Téléphones portables, téléphones mobiles de maison et réseaux Internet wi-fi, qui fonctionnent via des antennes-relais, exposent les populations à un brouillard électromagnétique intense. Les effets de ces radiations sur la santé sont extrêmement controversés. Un reportage de Caroline Lafargue apporte quelques éléments de réponse en résonance avec la table ronde sur les ondes qui se tient le 23 avril sous les auspices du gouvernement français.
Depuis son appartement au sixième étage, Carine est aux premières loges. En face, dans la forêt de toits et de cheminées parisiennes, on distingue des caissons gris :
Carine
Une électro-hypersensible parisienne
« J’ai une inflammation de toute la gencive, du coup mon visage est gonflé et tout rouge, je me sens fébrile, et j’ai des maux de tête très forts. J’ai aussi des sensations de brûlures dans les paumes, sur les joues, des fourmillements dans les mains, et dans la poitrine. »
=> ECOUTER SON TEMOIGNAGE EN BAS DE PAGE -
Depuis son appartement au sixième étage, Carine est aux premières loges. En face, dans la forêt de toits et de cheminées parisiennes, on distingue des caissons gris :
Carine
Une électro-hypersensible parisienne
« J’ai une inflammation de toute la gencive, du coup mon visage est gonflé et tout rouge, je me sens fébrile, et j’ai des maux de tête très forts. J’ai aussi des sensations de brûlures dans les paumes, sur les joues, des fourmillements dans les mains, et dans la poitrine. »
=> ECOUTER SON TEMOIGNAGE EN BAS DE PAGE -
DR
Les symptômes de Carine sont en lien avec les « armoires techniques des antennes-relais de téléphonie mobile », explique André Bonnin, responsable du réseau des électro-hypersensibles au sein de l’association Robin des Toits, qui croule sous les demandes de mesures.
Armé d’une série d’appareils de mesure, il parcourt l’appartement. Le grillon -qui convertit en signal audio les champs électromagnétiques et la sonde isotropique -qui mesure l’intensité du champ électromagnétique en volts/m, sont formels : le problème se situe au niveau de la cuisine. « Les maux de tête sont plus intenses dans cette pièce », confirme Carine.
Pour cette mère de famille qui travaille dans le milieu artistique, tout a commencé en novembre dernier. Par erreur, le boîtier de son nouveau réseau wi-fi ne lui est pas livré. Elle frappe à la porte de sa voisine pour demander à partager son réseau. « Je travaillais dans la cuisine, avec mon ordinateur et ça devenait insupportable je ne pouvais plus rester assise pour travailler. Et puis je me suis souvenue que le boîtier wi-fi de ma voisine était de l’autre côté du mur de ma cuisine. Je suis allée la voir, et j’ai appris que sa fille révisait ses examens non stop depuis 3 jours sur son ordinateur. Donc j’ai fait le lien, ça coïncidait avec la durée de mes maux de tête », explique-t-elle. Derrière elle, André Bonnin acquiesce d’un signe de tête et rajoute : « Mes appareils détectent aussi une antenne de téléphone mobile de maison, le DECT, chez la voisine de l’autre côté de la cloison, et ça, c’est super nocif. ». L’inconfort quotidien de Carine fluctue en fonction de l’intensité du brouillard électromagnétique dans lequel elle évolue. Mais les symptômes sont toujours là.
Armé d’une série d’appareils de mesure, il parcourt l’appartement. Le grillon -qui convertit en signal audio les champs électromagnétiques et la sonde isotropique -qui mesure l’intensité du champ électromagnétique en volts/m, sont formels : le problème se situe au niveau de la cuisine. « Les maux de tête sont plus intenses dans cette pièce », confirme Carine.
Pour cette mère de famille qui travaille dans le milieu artistique, tout a commencé en novembre dernier. Par erreur, le boîtier de son nouveau réseau wi-fi ne lui est pas livré. Elle frappe à la porte de sa voisine pour demander à partager son réseau. « Je travaillais dans la cuisine, avec mon ordinateur et ça devenait insupportable je ne pouvais plus rester assise pour travailler. Et puis je me suis souvenue que le boîtier wi-fi de ma voisine était de l’autre côté du mur de ma cuisine. Je suis allée la voir, et j’ai appris que sa fille révisait ses examens non stop depuis 3 jours sur son ordinateur. Donc j’ai fait le lien, ça coïncidait avec la durée de mes maux de tête », explique-t-elle. Derrière elle, André Bonnin acquiesce d’un signe de tête et rajoute : « Mes appareils détectent aussi une antenne de téléphone mobile de maison, le DECT, chez la voisine de l’autre côté de la cloison, et ça, c’est super nocif. ». L’inconfort quotidien de Carine fluctue en fonction de l’intensité du brouillard électromagnétique dans lequel elle évolue. Mais les symptômes sont toujours là.
Qu’en disent les médecins ? « Je suis allée voir un généraliste, je lui ai parlé de mon inflammation de la gencive et des maux de tête, il ne me croit pas trop. Il y a un grand doute de la médecine envers tout ça et je ne comprends pas bien pourquoi », regrette-t-elle.
Ondes électromagnétiques et tumeur au cerveau
Depuis des années, les opérateurs -et même l'Organisation Mondiale de la Santé (l’OMS)- expliquent que ces symptômes d’électro-hypersensibilité sont d’ordre psychosomatique. Et pourtant, en France, quelques associations comme Robin des Toits, la Criirem, Ecologie sans Frontières ou la Priartem se battent contre ce déni des effets des ondes électromagnétiques.
Mais surtout, dans le monde entier, des scientifiques de renom sont parvenus à des résultats extrêmement préoccupants. A tel point que deux sénateurs verts, Jean Desessart et Marie-Christine Blandin, ont organisé une Journée des Antennes le 17 mars dernier pour faire le point avec les pionniers des recherches sur les ondes électromagnétiques. Parmi eux, le Suédois Lennart Hardell, professeur en oncologie et cancérologie, a présenté les résultats de ses recherches épidémiologiques sur le lien entre l’utilisation d’un téléphone portable et les risques tumeur au cerveau. Ses découvertes font froid dans le dos : selon lui, les utilisateurs de portables de moins de 20 ans ont 5 fois plus de chances de développer une tumeur que les autres. Fidèles à leur politique de la chaise vide, les opérateurs de téléphonie mobile avaient décliné l’invitation du Sénat. Personne n’était donc là pour répondre aux inquiétudes de l’assistance.
Destruction des brins d'ADN
Ondes électromagnétiques et tumeur au cerveau
Depuis des années, les opérateurs -et même l'Organisation Mondiale de la Santé (l’OMS)- expliquent que ces symptômes d’électro-hypersensibilité sont d’ordre psychosomatique. Et pourtant, en France, quelques associations comme Robin des Toits, la Criirem, Ecologie sans Frontières ou la Priartem se battent contre ce déni des effets des ondes électromagnétiques.
Mais surtout, dans le monde entier, des scientifiques de renom sont parvenus à des résultats extrêmement préoccupants. A tel point que deux sénateurs verts, Jean Desessart et Marie-Christine Blandin, ont organisé une Journée des Antennes le 17 mars dernier pour faire le point avec les pionniers des recherches sur les ondes électromagnétiques. Parmi eux, le Suédois Lennart Hardell, professeur en oncologie et cancérologie, a présenté les résultats de ses recherches épidémiologiques sur le lien entre l’utilisation d’un téléphone portable et les risques tumeur au cerveau. Ses découvertes font froid dans le dos : selon lui, les utilisateurs de portables de moins de 20 ans ont 5 fois plus de chances de développer une tumeur que les autres. Fidèles à leur politique de la chaise vide, les opérateurs de téléphonie mobile avaient décliné l’invitation du Sénat. Personne n’était donc là pour répondre aux inquiétudes de l’assistance.
Destruction des brins d'ADN
Antennes relais de trois opérateurs français sur un toit de HLM. DR
Coordinateur de ces recherches transeuropéennes, le biologiste allemand Franz Adlkofer et ses chercheurs ont fait une découverte fondamentale : les ondes électromagnétiques des téléphones portables brisent les brins de notre ADN. Soit les cellules touchées par cette génotoxicité meurent, soit elles se muent en cellules cancéreuses. Au départ, le Professeur Adlkofer et ses collègues n’ont pas voulu croire à des résultats si alarmants que les revues scientifiques ont mis du temps à les médiatiser.
Dès qu’ils sont tombés dans le domaine public, les équipes de Reflex ont essuyé une volée de critiques violentes de la part d’autres scientifiques plus proches de l’industrie de la téléphonie, n’hésitant pas à affirmer que les résultats étaient truqués. Aujourd’hui, c’est une référence en ce qui concerne les effets biologiques des ondes. « Il y a beaucoup de travaux qui ne sont peut-être pas aussi décisifs que ceux du programme Reflex, mais dont les résultats vont dans la même direction. Et désormais on ne pourra plus faire autrement que d’accorder de l’importance à cette question », estime le Professeur Adlkofer, qui a co-signé un « appel du 23 mars » avec les Professeurs Belpomme, Hardell et Johansson, pour l’application du principe de précaution.
« Possibilité de maladies dégénératives du système nerveux central »
De son côté, le Professeur Belpomme, cancérologue, et pionnier dans l’étude clinique des effets des ondes électromagnétiques, n’est pas plus rassurant que ses collègues. A l’hôpital parisien Georges Pompidou, ce médecin s’est particulièrement intéressé au syndrome d’intolérance aux champs magnétiques, une pathologie moins lourde que les tumeurs au cerveau et autres cancers prédits par les professeurs Hardell et Adlkofer, mais qui pourrait potentiellement concerner beaucoup plus de monde.
Le professeur Belpomme a donc reçu des dizaines de personnes victimes du syndrome d’intolérance aux champs magnétiques, et a pu en dresser le tableau clinique en deux phases : une phase inaugurale avec des maux de tête, des troubles de la concentration et de la sensibilité, et une phase d’état où l’insomnie, la fatigue et la dépression font leur entrée. « A partir de cette cohorte de sujets, on peut étudier l’évolution dans le temps de leur syndrome, pour connaître les risques à terme : très certainement la possibilité de maladies dégénératives du système nerveux central, telles que maladie de Parkinson du sujet jeune mais probablement aussi des maladies d’Alzheimer du sujet jeune et on ne peut pas exclure ajd la possibilité de cancers, qui surgiraient à distance chez les malades du syndrome d’intolérance aux champs électromagnétiques », estime-t-il.
Dominique Belpomme
Professeur de cancérologie
« Les risques de l’exposition aux ondes électromagnétiques sont la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer du sujet jeune, et on ne peut pas exclure la possibilité de cancers »
=> ECOUTER SON INTERVIEW EN BAS DE PAGE -
Dès qu’ils sont tombés dans le domaine public, les équipes de Reflex ont essuyé une volée de critiques violentes de la part d’autres scientifiques plus proches de l’industrie de la téléphonie, n’hésitant pas à affirmer que les résultats étaient truqués. Aujourd’hui, c’est une référence en ce qui concerne les effets biologiques des ondes. « Il y a beaucoup de travaux qui ne sont peut-être pas aussi décisifs que ceux du programme Reflex, mais dont les résultats vont dans la même direction. Et désormais on ne pourra plus faire autrement que d’accorder de l’importance à cette question », estime le Professeur Adlkofer, qui a co-signé un « appel du 23 mars » avec les Professeurs Belpomme, Hardell et Johansson, pour l’application du principe de précaution.
« Possibilité de maladies dégénératives du système nerveux central »
De son côté, le Professeur Belpomme, cancérologue, et pionnier dans l’étude clinique des effets des ondes électromagnétiques, n’est pas plus rassurant que ses collègues. A l’hôpital parisien Georges Pompidou, ce médecin s’est particulièrement intéressé au syndrome d’intolérance aux champs magnétiques, une pathologie moins lourde que les tumeurs au cerveau et autres cancers prédits par les professeurs Hardell et Adlkofer, mais qui pourrait potentiellement concerner beaucoup plus de monde.
Le professeur Belpomme a donc reçu des dizaines de personnes victimes du syndrome d’intolérance aux champs magnétiques, et a pu en dresser le tableau clinique en deux phases : une phase inaugurale avec des maux de tête, des troubles de la concentration et de la sensibilité, et une phase d’état où l’insomnie, la fatigue et la dépression font leur entrée. « A partir de cette cohorte de sujets, on peut étudier l’évolution dans le temps de leur syndrome, pour connaître les risques à terme : très certainement la possibilité de maladies dégénératives du système nerveux central, telles que maladie de Parkinson du sujet jeune mais probablement aussi des maladies d’Alzheimer du sujet jeune et on ne peut pas exclure ajd la possibilité de cancers, qui surgiraient à distance chez les malades du syndrome d’intolérance aux champs électromagnétiques », estime-t-il.
Dominique Belpomme
Professeur de cancérologie
« Les risques de l’exposition aux ondes électromagnétiques sont la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer du sujet jeune, et on ne peut pas exclure la possibilité de cancers »
=> ECOUTER SON INTERVIEW EN BAS DE PAGE -
Malgré ces résultats scientifiques, la plupart des Etats dans le monde ont gardé des seuils limites d’exposition aux champs électromagnétiques. Et sont restés extrêmement prudents sur la nocivité des portables et autres wi-fi. A une exception notoire près : en Côte d’Ivoire, la semaine dernière, un représentant de l’Agence Nationale de l’Environnement a annoncé :
« Nous détruirons les antennes toxiques, car elles représentent des risques cardiaques et pour le corps humain en général ».
Cette reconnaissance publique, les victimes du syndrome d’intolérance aux ondes, les scientifiques indépendants et les associations en rêveraient. En France, le bras de fer qui les oppose depuis des années aux opérateurs et l’Etat n’a pour l’instant abouti qu’à la promesse de Nathalie Kosciusko-Morizet, ancienne ministre de l’environnement et nouvelle secrétaire d’Etat à l’économie numérique, d’organiser d’une table ronde sur les effets des antennes le 23 avril prochain.
Mais, contrairement au courageux représentant Ivoirien, le Premier Ministre François Fillon en est sûr :
« Les expertises disponibles ne permettent pas de conclure sur le lien éventuel entre l’utilisation de la téléphonie mobile et le risque de cancer. L’hypothèse d’un risque de santé pour les populations vivant à proximité des antennes-relais de téléphonie mobile ne peut être retenue. » Reste à savoir si les résultats des scientifiques Lennart Hardell, Olle Johansson, Franz Adlkofer, Dominique Belpomme, vont être étudiés au cours de cette table ronde …
« Nous détruirons les antennes toxiques, car elles représentent des risques cardiaques et pour le corps humain en général ».
Cette reconnaissance publique, les victimes du syndrome d’intolérance aux ondes, les scientifiques indépendants et les associations en rêveraient. En France, le bras de fer qui les oppose depuis des années aux opérateurs et l’Etat n’a pour l’instant abouti qu’à la promesse de Nathalie Kosciusko-Morizet, ancienne ministre de l’environnement et nouvelle secrétaire d’Etat à l’économie numérique, d’organiser d’une table ronde sur les effets des antennes le 23 avril prochain.
Mais, contrairement au courageux représentant Ivoirien, le Premier Ministre François Fillon en est sûr :
« Les expertises disponibles ne permettent pas de conclure sur le lien éventuel entre l’utilisation de la téléphonie mobile et le risque de cancer. L’hypothèse d’un risque de santé pour les populations vivant à proximité des antennes-relais de téléphonie mobile ne peut être retenue. » Reste à savoir si les résultats des scientifiques Lennart Hardell, Olle Johansson, Franz Adlkofer, Dominique Belpomme, vont être étudiés au cours de cette table ronde …