaines de procédures judiciaires ont été lancées. Face à cette mise en cause qui menace la téléphonie mobile en France, les pouvoirs publics ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps afin de répondre à la judiciarisation de cette question de sécurité sani­taire. Lundi, à l'initiative de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), une audition pu­blique a permis aux scientifiques, aux associations et aux opérateurs de téléphonie mobile de se rencontrer et d'échanger, en présence de parlementaires et de la presse. Le résultat a été une sorte de dialogue de sourds, entre certaines ONG, qui estiment que les normes doivent être revues, que certaines antennes doivent être démontées, que les enquêtes épidémiolo­giques sont insuffisantes, et les experts scientifiques, qui affirment qu'en l'état actuel des connaissances, aucun risque sanitaire n'a été mis en évidence.


Pose d'antennes-relais de téléphones mobiles par des techniciens de France Télécom à Paris. Crédits photo : Le Figaro
Inquiétudes sociétales

«Ces dix dernières années, les Français ont été spectateurs de cette prolifération d'équipements dont ils ne comprennent pas toujours les propriétés. On compte 47 000 de ces antennes-relais utilisant le GSM, a expliqué très calmement en introduction Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée nationale. Elles s'ajoutent aux 23 000 stations UMTS et à l'ensemble des stations autorisées déjà existantes, antennes de radiodiffusion, de télévision, de radio professionnelle. Le Parlement ne peut rester indifférent aux craintes…» Puis, associations et experts se sont opposés à coups d'études scientifiques. Le professeur André Aurengo (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris), l'un des rares experts français à maîtriser à la fois des questions de physique et de biologie, a évoqué une série d'études ne mettant pas en évidence d'effet biologique des ondes électromagnétiques, ainsi que des enquêtes épidémiologiques allant dans le même sens. Même position de la part du professeur Zmirou. À l'inverse, plusieurs membres de l'association Robin des toits ont cité des études mettant en avant des troubles pour la santé. Une mère de famille a déploré l'absence d'enquêtes chez des enfants… Un médecin a évoqué l'augmentation du taux de cancer comme une conséquence possible des antennes-relais, oubliant de préciser que l'espérance de vie n'arrête pas d'augmenter. Comment concilier des experts qui ont une vraie légitimité scientifique et des associations qui travaillent sur des inquiétudes sociétales ? Le Grenelle des antennes-relais, prévu le 23 avril, est censé répondre à la question.

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Source : http://www.lefigaro.fr/sante/2009/04/07/01004-20090407ARTFIG00400-antennes-relais-malentendus-entre-experts-et-associations-.php

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Voir également :

- Denis Zmirou , 'Pourquoi j'ai démissionné de l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale (AFSSE)' - Le Monde, 10/06/2005

- L'AFSSE EN CRISE: Entre cacophonie et polyphonie !

- 'Santé et mobiles, les députés sur la même longueur d'onde' - 01Net - 08/08/2005

Robin Des Toits
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