Voilà une étude sur le téléphone mobile dont on n'aurait jamais entendu parler si les associations Priartem et Agir pour l'environnement ne l'avait rendue publique (« le Parisien », 6/9). Du côté de Bouygues Telecom, Orange, SFR (les trois fameux « opérateurs ») et des autorités sanitaires, une seule rengaine, en effet : tout va bien, que le bizness continue ! 50 millions d'abonnés, des profits astronomiques (pub, télé, etc.), un avenir radieux, ce n'est pas le moment de gâcher la fête.
L'étude en question, disponible (en anglais) sur www.bioinitiative.org, a été rédigé par 14 experts internationalement reconnus. La plupart ont publié dans des revues dites « à comité de lecture », c'est-à-dire dont les articles sont expertisés par des scientifiques avant parution : c'est un gage de sérieux. Après avoir examiné à la loupe toutes les recherches scientifiques sur la question, ils affirment notamment qu'au bout de 10 ans les utilisateurs intensifs de portables accroissent de 20 % leurs risques d'avoir une tumeur cérébrale. Et il recommande de nouvelles normes d'exposition biologique, que ce soit pour les portables ou les antennes relais.
Bien sûr, les études se suivent et ne se ressemblent pas : certaines sont rassurantes. Mais, comme l'ont établi l'an dernier des chercheurs universitaires suisses, le financement influe étrangement sur les résultats scientifiques : 33 % des études financées par des industriels conclus à l'existence d'effet sur nos organismes de l'exposition aux radiofréquences, mais ce chiffre s'élève à 80 % quand ces études sont financées par des fonds publics... C'est ainsi qu'avance la science, par controverses et tâtonnements. « Le portable n'existe que depuis une décennie environ, et nous commençons tout juste à avoir assez de recul, dit Janine Le Calvez, présidente de Priartem. depuis 2004, les résultats font de plus en plus dans le sens de la reconnaissance d'un risque. »
Comment a réagi la ministre de la santé Roseline Bachelot à la publication de cette étude ? En commandant illico une nouvelle étude sur la question à l'Afsset, l'agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail. Or celle-ci en a déjà pondu deux, très critiquées. Les experts consultés par l'Afsset ont en effet une fâcheuse tendance à entretenir des liens plutôt amicaux avec les opérateurs, comme l'ont établi les enquêteurs de l'Igas, dans un rapport accablant (rendu public en septembre 2006 à la suite, là encore, d'une protestation des associations susnommées).
Guy Paillotin, alors président du conseil d'administration de l'Afsset, n'avait pas mâché ses mots lors d'une mémorable colère publique (10/1/05) : « L'expertise de l'Afsset sur la téléphonie mobile n'a jamais suivi, ni de près ni de loin, les règles que l'Afsset s'est fixées à elle-même. » Et d'ajouter qu'il la considérait « comme n'existant pas » ! L'Afsset s'est-elle amendée depuis ? Fera-t-elle une fois encore appel aux mêmes experts béni-oui-oui ? Si elle émet des doutes sur la possibilité d'une expertise vraiment indépendante, Jeanine Le Calvez réclame que celle-ci soit au moins contradictoire. « C'est-à-dire réalisée par un groupe d'experts représentatifs du débat en cours au sein de la communauté scientifique. »
En attendant, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes téléphoniques : la preuve, c'est que la question du téléphone portable et des antennes relais a purement et simplement été évacuée du Grenelle de l'environnement.
Professeur Canardeau
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Voir également :
- Téléphonie Mobile - Les preuves définitives du danger pour la santé
- 'Source de Financement et Résultats des Études sur les Effets sur la Santé de l'Utilisation du Téléphone portable' : Huss A & al. - 2007
- 'Liens secrets avec l'industrie et conflits d'intérêts dans la recherche sur le cancer' - Hardell et al. - 2006
- 'Le Culte des Résultats Négatifs' - Dr Louis Slesin - Juillet 2006
- Un rapport de l'IGAS et de l'IGE met en cause l'indépendance des experts de l'AFSSE - 2006
- Colloque au Sénat sur l'expertise de l'AFSSE et les risques sanitaires de la téléphonie mobile - 14/10/2005
- Téléphonie mobile : LIFTING DE L’AFSSE, BONJOUR L’AFSSET - 13/12/2005
- Scandale sanitaire : Lettre ouverte à l'AFOM (Association Française des Opérateurs Mobiles) - 18/12/2006
- Téléphonie mobile, Wifi, Wimax : UN SCANDALE SANITAIRE
L'étude en question, disponible (en anglais) sur www.bioinitiative.org, a été rédigé par 14 experts internationalement reconnus. La plupart ont publié dans des revues dites « à comité de lecture », c'est-à-dire dont les articles sont expertisés par des scientifiques avant parution : c'est un gage de sérieux. Après avoir examiné à la loupe toutes les recherches scientifiques sur la question, ils affirment notamment qu'au bout de 10 ans les utilisateurs intensifs de portables accroissent de 20 % leurs risques d'avoir une tumeur cérébrale. Et il recommande de nouvelles normes d'exposition biologique, que ce soit pour les portables ou les antennes relais.
Bien sûr, les études se suivent et ne se ressemblent pas : certaines sont rassurantes. Mais, comme l'ont établi l'an dernier des chercheurs universitaires suisses, le financement influe étrangement sur les résultats scientifiques : 33 % des études financées par des industriels conclus à l'existence d'effet sur nos organismes de l'exposition aux radiofréquences, mais ce chiffre s'élève à 80 % quand ces études sont financées par des fonds publics... C'est ainsi qu'avance la science, par controverses et tâtonnements. « Le portable n'existe que depuis une décennie environ, et nous commençons tout juste à avoir assez de recul, dit Janine Le Calvez, présidente de Priartem. depuis 2004, les résultats font de plus en plus dans le sens de la reconnaissance d'un risque. »
Comment a réagi la ministre de la santé Roseline Bachelot à la publication de cette étude ? En commandant illico une nouvelle étude sur la question à l'Afsset, l'agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail. Or celle-ci en a déjà pondu deux, très critiquées. Les experts consultés par l'Afsset ont en effet une fâcheuse tendance à entretenir des liens plutôt amicaux avec les opérateurs, comme l'ont établi les enquêteurs de l'Igas, dans un rapport accablant (rendu public en septembre 2006 à la suite, là encore, d'une protestation des associations susnommées).
Guy Paillotin, alors président du conseil d'administration de l'Afsset, n'avait pas mâché ses mots lors d'une mémorable colère publique (10/1/05) : « L'expertise de l'Afsset sur la téléphonie mobile n'a jamais suivi, ni de près ni de loin, les règles que l'Afsset s'est fixées à elle-même. » Et d'ajouter qu'il la considérait « comme n'existant pas » ! L'Afsset s'est-elle amendée depuis ? Fera-t-elle une fois encore appel aux mêmes experts béni-oui-oui ? Si elle émet des doutes sur la possibilité d'une expertise vraiment indépendante, Jeanine Le Calvez réclame que celle-ci soit au moins contradictoire. « C'est-à-dire réalisée par un groupe d'experts représentatifs du débat en cours au sein de la communauté scientifique. »
En attendant, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes téléphoniques : la preuve, c'est que la question du téléphone portable et des antennes relais a purement et simplement été évacuée du Grenelle de l'environnement.
Professeur Canardeau
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Voir également :
- Téléphonie Mobile - Les preuves définitives du danger pour la santé
- 'Source de Financement et Résultats des Études sur les Effets sur la Santé de l'Utilisation du Téléphone portable' : Huss A & al. - 2007
- 'Liens secrets avec l'industrie et conflits d'intérêts dans la recherche sur le cancer' - Hardell et al. - 2006
- 'Le Culte des Résultats Négatifs' - Dr Louis Slesin - Juillet 2006
- Un rapport de l'IGAS et de l'IGE met en cause l'indépendance des experts de l'AFSSE - 2006
- Colloque au Sénat sur l'expertise de l'AFSSE et les risques sanitaires de la téléphonie mobile - 14/10/2005
- Téléphonie mobile : LIFTING DE L’AFSSE, BONJOUR L’AFSSET - 13/12/2005
- Scandale sanitaire : Lettre ouverte à l'AFOM (Association Française des Opérateurs Mobiles) - 18/12/2006
- Téléphonie mobile, Wifi, Wimax : UN SCANDALE SANITAIRE