Pour Etienne Cendrier, il y a urgence. Depuis plusieurs années, le porte-parole de l'association Robin des toits milite pour l'application d'un principe de précaution dans le domaine de la téléphonie mobile. En publiant, Et si la téléphonie mobile devenait un scandale sanitaire (1), le militant associatif et bénévole tente d'alerter l'opinion publique. Selon lui, « il est désormais prouvé que le téléphonie mobile et les technologies dites sans fil Bluetooth et Wi-Fi sont dangereuses pour la santé ». Explications.
01net. : Dans votre dernier ouvrage, vous parlez à propos du développement de cette industrie et de ce que cela induit, de « vérités qui dérangent », pour reprendre le titre du film d'Al Gore sur le réchauffement climatique...
Etienne Cendrier : Nous sommes aujourd'hui dans un scénario classique, similaire en bien des points à ce qui s'est passé avec l'amiante et avec le tabac. Avec des risques sanitaires prouvés. Et notamment par le rapport Bioinitiative publié en août 2007, qui passe en revue plus de 1 500 travaux internationaux publiés sur les champs électromagnétiques à hyperfréquences pulsées (ceux qui sont utilisés par la téléphonie mobile). Et les conclusions sont accablantes.
Selon ces études, quel est l'impact d'une exposition prolongée aux champs électromagnétiques pour les utilisateurs de téléphones mobiles ?
Elles ont montré que ces effets étaient de plusieurs ordres. Tout d'abord au niveau du cerveau. Cela perturbe la circulation du sang et cela peut parfois déboucher sur la diffusion totalement inappropriée de substances, comme l'albumine, dans le cerveau. Cela trouble la production de mélatonine, une hormone régulatrice des rythmes biologiques. Cela peut dérégler le système cellulaire d'un individu et casser son ADN. Cela provoque une croissance cellulaire anarchique qui peut, chez certains sujets, provoquer des tumeurs, notamment du cerveau.
Y-a-t-il des risques pour les jeunes enfants à utiliser un téléphone mobile ?
Chez les jeunes enfants, la paroi crânienne est plus fine et plus étroite, les risques liés à l'exposition sont donc d'autant plus forts. En Russie, l'équivalent de l'Afsset [Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail, NDLR] préconise une interdiction des portables aux moins de quinze ans. En Allemagne, en Autriche et au Royaume Uni, le Wi-Fi est interdit dans les écoles et aux alentours. En France, nous sommes encore très loin de tout cela.
Vous aviez fondé beaucoup d'espoirs sur le Grenelle de l'environnement. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Nous avions proposé de limiter l'exposition aux populations sur le modèle de ce qui se fait déjà par exemple en Espagne dans le quartier universitaire de Valence où l'exposition ne dépasse pas un volt/mètre, tout cela étant contrôlé par un système de mesure qui fonctionne en permanence. La secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, était, nous le pensons, bien consciente de la situation, mais au final rien n'a été fait de crédible sur ce volet. On tourne en rond et les freins tant économiques que politiques semblent avoir travaillé à plein.
Qui sont ces lanceurs d'alerte qui tentent d'informer le public sur de possibles risques sanitaires liés au développement de la téléphonie mobile et à la propagation des ondes électromagnétiques ?
Il y a en fait deux types de lanceurs d'alerte : des scientifiques qui travaillent dans des institutions et qui osent publier des conclusions allant à l'encontre de certains intérêts économiques. Ils prennent des risques professionnels très lourds, par rapport à leur hiérarchie et aux crédits de recherche mis à leur disposition. Et puis, il y a les lanceurs d'alerte qui évoluent dans un cadre associatif. C'est mon cas avec Robin des Toits. Dans ce cas, les militants associatifs considèrent un problème sanitaire donné, étudient les dossiers, font appel à des scientifiques indépendants, et non pas comme ce peut être le cas dans la téléphonie mobile à des experts qui de par leur financement ont partie liée avec les opérateurs.
Ensuite, c'est tout un travail d'information et de sensibilisation du public et du monde politique qui se met en place. Bien entendu tout cela comporte des risques, au niveau judiciaire notamment. J'ai personnellement fait l'objet de trois procès, dont deux ont été gagnés au pénal.
Dans le cas précis de la téléphonie mobile, ne peut-on pas inclure une autre forme d'alerte cette fois, à travers le rôle joué par les compagnies d'assurance ?
Oui. C'est un signal fort qu'envoient depuis plusieurs années les plus grandes compagnies d'assurance mondiales. Beaucoup d'entre elles ont décidé de ne plus assurer l'industrie du téléphone mobile (opérateurs, constructeurs, équipementiers...) pour les risques sanitaires liés à l'émission des ondes électromagnétiques.
(1) Editions du Rocher. 9,90 euros.
Huit conseils pour limiter son exposition
A la fin de son ouvrage l'auteur reproduit une petite dizaine de conseils prodigués par le Criirem (Centre de recherche indépendant sur les rayonnements électromagnétiques), pour un usage sain du téléphone portable.
1. Pas de téléphone mobile pour les moins de 15 ans
2. Ne jamais approcher un téléphone mobile en fonctionnement du ventre d'une femme enceinte
3. Ne pas porter son téléphone contre son coeur, l'aisselle, la hanche ou près des parties génitales
4. Toujours utiliser le kit piéton livré avec son téléphone
5. Limiter le nombre et la durée de vos appels
6. Ne téléphoner que dans des conditions de réception maximales
7. Ne pas téléphoner en se déplaçant
8. Ne pas téléphoner en voiture, dans un ascenseur, un wagon ou dans toute autre infrastructure métallique...
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Source : http://www.01net.com/editorial/382238/-en-allemagne-en-autriche-et-en-grande-bretagne-le-wi-fi-est-interdit-dans-les-ecoles-/
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Voir également :
- 'L'usage du téléphone portable déconseillé aux jeunes enfants' - 01net - 22/06/2005
- Et si la téléphonie mobile devenait un scandale sanitaire ? - Communiqué de Presse du 17/06/2008
- Avis scientifiques
- Lanceurs d'alerte sur le danger du portable
- Les assurances
01net. : Dans votre dernier ouvrage, vous parlez à propos du développement de cette industrie et de ce que cela induit, de « vérités qui dérangent », pour reprendre le titre du film d'Al Gore sur le réchauffement climatique...
Etienne Cendrier : Nous sommes aujourd'hui dans un scénario classique, similaire en bien des points à ce qui s'est passé avec l'amiante et avec le tabac. Avec des risques sanitaires prouvés. Et notamment par le rapport Bioinitiative publié en août 2007, qui passe en revue plus de 1 500 travaux internationaux publiés sur les champs électromagnétiques à hyperfréquences pulsées (ceux qui sont utilisés par la téléphonie mobile). Et les conclusions sont accablantes.
Selon ces études, quel est l'impact d'une exposition prolongée aux champs électromagnétiques pour les utilisateurs de téléphones mobiles ?
Elles ont montré que ces effets étaient de plusieurs ordres. Tout d'abord au niveau du cerveau. Cela perturbe la circulation du sang et cela peut parfois déboucher sur la diffusion totalement inappropriée de substances, comme l'albumine, dans le cerveau. Cela trouble la production de mélatonine, une hormone régulatrice des rythmes biologiques. Cela peut dérégler le système cellulaire d'un individu et casser son ADN. Cela provoque une croissance cellulaire anarchique qui peut, chez certains sujets, provoquer des tumeurs, notamment du cerveau.
Y-a-t-il des risques pour les jeunes enfants à utiliser un téléphone mobile ?
Chez les jeunes enfants, la paroi crânienne est plus fine et plus étroite, les risques liés à l'exposition sont donc d'autant plus forts. En Russie, l'équivalent de l'Afsset [Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail, NDLR] préconise une interdiction des portables aux moins de quinze ans. En Allemagne, en Autriche et au Royaume Uni, le Wi-Fi est interdit dans les écoles et aux alentours. En France, nous sommes encore très loin de tout cela.
Vous aviez fondé beaucoup d'espoirs sur le Grenelle de l'environnement. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Nous avions proposé de limiter l'exposition aux populations sur le modèle de ce qui se fait déjà par exemple en Espagne dans le quartier universitaire de Valence où l'exposition ne dépasse pas un volt/mètre, tout cela étant contrôlé par un système de mesure qui fonctionne en permanence. La secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, était, nous le pensons, bien consciente de la situation, mais au final rien n'a été fait de crédible sur ce volet. On tourne en rond et les freins tant économiques que politiques semblent avoir travaillé à plein.
Qui sont ces lanceurs d'alerte qui tentent d'informer le public sur de possibles risques sanitaires liés au développement de la téléphonie mobile et à la propagation des ondes électromagnétiques ?
Il y a en fait deux types de lanceurs d'alerte : des scientifiques qui travaillent dans des institutions et qui osent publier des conclusions allant à l'encontre de certains intérêts économiques. Ils prennent des risques professionnels très lourds, par rapport à leur hiérarchie et aux crédits de recherche mis à leur disposition. Et puis, il y a les lanceurs d'alerte qui évoluent dans un cadre associatif. C'est mon cas avec Robin des Toits. Dans ce cas, les militants associatifs considèrent un problème sanitaire donné, étudient les dossiers, font appel à des scientifiques indépendants, et non pas comme ce peut être le cas dans la téléphonie mobile à des experts qui de par leur financement ont partie liée avec les opérateurs.
Ensuite, c'est tout un travail d'information et de sensibilisation du public et du monde politique qui se met en place. Bien entendu tout cela comporte des risques, au niveau judiciaire notamment. J'ai personnellement fait l'objet de trois procès, dont deux ont été gagnés au pénal.
Dans le cas précis de la téléphonie mobile, ne peut-on pas inclure une autre forme d'alerte cette fois, à travers le rôle joué par les compagnies d'assurance ?
Oui. C'est un signal fort qu'envoient depuis plusieurs années les plus grandes compagnies d'assurance mondiales. Beaucoup d'entre elles ont décidé de ne plus assurer l'industrie du téléphone mobile (opérateurs, constructeurs, équipementiers...) pour les risques sanitaires liés à l'émission des ondes électromagnétiques.
(1) Editions du Rocher. 9,90 euros.
Huit conseils pour limiter son exposition
A la fin de son ouvrage l'auteur reproduit une petite dizaine de conseils prodigués par le Criirem (Centre de recherche indépendant sur les rayonnements électromagnétiques), pour un usage sain du téléphone portable.
1. Pas de téléphone mobile pour les moins de 15 ans
2. Ne jamais approcher un téléphone mobile en fonctionnement du ventre d'une femme enceinte
3. Ne pas porter son téléphone contre son coeur, l'aisselle, la hanche ou près des parties génitales
4. Toujours utiliser le kit piéton livré avec son téléphone
5. Limiter le nombre et la durée de vos appels
6. Ne téléphoner que dans des conditions de réception maximales
7. Ne pas téléphoner en se déplaçant
8. Ne pas téléphoner en voiture, dans un ascenseur, un wagon ou dans toute autre infrastructure métallique...
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Source : http://www.01net.com/editorial/382238/-en-allemagne-en-autriche-et-en-grande-bretagne-le-wi-fi-est-interdit-dans-les-ecoles-/
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Voir également :
- 'L'usage du téléphone portable déconseillé aux jeunes enfants' - 01net - 22/06/2005
- Et si la téléphonie mobile devenait un scandale sanitaire ? - Communiqué de Presse du 17/06/2008
- Avis scientifiques
- Lanceurs d'alerte sur le danger du portable
- Les assurances