"Antennes relais : les locataires se font de mauvaises ondes" - Mars Actu - 17/04/2013



Au Panier, des locataires HLM tentent d'empêcher l'installation d'antennes relais sur le toit de leur immeuble. Ils s'inquiètent des effets potentiellement nocifs des ondes sur leur santé.

Place de Lorette, au Panier, l'affiche d'un permis de construire est apposée sur le mur. Il annonce l'installation d'antenne relais sur le toit de cet immeuble d'habitat social géré par la Sogima. Depuis 2010, des habitants constitués en collectif rattaché à l'association nationale Robin des toits tentent d'empêcher la pose de trois antennes de téléphonie mobile Bouygues Télécom. "Les ondes émises ont des répercussions sanitaires évidentes", selon Alexandra Dulut, locataire et membre du collectif. Elle rappelle que l'Organisation Mondiale de la Santé a classé ces radiofréquences comme "potentiellement cancérigènes". "Le café aussi est potentiellement cancérigène mais on choisit ou pas d'en consommer", formule-t-elle.

"L'antenne relais, on n'en veut pas"

Depuis le début de leur combat, les locataires ont déjà engagé un avocat et entamé une procédure de recours administratif. "L'antenne relais, on n'en veut pas", martèlent les femmes du collectif Lorette. "Il y en a déjà neuf dans le quartier dont deux autour de la place des Moulins", située à une centaine de mètres de l'immeuble en question. Mais ces dernières sont perchées sur des propriétés privées où l'accord unanime des propriétaires est exigé pour une telle installation. Dans le cas du bâtiment HLM de la place de Lorette, un seul acteur est à convaincre, la Sogima, une aubaine pour les opérateurs de téléphonie mobile. Le collectif critique ainsi un "marché lucratif qui ne prend pas en compte l'avis des habitants et les risques encourus pour leur santé". En effet, la Sogima est d'autant plus facile à convaincre que c'est elle qui perçoit la redevance pour chaque antenne posée et ce, sans en reverser la moindre part à ceux qui vivent dessous.

Les locataires font le rapprochement avec l'amiante, et la lente prise de conscience de ses effets cancérigènes. Même si le débat sur la nocivité des ondes électromagnétiques n'est pas tranché, les études se multiplient. L'Association Santé Environnement France a publié un rapport, effectué dans des bâtiments HLM d'Aix-en-Provence et Aubagne, qui révèle une corrélation entre la présence de multiples antennes de téléphonie mobile et différents symptômes (maux de tête, nervosité, troubles du sommeil...). Tour à tour les locataires du 12 place de Lorette affirment leur inquiétude "en particulier pour les enfants", nombreux dans l'immeuble. Surtout que "les locataires n'ont pas les moyens financiers de déménager ou de se défendre en justice face à Bouygues Télécom".

Pour un principe de précaution

"Nous ne demandons pas de recevoir des indemnités, juste l'application d'un principe de précaution", précisent les membres du collectif, "d'autant plus que l'immeuble se situe à quelques centaines de mètres d'une école maternelle et d'une école primaire". Ce principe de précaution figure dans le projet de loi pour la refondation de l'école, voté par l'Assemblée nationale en mars et prochainement examiné au Sénat. Trop tard pour l'immeuble du Panier où les travaux commenceront le 22 avril si le recours est rejeté. Les locataires regrettent l'incapacité de la mairie à réglementer. En effet, une décision du Conseil d'État a déclaré les mairies incompétentes pour statuer sur la réglementation de l'implantation des antennes relais.

Par ailleurs, une proposition de loi du groupe écologiste visant à prévenir les risques de l'exposition à des ondes électromagnétiques a été examinée en février à l'Assemblée Nationale puis renvoyée en commission. À l'initiative de la proposition, François Michel Lambert "regrette l'abandon d'une loi qui aurait permis d'ajouter de la démocratie locale". Pour le député (EE/LV) des Bouches-du-Rhône, "l'évolution de la téléphonie mobile est tellement forte qu'elle repose sur un vide juridique". Il affirme "comprendre la mobilisation des habitants" et se dit "démuni et dépité de ne pas pouvoir leur apporter de réponse plus satisfaisante".

Un manque d'information

En 2010, le collectif Lorette a rencontré Lisette Narducci, avec, en main, une pétition signée par 300 personnes. La mairie et la Sogima s'engagent alors à ce que les installations "ne dépassent pas le voltage autorisé, de 3 volts/mètre" et à "informer les locataires". Or, ces derniers affirment que "s'ils sont mécontents, c'est surtout à cause du manque d'information". Depuis septembre, le collectif est en attente d'un dossier technique demandé à Bouygues Télécom, à la Sogima et à la mairie, pour en savoir plus sur la puissance de l'émetteur-récepteur.

Contacté à ce sujet, le directeur d'exploitation de la société, Michel Anselme, affirme dans un premier temps que "toutes les informations techniques ont été fournies aux locataires dès le début" avant de revenir sur ses propos : "je croyais que le dossier avait été transmis, il va leur être envoyé rapidement. Le droit à l'information fait partie de nos contrats". "Bouygues Télécom s'est engagé à adresser un courrier aux locataires pour les faire revenir sur le recours engagé". Pour le directeur d'exploitation de la Sogima, "tant que les mesures légales sont respectées, il n'y a pas péril en la demeure". Membre du collectif Lorette, Alexandra Dulut, répète que "de toutes façons, le recours sera déposé".

Scénario similaire du côté de Périer, au 10 boulevard Gaston Crémieux. Danielle Lorenzi, habitante de ce bâtiment HLM de la Sogima où deux antennes relais sont déjà installées, dénonce "un fonctionnement méprisant vis-à-vis des locataires". Ces derniers ont engagé un avocat, envisage un recours et ont lancé une pétition. En 2011, le permis de construire d'une antenne relais Free sur le toit du n°10 a été affiché dans le hall du n°12 du boulevard, "car la cage d'escalier est plus visible", selon la Sogima. L'affichage a été fait dans les règles et constaté par un huissier en 2011. Depuis plus rien, jusqu'à aujourd'hui où les travaux viennent de commencer. Béatrice Durbec, directrice déléguée de l'exploitation de Sogima a reçu les habitants et reconnu "un manquement à l'obligation d'information" selon Danielle Lorenzi. La téléphonie progresse et les antennes poussent comme du chiendent au grand dam des habitants.

Par Sirine Azouaoui

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Source : http://www.marsactu.fr/environnement/antennes-relais-les-locataires-se-font-de-mauvaises-ondes-30921.html

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Voir également :

- antennes-relais et hlm


Robin Des Toits
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