'Antennes-relais : le débat continue' - Le Progrès - 27/05/2009



« L'arrêté interdit l'installation d'antennes à moins de 100 mètres d'écoles ou de crèches »

« Le dossier des antennes-relais est un sujet sensible à Oullins », explique le sénateur-maire d'Oullins François-Noël Buffet qui n'a pas oublié les 3 expériences malheureuses avec les opérateurs de téléphonie mobile.

« Pour m'être opposé à leurs desseins, la ville a été condamnée à chaque fois par le tribunal », poursuit-il. Dans ces conditions, le conseil municipal a mis en place, dès mai 2007, un moratoire pour un délai de six mois, prolongé ensuite. Dernièrement, le maire d'Oullins a pris un arrêté visant à interdire l'implantation de tout dispositif émettant des champs électromagnétiques à une distance inférieure à 100 mètres des écoles et des crèches.

Aujourd'hui, le dossier le plus « chaud » est celui de la Bussière dans lequel un opérateur souhaite installer des antennes à proximité de l'école Ferry.

Mais le premier magistrat de la commune préfère rester prudent : « La situation pourrait évoluer. J'ai demandé à Marc Filiu, conseiller municipal délégué au développement durable de s'emparer du dossier. Ce dernier doit rencontrer tout le monde pour que la concertation soit maximale ». Et le sénateur-maire de reprendre : « A titre personnel, je refuse l'installation de ces antennes par précaution dans la mesure où le matériel serait installé à proximité d'une école. S'il n'y a pas de certitudes autour du danger des antennes-relais, il y a quand même beaucoup d'incertitudes... Le rôle du maire est de veiller à la santé de ses concitoyens. On ne peut pas exclure les risques pour les personnes les plus fragiles ». L'issue du dossier reste cependant assez floue : « Nous avons rencontré les membres de l'association « La Bussière en danger » et il semble que l'on ne pourra pas éviter une action en justice auprès du tribunal de Grande instance ».

« Toutefois, la position de la ville doit aller au respect du libre usage de la téléphonie mobile tout en protégeant les habitants. Aujourd'hui, si l'important c'est l'intensité de la fréquence, il faut descendre à 0,6 volts par mètre. La solution passe peut-être par l'installation de nouvelles antennes mais de plus faibles puissances », conclut le maire qui souhaiterait établir une charte renforcée de concertation et d'information.

La première « affaire » concernant l'installation d'antennes-relais à Oullins remonte au début des années 2000 avec la volonté d'un opérateur d'installer son matériel à la Cadière. En 2007, le même opérateur a tenté le coup de force rue Claude-Michel. Et il y a peu, c'est la Bussière qui a été l'objet de toutes les convoitises de la part d'un géant de la téléphonie mobile. Le maire d'Oullins a, à chaque fois, refusé l'installation mais a été systématiquement condamné. Après le moratoire, le maire a pris un arrêté municipal, limitant les implantations. Pas suffisant répond Oullins-initiatives, le collectif monté sur la commune pour sensibiliser aux dangers des ondes.

« La municipalité ne doit pas se donner bonne conscience grâce à cet arrêté »

Le collectif semble plus que jamais déterminé à poursuivre son combat. « Si nous apprécions la parution de l'arrêté, il ne faut pas que celui-ci ne soit qu'un papier de plus sans application effective. Il est indispensable de suivre de près sa mise en application », explique le porte-parole du collectif Oullins-initiatives.

« Si les opérateurs l'acceptent, des mesures continues, indépendantes et certifiées doivent être au plus tôt entreprises au niveau de tous les établissements sensibles comme les écoles, crèches, garderies citées dans l'arrêté, mais aussi les établissements accueillant les personnes âgées, catégorie à risques oubliée par l'arrêté », poursuit ce dernier, précisant que le seuil de 0,6 V/m doit être un maximum continu, indépassable. Jacques Philippe pense que la concertation doit être totale : « Associations et collectifs doivent être associés de plein droit à ces contrôles, en tant que représentants de leurs adhérents ». Ferme, il poursuit : « Si les opérateurs restent sur leur position, il appartiendra au maire d'en tirer les conséquences. En France, un maire a déjà pris un arrêté de fermeture d'une école en raison du refus de l'opérateur de ne pas démanteler une antenne située à proximité de l'établissement ».

Et de reprendre : « Nous soutiendrons la municipalité dans toute action positive au cas où les opérateurs porteraient l'affaire en justice ou n'appliqueraient pas l'arrêté, en particulier par le biais de notre pétition, de lettres de résidents des immeubles concernés, ou grâce aux témoignages de personnes affectées ».

Le Collectif poursuivra donc jusqu'à ce que la municipalité obtienne des résultats complets, vérifiables et durables. Sa conclusion est sans appel : « L'équipe municipale ne doit pas se donner « bonne conscience » grâce à cette parution, mais doit considérer que ce n'est qu'un premier pas vers la sécurité sanitaire des administrés : des moyens en personnel et en budget doivent être affectés aux actions à mener concernant les établissements relevant de la responsabilité de la commune et une information claire et précise doit être donnée dans le cadre du principe de précaution aux établissements privés ».

Jacques Philippe Porte-parole du collectif Oullins-initiatives

---
Source : http://www.leprogres.fr/fr/permalien/article/1528073/Antennes-relais-le-debat-continue.html



Robin Des Toits
Lu 2365 fois
Dans la même rubrique :